Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Recherche - résistance livre

mardi 24 janvier 2012

Récupérer le Web, version Apple

Nous le savons, la vitalité de Apple repose entièrement sur sa maîtrise de la première dimension du document, la forme. Cette tendance s'est encore accentuée en 2011. Voici le graphique actualisé, la courbe du chiffre d'affaires est maintenant presque verticale :

Revenus-Apple-2011.png

Le chiffre d'affaires a dépassé les 100 Mds de $ (108,25) pour un bénéfice de 43,8 Mds, soit une rentabilité commerciale de 40,5% pratiquement inchangée depuis trois ans, très supérieure à celle de Google.

Plus précisément, cet envol est du à deux produits : la vente de iPad a triplé entre 2010 et 2011 (311%) et celle de iPhone presque doublé (87%). La vente de ces deux matériels représente respectivement 19% et 43% du chiffre d'affaires global de la firme en 2011, soit au total plus de la moitié de celui-ci. Par comparaison, la vente de contenu a augmenté de 28% d'une année sur l'autre et compte pour 6% dans le chiffre d'affaires, pourcentage en baisse régulière (8% en 2010 et 9% en 2009).

Source : rapport d'activité 2011

Cette réussite est en même temps une fragilité pour la firme qui ne peut compter pour maintenir une telle croissance que sur l'augmentation du parc par l'ouverture de nouveaux marchés ou sur des innovations de produit, aujourd'hui incertaines.

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre le lancement par Apple de son service iBook Autor entièrement tourné vers le manuel scolaire, où une nouvelle fois il a mis tout son savoirfaire en design en refusant toute interopérabilité. On le sait, le projet était déjà dans les cartons de Steve Jobs et n'est pas une simple application supplémentaire. Pour la firme, ce n'est pas tant le manuel scolaire en lui-même qui est intéressant que sa capacité à habituer (formater) les jeunes lecteurs à la pratique de la tablette.

Le meilleur outil de marketing du livre est l'école. Nous avons appris à lire et à écrire sur un objet extraordinaire : le codex. Cette forme nous est depuis familière, naturelle. Si demain nos enfants apprennent à lire, écrire et compter sur un nouvel objet aux fonctionnalités tout aussi décoiffantes : un iPad ou son successeur, il y a fort à parier qu'ils ne pourront plus s'en passer en grandissant. La tablette remplacera alors définitivement le codex dans la vie quotidienne des générations à venir.

Reste que ces stratégies de verrouillage du Web au profit d'une seule firme, qu'elle s'appelle Apple, Google ou Facebook, risquent de rencontrer de fortes résistances politiques et éthiques. On voit mal des Etats laisser la maîtrise des documents, essentiels dans la régulation des sociétés humaines à un oligopole de sociétés privées, quoique, si l'on fait un parallèle avec ce qui se passe du côté de la finance, on puisse s'interroger...

Actu 25 janvier 2012

Voir aussi les résultats du premier trimestre suivant, qui amplifient encore la tendance.

29 janvier 2012

aKa, « L’iPhone et l’enfant de 13 ans travaillant 16h par jour pour 0,70 dollars de l’heure », text, janvier 17, 2012.

mercredi 09 mars 2011

Les trois économies du ebook

Je ne dirai jamais assez combien je suis redevable de la veille effectuée par Jose Afonso Furtado (ici). La majorité des billets de ce blogue sur l'actualité du numérique sont sans doute issus de son repérage. Merci donc à lui ! Dans la moisson d'hier, deux articles ont attiré mon attention car ils illustrent les dilemmes de l'industrie du livre dans son passage au numérique et expliquent sa résistance (pour la résistance du livre imprimé, voir aussi ici et ). Ils seront ici le prétexte pour avancer encore d'un petit pas dans l'analyse de l'économie du e-book, sans prétendre tout régler, les commentaires sont bienvenus.

“Ebooks: durability is a feature, not a bug | Technology | guardian.co.uk,” Mars 8, 2011, ici.

Morris Rosenthal, “Is Google Books Destroying Publisher Website Visibility?,” Self Publishing 2.0, Mars 8, 2011, .

Dans le premier article, l'éditorialiste, Cory Doctorw (par ailleurs responsable du blogue Boing Boing) s'insurge contre la prétention de HarperCollins à vendre aux bibliothèques des copies de livres numériques qui s'autodétruiraient au bout de 26 consultations. Il conclut (trad JMS) : Celui qui croit que cela pourrait arriver n'a jamais passé un peu de temps avec un bibliothécaire.

Dans le second billet, un petit éditeur numérique constate que son site devient invisible dans les recherches par Google, au profit principalement de Google-Books qui détient une copie de ses livres.

Pour bien interpréter toutes ces interrogations et hésitations dont nous n'avons ici que deux anecdotes parmi beaucoup, beaucoup d'autres, il faut revenir à la théorie du document (ici) que j'ai traduit en termes économiques pour l'exemple du livre dans le tableau ci-dessous :

Les_3_economies_du_livre.png

Un livre, quelque soit son format, a comme tout document trois dimensions indissociables, présentées sur le tableau en trois lignes. Et à chacune de ses dimensions est associée une économie qui privilégie un élément de valeur concurremment aux deux autres. Mais, il faut toujours avoir en mémoire que privilégier une dimension n'efface pas les deux autres qu'il faudra impérativement prendre en compte.

Si l'on raisonne par rapport à l'objet, la forme première ligne du tableau, alors nous sommes devant une marchandise ordinaire, même si elle a des caractéristiques originales, et une économie classique de vente de biens rivaux. L'édition s'est construite sur cette dimension. Elle a résolu le problème des deux autres dimensions d'une part par le droit de propriété intellectuelle (réduisant la non-rivalité de la deuxième dimension) et la saisonnalité des publications (pour gérer le temps de la troisième).

Maintenant si l'on raisonne par rapport au texte, nous sommes devant un bien non-rival. Seule une économie publique, collective peut se construire. Ce fut, et c'est encore, le domaine des bibliothèques qui mutualisent l'accès aux textes. Cette économie a réduit les difficultés liées aux deux autres dimensions par d'une part la réunion d'exemplaire (ici des prototypes) en un seul lieu et d'autre part les prêts ou consultations limitées dans le temps pour permettre le partage pour une collectivité donnée et limitée.

Concernant la troisième dimension, celle de la lecture, nous retombons dans une économie de biens (ou plutôt de services) rivaux, puisque l'attention du lecteur est limitée. Le livre imprimé gérant un temps long, n'était que peu concernée sinon du fait de la concurrence des autres médias sur le temps de loisir et donc de l'érosion lente de la lecture de livre. L'économie de l'attention a été exploitée à partir de la mise en place des médias modernes, presse d'abord, puis radio-télévision qui ont géré l'espace temps de «lecture» pour pouvoir le vendre à des annonceurs. Les choses ont changé sur le web qui est fondé sur une économie de l'attention à partir de l'activité de lecture elle-même (voir ici) et autorise aussi la diffusion de livres.

Beaucoup considèrent que le ebook, comme d'ailleurs l'ensemble des médias numériques, privilégierait la seconde dimension. Mais cette position suppose alors une économie publique ou au moins collective peu vraisemblable à l'échelle du web, sauf à refermer des écosystèmes sur des collectivités particulières capables de l'entretenir.

Les deux anecdotes citées en introduction illustrent les tâtonnements pour trouver d'autres voies. HarperCollins tente de décliner la première dimension sur les bibliothèques, ce qui est clairement absurde. La seule voie réaliste pour l'articulation entre l'édition numérique et les bibliothèques parait celle de la license sans restriction d'accès qui préserve le caractère de bien commun du livre à l'intérieur de la communauté desservie sans épuiser le marché pour l'éditeur à l'extérieur. Quant au positionnement des éditeurs par rapport à Google, il faut comprendre que ce dernier tend progressivement à accaparer l'économie de l'attention à son seul profit (ici). Google est un média qui devra bien un jour rémunérer les producteurs.. mais le plus tard et le moins possible.

lundi 06 décembre 2010

De la transparence.. et des documents

Quelques remarques rapides pour accompagner le feuilleton WikiLeaks, à partir des préoccupations de ce blogue sur l'économie des documents.

P. Starr dans son livre The Creation of The Media rappelle la naissance de la notion d'objectivité dans la presse. Il cite Walter Lippman qui un des premiers en 1920 dans Liberty and The News l'a mise en avant. Extrait (trad JMS) :

Lippmann exhortait les journalistes à être plus « objectifs », un mot qui venait d'apparaître pour décrire le journalisme. Les critiques aujourd'hui dénoncent l'objectivité comme une idéologie professionnelle, mais il est important de comprendre les pratiques professionnelles que Lippmann voulait faire adopter aux journalistes. Il voulait que les journalistes s'inspirent de la science en développant un « sens de la preuve » et en reconnaissant franchement les limites de l'information disponible : il les exhortait de démonter les idées reçues et les abstractions et de refuser de laisser de côté des nouvelles ou de mettre la morale ou n'importe quelle autre cause avant la véracité. Ce que Lippmann demandait avant tout aux journalistes était la responsabilité (accountability). (..) Mais les journalistes ne pouvait pas faire tout seuls le travail indispensable ; ils avaient besoin d'experts pour organiser l'information à leur place et Lippmann suggérait la création de «observatoires politiques » - des instituts de recherche à la fois en dedans et en dehors du gouvernement - pour fournir les preuves systématiques qui pourraient servir, par exemple, pour évaluer les performances des agences gouvernementales. p.396-397

On retrouve bien des dimensions de ces fondations du journalisme moderne dans l'affaire Wikileaks, y compris dans l'évolution de la personnalité de son responsable. Mais ce que montre surtout Wikileaks est un déplacement de la notion de preuve vers l'évidence (au sens français et non anglais). On croit ce qui est publié non pas à cause d'une démonstration, mais parce que la méthode de publication des documents semble en garantir la véracité, à la fois parce qu'ils proviennent de témoins directs et qu'ils sont potentiellement visibles par tout le monde et donc vérifiables par tout un chacun. Cette évolution de l'« objectivité » vers la « transparence », avec les mêmes limites théoriques et la même efficacité pratique de l'une et l'autre utopie, est parfaitement en cohérence avec l'architecture anarchique et l'économie décalée du web et ses conséquences sur la transformation des médias. Les mêmes forces sont à l'œuvre dans la transformation de la science en e-science ou encore dans les débats sur la vie privée autour des réseaux sociaux.

Sans doute, ce succès est à mettre en résonance avec l'évolution même de nos sociétés dites post-modernes et leur rapport avec la vérité (sur ce point, voir Roger (ici et) : La seconde modernisation introduirait un effet de retour sur cette prétention à la maîtrise qui caractérisait la première car les conséquences ne peuvent plus être repoussées au-delà de nos générations. La prétention à la totalisation du savoir et au triomphe des autorités scientifiques seraient battues en brèche : la seconde modernisation introduit l'exigence d'une réflexivité, d'un savoir qui se déclare lui-même et qui se contrôle en connaissant ses limites et ses conditions de production. p.161

Néanmoins dans l'histoire de WikiLeaks la théorie du document permet de voir les limites de cette nouvelle idéologie. Même si les documents sont pour une part en accès libre, leur décryptage, c'est à dire leur accessibilité intellectuelle (lu), passe par cinq des journaux les plus prestigieux des États-Unis et d'Europe (ici). Et ainsi les données brutes, triées, mises en contexte et publiées par les journaux prennent le statut d'information journalistique avec toute la confiance attachée à ce statut (su). C'est la responsabilité journalistique (accountability), telle que définie dans les années vingt du siècle dernier qui l'a emporté.

L'erreur du raisonnement serait de croire que l'on transforme un ordre documentaire à partir d'une simple mise en accès (vu). L'abandon de la mise en ligne sans tri préalable des données brutes qui était pourtant le dogme initial du site () souligne a fortiori la prégnance d'un ordre documentaire pour la diffusion de documents d'archives d'institution.

Le passage de l'objectivité à la transparence modifie aussi les responsabilités d'une autre profession qui doit s'adapter très vite à la nouvelle donne du web. Il n'y a pas eu, en effet, d'enquête journalistique dans cette affaire, simplement la consultation par des journalistes de documents qui leur ont été proposés spontanément. On peut parier qu'à l'avenir la fonction archivistique, avec ses différents attributs va s'en trouver considérablement renforcée, pour le meilleur et pour le pire.

Je rappelle que, selon le manuel, les archivistes québécois évaluent, sélectionnent, acquièrent, conservent et mettent à disposition des documents d’archives, assurant leur intégrité intellectuelle et une conservation physique responsable, pour le bénéfice des utilisateurs actuels et celui des générations futures" (Association of Canadian Archivists 1999, notre trad.) comme leurs collègues ailleurs au Canada. Toutefois, à la différence de ces derniers, les québécois entendent aussi exercer des responsabilités sur « la gestion des documents qui consiste à assurer le contrôle systématique des documents pendant leur cycle de vie. »

Paradoxalement, il semble que dans cette histoire c'est bien l'ordre documentaire traditionnel, journalistique et archivistique, qui sortira renforcé, mais l'un et l'autre devront s'adapter à une nouvelle architecture de l'accès à l'information.

Actu un peu plus tard

Parmi les très nombreux billets sur WikiLeaks, deux proches de mes préoccupations Christian Fauré et Martin Lessard.

Actu du 15 déc 2010

Sur les chgts du journalismes, voir :

David Carr, “WikiLeaks Taps Power Of the Press — The Media Equation,” The New York Times, Décembre 12, 2010, rub. Business Day / Media & Advertising, ici.

Actu du 3 mars 2011

Pile sur le sujet, un papier de Y Benkler qui commence par une citation de T Roosevelt sur le journalisme à scandale et analyse en détail l'affaire Wikileaks, montrant à la fois les tentatives d'attaque contre le service et son responsable et ses capacités de résistance et constatant qu'il s'agit d'une évolution des formes du 4e pouvoir.

A FREE IRRESPONSIBLE PRESS: WIKILEAKS AND THE BATTLE OVER THE SOUL OF THE NETWORKED FOURTH ESTATE ici

jeudi 25 mars 2010

Hachette Livre en résistance

À l'occasion du Salon du livre de Paris, le Pdg d'Hachette livre a donné un intéressant entretien au journal Les Échos.

“«Le livre est en train de prendre sa revanche» - Entretien avec Arnaud Nourry”, Les Échos, Mars 22, 2010, ici.

L'ensemble est à lire. Extraits :

Les gens ont moins d'argent pour les livres les plus chers et il y a probablement une certaine désaffection des consommateurs pour les livres exigeants. Ce qui explique la diminution régulière du nombre de gros lecteurs. A l'inverse, on observe une extension du lectorat des livres les plus commerciaux. Et cette tendance à la « best-sellerisation » est un phénomène mondial. (..)

En dehors du livre dans les pays émergents riches comme le Brésil ou l'Inde, l'édition est partout un marché mature avec une croissance bon an mal an égale à l'inflation. Je ne crois pas que la consolidation soit terminée car la transformation numérique nous met en face d'acteurs nouveaux, tels qu'Amazon, Apple et Google, qui disposent d'une puissance de feu totalement hors de proportion avec celle des éditeurs. (..)

Apple vient de redonner des marges de manoeuvre aux éditeurs américains face à Amazon… Lorsque, en janvier, Apple est sorti du bois avec son iPad, nous nous sommes dit qu'il y avait une véritable fenêtre de tir pour rééquilibrer le rapport de force avec Amazon sur cette question du livre numérique. (..)

Apple apparaît aujourd'hui comme le chevalier blanc de l'édition américaine. D'autant que, malgré sa grande puissance, il n'a jamais cherché à intégrer l'amont, c'est-à-dire la création. (..)

Mais, aujourd'hui, le géant du Net (Google JMS), dont on dit qu'il veut lancer sa propre tablette à la rentrée, me semble être dans une impasse : les éditeurs se sont dressés sur sa route et il ne peut rien faire de ce fonds formidable au moment précis où le marché décolle. Le risque pour Google, c'est d'être assis sur un trésor impossible à exploiter. Face aux Google ou Amazon, le livre est en train de prendre sa revanche… (..)

Pour le livre, le numérique est une opportunité. Car, contrairement à la presse, par exemple, nous proposons des contenus exclusifs qui ne sont pas menacés par une offre gratuite. D'ici cinq à sept ans, le numérique pourrait donc peser de 10 à 15 % du marché. Et ce marché sera sans doute réparti dans chacun des principaux pays entre cinq ou six acteurs comme Apple, Google, Amazon et des distributeurs nationaux.

Je ne suis pas sûr qu'il n'y ait encore quelques naïvetés chez ce représentant du deuxième groupe mondial de l'édition. La force de frappe des trois compères du numérique est sans commune mesure avec celle des éditeurs et des retournements d'alliance sont possibles. Face à une telle concentration, la marge de manœuvre est étroite.

Repéré grâce à F Bon

Actu du 26 mars 2010

Voir aussi le point de vue du Pdg de Penguin Books dans le même journal quelques jours plus tard ici.

Actu du 29 mars 2010

Pour poursuivre la réflexion sur les modèles économiques qui s'esquissent, voir H. Guillaud (ici) et Cl. Laberge ()

dimanche 06 décembre 2009

Livre et spectacle.. même combat pour l'attention

Deux discussions, actuelles et récurrentes, sur les blogues et ailleurs sont utiles à croiser pour mieux comprendre l'émergence du Web-média, sa perturbation des anciens modèles et, en même temps, leur résistance.

La première, qui rebondit encore une fois ces derniers jours, est autour de la définition du livre. Pour certains, il serait devenu flux, tandis que d'autres, dont je suis, considèrent que, même si d'autres formes s'inventent, si celle traditionnelle du livre se décline sur le numérique, elle garde encore toute sa valeur et perdure. On suivra ces débats à partir de La Feuille qui sert de portail et d'aiguillage (ici, et ) et j'ai déjà longuement il y a longtemps exprimé ma position sur ce blogue (ici et entre autres).

La seconde discussion, plus récente, a émergé à partir de l'utilisation de Twitter pendant les conférences. Pour les uns, c'est un formidable moyen d'élargir l'audience, de construire un compte-rendu collectif, ou même de démarrer une discussion dans l'auditoire. Pour d'autres, c'est une perturbation de l'exercice de la conférence par une distorsion, perverse car non assumée ni maîtrisable, du processus de communication instauré : un orateur vers un auditoire par un son et un regard direct.

Joe McCarthy a écrit un billet qui résume bien le débat actuel : The Dark Side of Digital Backchannels in Shared Physical Spaces (ici). J'ai retenu tout particulièrement cette réflexion éclairante qu'il fait au sujet de la perturbation de la conférence de Danah Boyd, un des déclencheurs du débat (trad JMS) :

Les deux meilleures leçons, et les plus ironiques, que je tire de sa conférence (qui était écrite avant d'être prononcée) ont été données à la toute fin :

  • La publicité est fondée sur la capture de l'attention, généralement en interrompant le message diffusé ou en étant insérée dans le contenu lui-même.
  • Vous tous donnez le ton de l'avenir de l'information. Gardez tout cela excitant, et ayez conscience du pouvoir dont vous disposez !

Je n'étais pas à la conférence, mais après l'avoir visionnée, lu nombre de compte-rendus dans des billets de blogues et des commentaires, je dirais que quelques uns des participants avaient clairement conscience de leur pouvoir et donnait le ton en se servant d'un canal détourné pour insérer du contenu et, par là même, interrompre le message. Et ils faisaient par là même de la publicité pour eux-mêmes, donnant un exemple de publicité négative.

J'ai eu déjà l'occasion d'indiquer combien l'ouverture de la Wi-fi dans les amphis était contradictoire avec leur dispositif même (). La question posée au livre et à la salle de spectacle par le réseau est analogue. L'un et l'autre sont des dispositifs de captation d'attention. Leur superposer un autre mode de communication, sans précaution ni réfléchir, revient à les transformer radicalement. Pourquoi pas ? Mais encore faut-il admettre qu'il s'agit alors d'autre chose. Il est bon d'expérimenter, il est bon d'inventer d'autres formes. Mais il n'y a aucune raison pour autant de jeter des formes anciennes efficaces sous prétexte d'une modernité mal assumée.

- page 1 de 3