Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)
Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique
2023-02-23T18:35:44-05:00
Jean-Michel Salaün
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Dotclear
Information Architecture and French Document Theory
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2013-06-04T05:23:00-04:00
2013-06-04T05:33:32-04:00
Jean-Michel Salaun
Sémio
6. CONCLUSION - ARCHITECTES ET ARCHITHEQUES
<p><img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/metro.png" alt="Métro - Master in Architettura dell’informazione (Perugia)" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Métro - Master in Architettura dell’informazione (Perugia), juin 2013" />
This image is the logo of a new Italian <a href="https://www.unistrapg.it/didattica/master/architettura-informazione">master </a> in information architecture. It's a representation of information architecture in a pervasive information environment: the subway, where stations are information units and lines the possible paths and the construction of meaning.</p>
<p>Andrea Resmini and Luca Rosati published in 2011 a book on <a href="http://pervasiveia.com/">Pervasive Information Architecture </a>. A <a href="http://pervasiveia.com/book/manifesto">Manifesto</a> was published at the same time. Here are its subtitles:</p>
<p>1. Information architectures become ecosystems</p>
<p>2. Users become intermediaries</p>
<p>3. Static becomes dynamic</p>
<p>4. Dynamic becomes hybrid</p>
<p>5. Horizontal prevails over vertical</p>
<p>6. Product design becomes experience design</p>
<p>7. Experiences become cross-media experiences</p>
<p>I took these two references to highlight the relationship between the proposals of the authors and the discussions held in the Pédauque group on the evolution of the notion of document (see <a href="http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/06/22/28/PDF/sic_00000594.pdf">here</a> or <a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2012/01/23/A-documentary-approach-of-the-Web">there</a>). Just replace "information architecture" by "document" or better by "neodocument" in the Manifesto, or, conversely, replace "document" by "IA" in Pédauque's texts, and you'll see the similarities. More, the concepts of "UX"and "reading/writing contract" are interchangeable and the subway map is a visualization of this contract, as are codex and typographic rules for the book. So there are possible strong cross-fertilizations between the two movements.</p>
Architecture de l'information omniprésente et Théorie du document
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2013-06-03T11:44:00-04:00
2013-06-04T05:35:47-04:00
Jean-Michel Salaun
Sémio
6. CONCLUSION - ARCHITECTES ET ARCHITHEQUES
<p><img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/metro.png" alt="Métro - Master in Architettura dell’informazione (Perugia)" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Métro - Master in Architettura dell’informazione (Perugia), juin 2013" />
Andrea Resmini et Luca Rosati ont publié en 2011 un livre sur l'architecture de l'information omniprésente (<a href="http://pervasiveia.com/">''Pervasive Information Architecture''</a>). J'ai reproduit ci-dessous, avec leur accord, la traduction du Manifeste qui accompagne le livre. Le Manifeste ne résume pas le propos du livre qui présente une méthode pour développer cette architecture, mais il le positionne dans l'évolution du numérique ubiquitaire. L'image ci-contre est le logo du <a href="https://www.unistrapg.it/didattica/master/architettura-informazione">master</a> en architecture de l'information que Luca Rosati vient d'ouvrir à Pérouse (Italie). Il s'agit d'une représentation en architecture de l'information de la navigation informationnelle : celle du métro (à ne pas confondre avec l'interface de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Windows_8">Windows 8</a>) où les stations représentent les unités documentaires et les lignes les parcours possibles ou encore la construction du sens.</p>
<p>J'ai repris ces éléments pour souligner la forte parenté entre les propositions des deux auteurs et les réflexions menées dans le groupe Pédauque sur l'évolution du document (voir <a href="http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00001741">ici</a> ou <a href="http://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-sciences-humaines-et-sociales-et-patrimoine-numerique/pourquoi-le-document-importe.html">là</a>). Il suffit de remplacer "architecture de l'information" par "document" ou mieux par "néodocument" dans le manifeste pour retrouver des formulations quasi-identiques. Dès lors, on peut pousser le parallèle et montrer que les notions "d'expérience-utilisateur" et de "contrat de lecture/écriture" sont interchangeables ou encore que la carte du métro est une visualisation de ce contrat, tout comme le sont le codex et les règles typographiques pour le livre. Ainsi, Il y a de fortes fertilisations croisées à attendre entre les deux mouvements.</p>
<h2>Pour une architecture de l'information omniprésente - Manifeste</h2>
<p>concevoir une expérience utilisateur transcanal - Andrea Resmini et Luca Rosatti
<a href="http://pervasiveia.com/book/manifesto">Version originale</a></p>
<p>"Le cyberespace n'est pas un lieu où l'on va, mais plutôt une surface étroitement intégrée au monde qui nous entoure" Institute For The Future</p>
<h3>1. Les architectures d'information deviennent des écosystèmes</h3>
<p>Lorsque différents médias et différents contextes sont étroitement liés, aucun artéfact ne peut plus se présenter comme une entité isolée. Chaque artefact devient l'élément d'un système plus large. Tous ces artéfacts ont des liens et des relations multiples entre eux et doivent être conçus dans le cadre d'un unique et homogène processus d'expérience-utilisateur.</p>
<h3>2. Les utilisateurs deviennent des intermédiaires</h3>
<p>Les utilisateurs contribuent maintenant en participant à ces écosystèmes et produisent du contenu ou re-médiatisent du contenu par des mash-ups, des commentaires ou des critiques. La distinction traditionnelle entre auteurs et lecteurs, ou producteurs et consommateurs, se réduit au point d'être inutile et vide de sens.
Tout cela construit de nouvelles relations et de nouvelles significations au travers des mash-ups, des agrégateurs et des réseaux sociaux, et tous les agents contribuent au contenu par le <em>crowdsourcing</em> sur le web, via les wikis, les blogs et les autres outils participatifs et sur les terminaux mobiles.</p>
<h3>3. Le statique devient dynamique</h3>
<p>D'un coté, ces architectures agrègent et mélangent du contenu qui peut physiquement être hébergé ailleurs et avoir été réalisé pour des motifs complètement différents. D'un autre coté, le rôle actif des intermédiaires les rend perpétuellement inachevé, en changement continu, toujours ouvert à de futurs ajustements et manipulations.</p>
<h3>4. Le dynamique devient hybride</h3>
<p>Ces nouvelles architectures comprennent différents supports (physique, numérique et hybrides), différentes entités (données, objets et personnes) et différents médias. Tout comme les frontières entre producteurs et consommateurs s'effacent, celles entre les médias et les genres s'amenuisent. Toutes les expériences sont des ponts trans-canaux reliant les différents environnements.</p>
<h3>5. L'horizontal l'emporte sur le vertical</h3>
<p>Dans ces architectures nouvelles, la corrélation entre les éléments devient la caractéristique principale, au détriment des hiérarchies descendantes traditionnelles. Dans les architectures ouvertes et en constantes évolution, les modèles hiérarchiques sont difficiles à maintenir et à conforter, car les intermédiaires favorisent la spontanéité, les structures de sens éphémères ou temporaire, et le changement constant.</p>
<h3>6. Le design de produit devient le design d'expérience</h3>
<p>Quand chaque artefact, qu'il soit du contenu, un produit ou un service, n'est qu'un élément d'un système plus large, on ne se focalise plus sur la conception des produits individuels mais sur celles des expériences couvrant le processus. Les achats quotidiens ne concernent pas que les magasins, mais plutôt une expérience continue qui pourrait commencer sur un média traditionnel comme une télévision commerciale ou une publicité dans un journal, continuer sur le web avec la consultation de commentaires ou le repérage du magasin le plus proche et pratique, se conclure par un achat dans la boutique et finalement revenir au web pour l'assistance, les mises à jour, la personnalisation, l'échange avec d'autres personnes ou terminaux.</p>
<h3>7. Les expériences deviennent transmédias</h3>
<p>Les expériences relient les multiples médias et les environnements connectés dans des écologies de l'omniprésence. Un processus unique et unifiant où tous les éléments contribuent à une expérience finale et homogène.</p>
MOOCs et ruptures documentaires
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2013-05-28T06:01:00-04:00
2013-05-28T12:05:40-04:00
Jean-Michel Salaun
Éco
<p>Quelques réflexions rapides pour ne pas oublier les MOOCs dans la problématique de ce blogue. Je ne reviens pas sur les éléments de cette histoire récente. Parmi d'autres, on trouvera chez <a href="http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2013/05/de-qui-se-moocs-ton.html">Olivier Ertzscheid</a> une bonne synthèse sur la question.</p>
<p>Mais peut-on leur appliquer une analyse "document" ? Sans épuiser le sujet, voici quelques suggestions sur les ruptures documentaires crées par le phénomène. Rappelons (voir la première partie de ce <a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2012/10/31/Un-COurs-Ouvert-Pour-Tous-%28COOPT%29-en-ligne">billet</a>) d'abord que :</p>
<ul>
<li>Le document fondateur dans l'université est le cours présenté en classe, construit sur une économie directe de l'attention.</li>
<li>L'éditeur a cristallisé et externalisé ce document académique premier dans le manuel.</li>
</ul>
<p>Ce système documentaire très ancien n'était plus adapté à l'évolution des sociétés et au partage du savoir qui caractérise le 21è siècle. Après bien des tâtonnements numériques dans l'université, les MOOCs ont ouvert une brèche dans le système, sans doute au profit de <em>pure players</em> du web en déplaçant le marché de l'attention. Il n'est plus, en effet, direct, mais multiface et utilise le calcul et l'algorithmie. Sur ces deux points, les acteurs traditionnels sont faibles et incompétents.</p>
<p>Concrètement, le nouveau système s'appuie sur des plateformes agrégatives et une puissance de calcul. Dès lors :</p>
<ul>
<li>Le "massif et ouvert" casse le lien direct entre les producteurs de contenus (professeurs et éditeurs) et les apprenants. Il casse aussi le lien formel de la communauté universitaire : l'inscription de l'étudiant avec ses droits et devoirs associés, qui fonde l'économie générale de l'université en l'organisant en une sorte de phalanstère.</li>
<li>Le jeu de lego avec des briques de petite unités documentaires cassent le temps long du cours et l'unité du manuel.</li>
<li>Le partage et les interactions entre pairs valorisent le travail direct des internautes et l'accessibilité des unités documentaires, court-circuitant l'autorité éditoriale.</li>
<li>Les traces reconstruisent une économie de l'attention potentielle fondée sur le profilage indirect et non plus direct comme dans le rapport professeur-élève. On n'attend plus que le couplage de la plateforme au ecommerce et à la publicité.</li>
</ul>
<p>Tout ces éléments appartiennent à l'économie du web et non à l'économie traditionnelle de la formation ou à celle de l'édition, il s'agit de redocumentarisation ou encore de l'émergence d'un système néodocumentaire appliquée à l'université. On peut penser que si le succès du phénomène se confirme, on assistera prochainement soit à la domination d'un acteur, soit à la surenchère pour le rachat des mieux placés entre les membres de l'oligopole installé. Et il n'est pas surprenant que les universités américaines en pointe sur le sujet soient celles-là même dont sont sortis les entrepreneurs du web et qui sont encore étroitement associées à leurs succès financiers. Pour celles-là les MOOCs sont aussi une opération de marketing permettant d'attirer les meilleurs étudiants à l'échelle de la planète entière, tout comme les plateformes du web se rient des frontières.</p>
<p>Reste une troisième voie, celle dite des biens communs documentaires. Aujourd'hui, le partage est l'argument principal des institutions académiques pour promouvoir les MOOCs. Il faut être lucide et se <a href="http://cfeditions.com/Turner/ressources/Turner_Specimen.pdf">rappeler d'abord</a> que le même type d'idéologie généreuse, contestant l'ordre documentaire ancien fondé sur la propriété intellectuelle, a fait le lit de l'oligopole actuel du web. Néanmoins, l'université est fondée sur une mission humaniste de transmission et de partage du savoir. Par ailleurs, défendre le bien commun peut être aussi prendre la mesure de la compétition internationale en cours et valoriser les systèmes néodocumentaires nationaux.</p>
<p>Le défi alors est d'inventer des systèmes néodocumentaires, s'appuyant sur l'efficacité des outils numériques sans nécessairement rejeter tous ceux des oligopoles du web, ni s'y faire enfermer. A suivre.</p>
Bref bilan du cours ouvert Ecodoc
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2013-05-16T05:10:00-04:00
2013-05-24T09:19:53-04:00
Jean-Michel Salaun
Cours
<p>Le cours ouvert en ligne sur l'économie du document s'est achevé fin avril. Le cours n'en est pas à sa première version. Il a précédemment été proposé en format ouvert trois fois sur le web depuis 2008. La dernière version a bénéficié des expériences précédentes, mais elle a compris aussi de nombreuses innovations. En voici un bref bilan subjectif du côté enseignant.</p>
<p>Pour éviter une trop grande dispersion, je n'ai pas mis de lien à l'intérieur du texte. Mais il est facile d'illustrer les propos par une navigation sur le <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/">site</a> du cours.</p>
<h4>Audience</h4>
<p>Le cours était offert, cette fois, sur deux programmes comme cours optionnel, le master en architecture de l'information de l'ENS de Lyon (2 étudiantes) et la maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI de l'Université de Montréal (27 étudiant(e)s) et il était librement accessible sur le web par l'intermédiaire d'un <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/">blogue</a> sur Hypothèses.org. Les statistiques de consultation ne sont pas très détaillées. Mais voici néanmoins quelques leçons que l'on peut en tirer.</p>
<p><img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/Visites-ecodoc.png" alt="Visites-ecodoc.png" title="Visites-ecodoc.png, mai 2013" /></p>
<p><img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/Pages-ecodoc-2012-13.png" alt="Pages-ecodoc-2012-13.png" title="Pages-ecodoc-2012-13.png, mai 2013" /></p>
<p>En terme de pages vues, la présence écrasante de la France (60%) mérite d'être notée. Même s'il existe un biais dû aux concepteurs intervenant depuis l'Hexagone, la quasi-totalité des étudiants inscrits étaient canadiens et on aurait pu s'attendre à une première place du Canada. La place des US et surtout du Bénin est aussi notable. Il semble que dans ces deux pays, le cours ait été suivi assidûment par un ou plusieurs internautes. Ainsi, l'audience du cours a très largement dépassé les étudiants inscrits, sans atteindre les chiffres astronomiques que l'on trouve souvent dans les articles sur les MOOCS.</p>
<p>Néanmoins au delà de l'audience, la participation active est restée confinée au noyau des inscrits, alors même que tous les outils étaient ouverts. Dès lors, il est difficile d'analyser l'activité de l'audience externe. Difficile de mesurer combien d'extérieurs ont suivi régulièrement le cours, on peut penser, par exemple, que plusieurs profs d'autres institutions ont conseillé à leurs étudiants telle ou telle ressource ponctuelle.</p>
<h4>Architecture</h4>
<p>Le cours a articulé plusieurs sites ou plateforme :</p>
<ul>
<li>Moodle, la plateforme de cours de l'Université de Montréal, a été réservée aux informations de gestion en direction des étudiants inscrits.</li>
<li>Le blogue de la plateforme Hypothèses.org a servi de porte d'entrée à l'ensemble du contenu du cours.</li>
<li>Mon blogue personnel a accueilli des billets des étudiants.</li>
<li>Divers outils externes ont été utilisés : Twitter avec #ecodoc pour des références sur l'actualité, pad ou Gdoc pour des écritures collectives et des dépôts de devoir, Crocodoc pour des annotations collectives (préféré à Co-ment pour la mise en page du texte, mais pb l'embouteillage des annotations), Hang-out pour un webinaire, Zotero pour la bibliographie sans parler des sources externes diverses embarquées dans le blogue.</li>
<li>Enfin un outil de capitalisation individuelle du cours était proposé aux étudiants. J'aurai l'occasion d'y revenir plus tard.</li>
</ul>
<p>Le cours a été rythmé par des séquences hebdomadaires pour lesquelles l'objectif était chaque fois précisé qui comprenait une contribution active et partagée de l'étudiant.</p>
<p>Chaque élément pourrait faire l'objet de longs développements que je n'ai malheureusement pas le temps de détailler. Globalement l'ensemble a bien fonctionné sans dispersion des étudiants grâce à la colonne vertébrale constituée par le blogue Hypothèses.</p>
<h4>Contenu</h4>
<p>Le contenu du cours est constitué à partir de trois ressources différentes :</p>
<ul>
<li>Les apports du professeur (textes, diaporamas sonorisés, conférences enregistrées, tweets). Remarques : la variété des supports (écrit, image, son, audiovisuel) est importante pour maintenir l'attention et limiter la fatigue cognitive ; l'apport du professeur construit la cohérence de l'ensemble et en constitue le fil rouge.</li>
<li>Les apports d'experts (articles, interviewes, conférences, webinaire) récupérés sur le web ou suscités pour l'occasion. Remarques : il y a l'embarras du choix sur le web, il s'agit juste de choisir le plus pertinent au bon format sur les sujets traités ; par les webinaires, il est même possible d'avoir des invités en direct.</li>
<li>Les apports des étudiants (annotations, billets, textes et analyses rédigés collectivement, tweets). Remarque l'apport des étudiants constitue une ressource en soi, très importante, directement par les remarques, synthèses, analyses, références, controverses, réponses aux questionnements des pairs ou en creux quand elle incite à une explication plus claire et détaillée ou pointe un manque.</li>
</ul>
<p>J'ajoute que l'intervention des étudiants sur les ressources du professeur ou le bilan des séquences constitue pour un cours en ligne un vrai apport éditorial suggérant corrections, ajouts, réorientation pour leurs améliorations ponctuelles ou globale d'une année sur l'autre.</p>
<h4>Participation</h4>
<p>La participation des étudiants inscrits a été massive, aussi bien dans les annotations sur les documents du cours que sur les commentaires des billets (plus de 150 commentaires !) ou encore sur les textes rédigés collectivement (analyse de diaporama, préparation et bilan de parties du cours. Cette participation a été systématiquement construite par le professeur. Il semble que très vite les étudiants ont compris tout l'intérêt, en terme d'intelligence collective, de la publication de leurs remarques. Le professeur répondait en une fois à la fin de la séquence aux questions qui restaient encore ouvertes après le dialogue entre les étudiants.</p>
<p>La participation comptait globalement pour 1/4 de la note, répartie entre les différentes formes. Une grande différence avec le présentiel est que le traçage des apports des étudiants permet une réelle évaluation sans subjectivité.</p>
<h4>Travail en base arrière</h4>
<p>L'ensemble du travail a été réalisé par une toute petite équipe. Pierre Bénech (ingénieur pédagogique) et moi-même côté ENS, ainsi que Martin Bélanger, coté EBSI, pour le montage technique des examens et un peu de montage son sur les diaporamas.</p>
<p>L'ensemble a demandé du travail, mais pas beaucoup plus que pour le montage d'un cours traditionnel, grâce, d'une part, à l'utilisation systématique d'outils accessibles sur le web et, d'autre part, un rythme rigoureux et balisé, notamment pour les réponses à la participation des étudiants, concentrées sur une demi-journée.</p>
<h4>Evolution</h4>
<p>Le cours sera proposé à nouveau cet automne dans une version élargie, comprenant de nombreuses innovations, aussi bien pour les partenaires, pour le contenu que pour l'audience avec quelques surprises à venir du côté des outils. Mon sentiment général est qu'un palier a été atteint autorisant maintenant un développement plus large sans pour autant nécessiter un investissement démesuré.</p>
Le Net est-il véritablement « neutre » ?
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2013-03-09T04:54:00-05:00
2023-02-22T16:50:59-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Rafael Rangel BRAGA et David SAINT-GERMAIN dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank"> Économie du document</a>.</p>
Le principe de neutralité du Net préconise l’égalité de traitement à
tout trafic de données sur le réseau. C’est le principe du “End-to-End”
dans lequel l’information transite du serveur jusqu’au terminal de
l’usager sans interférence. <div align="center"><img src="http://optiinfo.files.wordpress.com/2012/11/quality-web-traffic2.png" height="187" width="250" />
</div>
<p align="center"><em>(Source : <a href="http://optiinfo.files.wordpress.com/2012/11/quality-web-traffic2.png" target="_blank">http ://optiinfo.files.wordpress.com/2012/11/quality-web-traffic2.png</a>)</em></p>
C’est le principe du “End-to-End” dans lequel l’information transite du serveur jusqu’au terminal de l’usager sans interférence. Pour Bill D.Herman (<a href="http://law.indiana.edu/fclj/pubs/v59/no1/10-HermanFINAL.pdf" target="_blank">http ://law.indiana.edu/fclj/pubs/v59/no1/10-HermanFINAL.pdf</a>), le réseau est “stupide” puisqu’il ne filtre pas ce qui passe dans les conduites. Cette stupidité du réseau a pourtant permis une très grande créativité puisqu’il y avait la possibilité de créer des applications sans être limité par des contraintes imposées. Par exemple, tous les développements de mise en réseau ont été développés sur la base que le Net est neutre.
<p dir="ltr">Cependant, on observe la gestion discriminatoire de certains flux d’information par les organisations commerciales concurrentes, tels les fournisseurs d'accès Internet (FAI), afin de défendre leurs intérêts politiques et économiques en dépit de l’intérêt des usagers. L’inspection approfondie des paquets (IAP) est une méthode de tri employée par les FAI sur le contenu des données avant de décider comment les livrer. Par exemple, en 2007, Comcast, l’un des plus grands FAI des États-Unis, avait bloqué les applications Peer-to-Peer (P2P) sous prétexte de la gestion de la bande-passante car leurs utilisations ralentissaient l’ensemble du réseau (<a href="http://www.nbcnews.com/id/21376597/" target="_blank">http ://www.nbcnews.com/id/21376597/</a>).</p>
<p dir="ltr">La neutralité d’Internet n’est pas une question uniquement technique, car elle implique des acteurs économiques et politiques (FAI, fournisseurs de contenus et de services, gouvernements) qui jouent fortement pour défendre leurs intérêts. Le principe d’équité du traitement des données implique l’architecture de l’Internet, mais aussi des enjeux de pouvoir économique et politique touchant les droits d’accès aux contenus et l’innovation dans un marché concurrentiel.</p>
<h2 dir="ltr">Débat sur la régulation : certains à faveur... d’autres contre...</h2>
<p dir="ltr">Le vif débat à savoir si les gouvernements doivent imposer une politique de communication sur Internet attire des opposants et des défenseurs. Tim Wu <a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/09/(http://www.jthtl.org/content/articles/V3I1/JTHTLv3i1_Wu.PDF" target="_blank">(http ://www.jthtl.org/content/articles/V3I1/JTHTLv3i1_Wu.PDF</a>) critique autant les acteurs à faveur de la régulation («Openists») que les opposants («Deregulationists»). Les «Deregulationists» défendent la propriété privée sur le Web comme moyen d’atteindre son meilleur usage en argumentant que le plus grand facteur de succès de l'Internet jusqu’à maintenant était le fait que les gouvernements étaient restés à l’écart. Les «Openists», quant à eux, défendent l’infrastructure publique ouverte de l’Internet, car ils la considèrent comme différente des autres réseaux de communication telles la téléphonie et la télévision. Mais une question subsiste : devons-nous donner le contrôle au gouvernement ou à l'industrie ? Quelles seraient les véritables conséquences économiques de réglementer ou non la neutralité de l’Internet ?</p>
<p dir="ltr">Le risque sur le potentiel d’innovation de l’internet est aussi l’un des points souvent soulevés dans le débat. Comme le souligne Wu (<a href="http://campus.murraystate.edu/faculty/mark.wattier/Wu2003.pdf" target="_blank">http ://campus.murraystate.edu/faculty/mark.wattier/Wu2003.pdf</a>), certaines applications se retrouvent défavorisées par la structure actuelle du Net. Par exemple, les applications récentes sont souvent beaucoup plus sensibles aux fluctuations de la bande-passante. Il s’agit d’applications comme les VoIP (Voice over the Internet Protocol), telles que Skype, ou de visionnement (Netflix et Youtube). Ainsi, il existe une justification à gérer la bande-passante de la part des FAI. Cependant, si on peut discriminer certains flux d’informations pour de bonnes raisons (contenus présentant des dangers pour la sécurité publique, contenus immoraux ou illégaux), la méthode demeure suspecte aux yeux du public. Le Peer-to-Peer peut se retrouver ainsi bloqué ou retardé afin d’accélérer la vitesse du réseau. Discriminer des applications peut limiter le développement futur des applications en restreignant l’innovation... Pourquoi des individus développeraient des applications qui seraient systématiquement discriminées ou taxées selon le bon vouloir des fournisseurs d’accès ? L’innovation serait-elle dictée par les FAI ?</p>
<h2 dir="ltr">Et la régulation au Canada ?</h2>
<p dir="ltr">La situation du Canada permet-elle de déterminer si l'intervention des acteurs économiques et politiques pourrait favoriser une véritable neutralité du Net ? Dans son essai paru sur le site Web du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, Stephane Leman Langlois (<a href="http://iap.priv.gc.ca/index.php/essais/net-neutrality-and-deep-packet-inspection-discourse-and-practice/" target="_blank">http ://iap.priv.gc.ca/index.php/essais/net-neutrality-and-deep-packet-inspection-discourse-and-practice/</a>) commente les systèmes IAP que Procera, Nortel et Cisco ont implantés pour permettre aux FAI de contrôler les flux de données dans les heures de pointe. D’ailleurs, « L’Association canadienne des fournisseurs Internet (ACFI) a récemment intenté un recours contre Bell Canada, conjointement avec le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), pour ce type de comportement (généralement appelé “lissage de trafic”) », rapporte l’auteur. Ainsi, on accuse les fournisseurs d’accès de vouloir utiliser les systèmes IAP pour leurs intérêts commerciaux en limitant l’accès technologies de voix sur IP (pour obliger les utilisateurs à utiliser leurs services de téléphonie traditionnels) ou en favorisant l’accès à des contenus/ services où des ententes commerciales existent. De plus, on y apprend que les systèmes IAP sont utilisés par le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) et les Forces canadiennes pour la surveillance militaire et la protection des sites Web des institutions gouvernementales canadiennes. Ils peuvent retracer tout contenu ou activité jugés des menaces nationales sur le Web. Ce sont d’ailleurs ces mêmes systèmes IAP qui permettent de retracer des activités de cybercriminalité, tels la pornographie juvénile et le terrorisme. Le gouvernement doit-il alors réglementer la neutralité uniquement pour les industries commerciales en favorisant les intérêts des industries gouvernementales ? Une régulation sélective serait-elle aussi une atteinte au principe de neutralité ?</p>
<p dir="ltr">Le (CRTC) a aussi commencé à réfléchir sur le problème. La politique réglementaire 2009-657 du CRTC (<a href="http://www.crtc.gc.ca/fra/archive/2009/2009-657.htm" target="_blank">http ://www.crtc.gc.ca/fra/archive/2009/2009-657.htm</a>) dicte des principes face à l’utilisation des pratiques de gestion du trafic d’internet (PGTI), telle la transparence, l’innovation, la clarté et la neutralité sur le plan de la concurrence. Ainsi, le CRTC permet l’utilisation des PGTI lorsqu’elles sont clairement expliquées au public et qu’elles visent un besoin spécifique sans être une discrimination injuste. La politique réglementaire 2011-291 des télécoms (<a href="http://crtc.gc.ca/fra/archive/2011/2011-291.htm" target="_blank">http ://crtc.gc.ca/fra/archive/2011/2011-291.htm</a>) énumère deux aspects qui laissent entrevoir une “solution” canadienne. D’abord, le conseil réitère que les services d’accès à bande-large doivent, entre autres, reposer sur le libre jeu du marché. De plus, le Conseil préconise une vitesse cible universelle : 5 Mbps pour le téléchargement (download) et 1 Mbps pour le téléversement (upload) pour l’ensemble des Canadiens. Le Conseil reconnaît donc l’importance du libre-marché mais également d’une vitesse minimale. Les fournisseurs d’accès vont-ils moduler un accès et une tarification autour de cette contrainte ?</p>
<h2 dir="ltr">Quelles seraient les conséquences économiques de la neutralité ?</h2>
<p dir="ltr">L’article “Network Neutrality on the Internet : a two-sided market analysis” écrit par Nicholas Economides et Joachim Tag explore les conséquences économiques de la neutralité du Net. La section qui nous intéresse concerne les conséquences économiques dans le cas d’un duopole des FAI, puisque le marché canadien est dominé par de gros joueurs (Telus, Bell, Vidéotron, etc.). L’analyse est axée à savoir si le fournisseur de contenu privilégie d’obtenir des clients supplémentaires ou si c’est le client qui veut obtenir davantage de contenu. Cette interaction entre les deux variables dépend également si le marché est pleinement couvert, c’est-à-dire si les consommateurs sont pleinement sollicités par le service.</p>
<p dir="ltr">En l’absence de la neutralité, si le marché est pleinement couvert, les FAI et les consommateurs s’en tirent mieux que les fournisseurs de contenu. Les FAI pouvant obtenir un revenu de deux sources (consommateurs et fournisseurs de contenu), le tarif pour les consommateurs est susceptible de baisser afin d’aller chercher davantage de consommateurs auprès de la compétition. Sous la neutralité, si le marché est pleinement couvert, ce sont les fournisseurs de contenu et d’accès qui s’en tirent mieux. Le marché étant couvert et étant dans l’impossibilité de chercher un revenu auprès des fournisseurs de contenu, une baisse des tarifs pour accroître l’accès auprès des consommateurs n’est pas probable.</p>
<p dir="ltr">Sous la neutralité, si le marché des consommateurs n’est pas couvert, les fournisseurs de contenu obtiendront plus d’avantages que les FAI et les consommateurs, puisque les FAI devront tirer entièrement leurs revenus par la tarification auprès des consommateurs. Ces derniers auront donc un coût d’abonnement élevé, selon la compétition entre les FAI. En l’absence de neutralité, si les marchés ne sont pas couverts, le consommateur est le grand gagnant. Puisque la compétition pour obtenir des consommateurs sera plus vive entre les FAI et les fournisseurs de contenu, les tarifs seront donc plus bas. Le FAI aura deux sources de revenus (consommateurs et fournisseurs de contenu), ce qui permet une possibilité d’expansion au niveau de l’accès. Le fournisseur de contenu s’en tire le moins bien. Il reste à voir quel sera le poids des arguments économiques dans le débat...</p>
<p dir="ltr">Pour soulever la réflexion, Susan P. Crawford dans son essai (<a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/09/(http://iap.priv.gc.ca/index.php/essais/transport-and-tracking/" target="_blank">http ://iap.priv.gc.ca/index.php/essais/transport-and-tracking/</a>) nous rappelle que « les fournisseurs d’accès Internet devraient être traités pour ce qu’ils sont : de simples exploitants d’un service de consommation courante. Agir autrement sème la confusion et va à l’encontre des attentes des consommateurs ainsi que d’ententes de communication tacites plus que centenaires. »</p>
Les start-up et les bibliothèques
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2013-03-09T04:37:00-05:00
2013-03-13T04:13:54-04:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Jean-François Caron dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org" target="_blank">Économie du document</a>.</p>
<p> Avant mon entrée à l’EBSI, j’avais pris l’habitude d’effectuer une
veille de l’actualité reliée au domaine de la technologie. Plus
précisément, je m’intéressais à la scène des start-up de la Silicon
Valley. C’était ma façon de me familiariser avec celle-ci. Je voulais
comprendre l’effervescence entourant l’état actuel du développement des
technologies Web.</p> Pour les moins familiers, la fin des années 1990 a été marquée par ce qu’on appelle la « bulle internet », une période pendant laquelle la valeur des actifs des entreprises des domaines de l’informatique et des télécommunications a été entretenue artificiellement par un excès de spéculation quant à sa valeur réelle. C’est l’époque pendant laquelle émergeront Google, Yahoo! Amazon et eBay.<br /><br /><p> Aux alentours du début des années 2010, le <a href="http://techcrunch.com/2011/07/15/bubble-debate-kedrosky-wadhwa/" target="_blank"> débat</a> quant à l’existence d’une deuxième bulle internet battait son plein : le Web 2.0 était maintenant une expression courante; la technologie mobile nous permettait d’accéder du contenu et des contacts via une panoplie de services; Facebook, Twitter ainsi qu’une multitude de start-up étaient apparus dans l’espace de quelques années. Il se passait de quoi et toutes ces perturbations qui changeaient le tissu du Web m’interpellaient.</p>
<p> En tentant de comprendre la culture des start-up, je réalisais qu’une mutation se produisait sur plusieurs plans à la fois. En épousant des modèles d’affaires alternatifs, voire innovateurs, ces jeunes entreprises réussissent à révolutionner les façons de faire. Par exemple, l’application AirBnB permet à ses usagers qui cherchent un endroit à louer pour une période définie d’entrer en contact avec d’autres usagers qui sont désireux de louer leur espace. L’usage de cette application sociale a de <a href="http://gigaom.com/2012/09/23/here-comes-everybody-why-airbnb-is-so-disruptive/" target="_blank"> véritables répercussions</a> sur le marché de l’hôtellerie, particulièrement aux États-Unis.</p>
<p> Avec l’idée qu’il est possible de perturber des secteurs complets d’activités, je me suis demandé si les bibliothèques subissaient déjà de telles perturbations. Est-il possible qu’une perturbation plus profonde aille lieu ?</p>
<p> D’abord, le numérique bouleverse depuis déjà un bout de temps les bibliothèques ne serait-ce que concernant le prêt numérique. Le modèle d’affaires des bibliothèques est assurément déranger par les différents services qu’offrent Google (<a href="http://books.google.ca/books?hl=en" target="_blank">Books</a>, <a href="http://scholar.google.ca/schhp?hl=en" target="_blank">Scholar</a>, <a href="https://news.google.ca/nwshp?hl=en" target="_blank">News</a>) et Amazon (<a href="https://kindle.amazon.com/" target="_blank">Kindle</a>), notamment par l’accès de plus en plus facile à des livres et des articles tant en format papier que numérique.</p>
<p>Les articles de périodiques généralement disponibles à travers les services d’accès aux bases de données propriétaires qu’offrent les bibliothèques font également face à la popularité grandissante des dépôts numériques en <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Open_access" target="_blank"> accès libre</a>.</p>
<p>Dans les start-up, les espaces de travail ont une importance assez marqué dans la culture d’entreprise.
Récemment, l’aménagement de l’espace dans les bibliothèques est aussi l’objet d’une forme de réorganisation. D’ailleurs, on assiste actuellement, au Québec, à la construction d’espaces de collaboration ou de co-travail. <a href="http://espacestemps.ca/services/consultation/" target="_blank"> Espaces temps</a>, une entreprise sociale, qu’on pourrait qualifier de start-up, commence à se faire un nom au niveau de la conceptualisation de ce genre d’espace. Espaces temps a notamment collaboré à la mise en place de l’<a href="http://espace3c.tumblr.com/" target="_blank">Espace 3C</a> à la bibliothèque de l’École de technologie supérieure à Montréal. </p>
<p>Enfin, un <a href="http://www.theatlanticcities.com/jobs-and-economy/2013/02/why-libraries-should-be-next-great-startup-incubators/4733/" target="_blank"> article</a> a été publié dernièrement avec l’idée que les bibliothèques ont toutes les ressources nécessaires afin de jouer le rôle d’incubateur de start-up. De fait, plusieurs bibliothèques américaines ont fondé l’Alexandria Network qui se veut un réseau de bibliothèques pouvant favoriser le développement de start-up. On invoque même la démocratisation de l’entreprenariat.</p>
<p>Enfin, l’idée que j’aimerais vous laisser est celle de la perturbation non pas au sens péjoratif, mais au sens d’effervescence. Bien que les bibliothèques soient en quelque sorte victime de ces changements, il est souhaitable, selon moi, que celles-ci prennent une plus grande place sur ce plan, qu’elles deviennent de véritables vecteurs de changement. </p>
Internet : la gratuité pour l’un, c’est payant pour l’autre
urn:md5:7c452179e2b73241cfd1a96d510af5d5
2013-03-09T04:24:00-05:00
2013-03-13T04:15:48-04:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Eve Morin Desrosiers et Nadir El Alami dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Economie du document</a>. </p>
Moyennant certains coûts fixes associés à l’acquisition de matériels
et d’un accès au web fournis par un fournisseur s’ouvre la porte vers un
univers de possibilités et de découvertes. Le web est pour l’utilisateur une vaste étendue qu’il peut explorer pour glaner une information çà et là sans le moindre coût additionnel. Il offre des opportunités d’affaires et de partage infini pour l’utilisateur avisé. Toutefois, cette économie du gratuit ou <em>freeecomics </em>comme le nomme <a href="http://www.wired.com/techbiz/it/magazine/16-03/ff_free ?currentPage=all" target="_blank"> Chris Anderson</a> profite grandement aux entreprises, qui, à coups de milliards de profits, dictent leurs règles d’utilisation du web.
<h2>Gratuité : source de partage et d’échange pour les utilisateurs</h2>
<p>Qui n’a pas rédigé un blogue ? Qui n’a pas collaboré à un forum d’entraide ? Dans cet univers gratuit du web, deux logiques s’opposent, respectant un principe simple d’économie basé sur l’offre et la demande. L’utilisateur produit du contenu et consomme du contenu gratuit. En fait, le web est né de cet esprit de collaboration et d’échange. Les activités liées au commerce ne sont qu’une partie de ce qui est produit et offert sur le web. La gratuité du web n’est pas que basée sur une logique marchande. Elle est également basée sur celle du don, de la coopération et du partage où les utilisateurs jouent un rôle central <a href="http://www.marsouin.org/IMG/pdf/cahier_novembre_2012.pdf" target="_blank"> (Dang Nguyen, 2012).</a> Le web offre un espace de liberté où les utilisateurs donnent de leur temps pour animer des blogues; entretiennent des forums de discussions, d’entraide et d’échange; créent des sites et mettent au point des logiciels de façon collaborative libre de droit. Ce contenu est par la suite consommé, partagé par les utilisateurs qui eux même peuvent collaborer à améliorer le contenu. Afin d'illustrer l’ampleur de ce phénomène de partage, en 2012, 60 heures de vidéos ont été téléversées toutes les minutes sur YouTube et plus de 4 milliards de vidéos y sont visionnés chaque jour <a href="http://journalmetro.com/opinions/reseaux-sociaux/119005/40-statistiques-sur-lutilisation-dinternet-en-2012" target="_blank"> (Landivar, 2012).</a> À l’extrême, cette gratuité permet à certains utilisateurs de faire fi du respect des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle qui régissent l’activité commerciale. Ces utilisateurs profitent du web pour pirater le contenu de sites; pour partager des logiciels, des films et de la musique populaire exprimant ainsi un certain esprit anticapitaliste.</p>
<h2>Gratuité : source de profit pour les entreprises</h2>
<p>À moins d'être des organismes à but non lucratif à l'instar de Wikipédia, les entreprises sur le web aspirent à créer de la valeur et à générer des profits pour leurs actionnaires tirant profit de cette gratuité du web. Elles ont de ce fait un modèle d'affaires dans lequel elles offrent un service leur permettant des rentrées d'argent suffisamment importantes pour couvrir leurs charges et dégager des bénéfices.</p>
<p>La désillusion créée par la première bulle financière d'internet au début des années 2000 où nous avons assisté à la disparition d'entités proposant des services plus ou moins farfelus sur le web a eu au moins le mérite d'assainir le marché et de nous rappeler l'implacable logique économique qui ne rémunère que la création de la valeur. Et c'est désormais les entreprises qui s'appuient sur un modèle économique solide qui survivent, même si elles offrent leurs services sans contrepartie apparente aux utilisateurs.</p>
<p>Aujourd'hui, la sphère productive virtuelle est traversée par deux courants diamétralement opposés, d'un côté un courant progressiste qui veut faire profiter les avantages de la révolution numérique à tous les usagers sans rétribution et qui milite en faveur de la gratuité. De l’autre, les conservateurs qui essayent d'appliquer la logique et les équilibres de l'ère industrielle à la société de l'information en perpétuant la marchandisation notamment à travers l'imposition et le renforcement du brevet et du copyright. D’ailleurs, la majorité des États ont plutôt joué le rôle du porte-drapeau du deuxième courant avec notamment le Digital Millenium Copyright Act aux États-Unis et la très controversée loi Hadopi en France.</p>
<h2>Notre attention, c’est payant !</h2>
<p>Une décennie plus tard, et en dépit du peu de recul que nous avons, nous pouvons affirmer que c'est bien le modèle basé sur la publicité et la captation de notre attention qui régule de larges pans de la sphère productive virtuelle. C'est aussi ce modèle qui a permis de constituer de colossales fortunes; en témoignent les capitalisations démesurées qu'arrivent à aligner certains géants du net au NASDAQ, et dont le fonctionnement ne pourrait être expliqué autrement. Les majors d'internet à l'instar de Google et de Facebook ayant investi ce créneau savent que notre attention est fugace et que la quantité d'information que nous pouvons absorber est limitée, alors ils ont décidé de s'étendre en investissant tous les écrans et tous les espaces numériques où nous sommes susceptibles d'exister. C'est finalement notre consentement à nous abandonner à ces colosses, dont l'éthique est plus que discutable, en leur faisant confiance pour nos recherches, nos loisirs et nos outils de travail qui fait marcher le système, avec tout ce que cela induit comme risque d'enfermement dans un environnement logiciel (locked-in) ou dans ce que Eli Pariser appelle une <a href="http://www.huffingtonpost.com/george-mocharko/the-filter-bubble-review_b_929551.html%20qui%20alimente%20cette%20%C3%A9norme%20roue%20qui%20brasse" target="_blank"> bulle informationnelle</a>.</p>
<p>Pour pérenniser ce modèle économique basé sur notre attention, les entreprises du numérique nous <a href="http://www.lanouvellegazette.be/665733/article/culture/medias/2013-02-17/facebook-peut-refuser-les-pseudonymes-et-demander-a-ses-utilisateurs-de-prouver" target="_blank"> imposent</a> de payer un lourd tribut dont nous commençons à estimer les conséquences. En plus de notre attention, notre vie privée est utilisée comme matière première pour faire tourner cette énorme roue. Facebook, Google et les autres s'ingénient à glaner frénétiquement nos traces numériques, nos informations personnelles et traquer nos moindre gestes ou déplacement pour les vendre à prix d'or à des firmes qui vont à leur tour nous cibler pour nous proposer des produits et des services faits à notre mesure. <a href="http://www.usinenouvelle.com/article/google-de-nouveau-accuse-de-transmettre-des-donnees-personnelles.N191667" target="_blank">L'actualité</a> nous révèle régulièrement des affaires qui illustrent avec fracas cette tendance inquiétante dont nous sommes les victimes consentantes, et dont les protagonistes sont presque toujours les mêmes.</p>
<h2>La gratuité certes, mais à quel prix ?</h2>
<p>Malgré la fragilité de ce modèle d'affaires, il émerge aujourd'hui comme le seul cadre viable qui permet la création de la valeur et offre aux utilisateurs des services innovants gratuitement. L’utilisateur est la clé de voûte de ce système. L’avenir des entreprises web est intimement lié à l’attitude et aux comportements des utilisateurs ainsi qu’à la capacité qu’elles ont de capter leur attention. Sans quoi leur produit web risque de tomber dans les oubliettes de ce vaste réseau. Ceci explique pour quelle raison Google par exemple, déploie autant d’efforts pour décortiquer les comportements des utilisateurs. Il s’agit d’une question de survie et de profits. Ces entreprises profitent de cette gratuité basée sur cette dynamique du don, de collaboration et de partage afin de générer des revenus en servant d’intermédiaire entre un utilisateur et un autre. Ce système sera viable aussi longtemps que l’utilisateur acceptera de payer par ses informations sur sa vie privée. En fait, le web est-il vraiment gratuit ?</p>
<p>----</p>
<p>Pour en savoir plus :</p>
<p>Anderson, C. : Free!<a href="http://www.wired.com/techbiz/it/magazine/16-03/ff_free ?currentPage=all"> http://www.wired.com/techbiz/it/magazine/16-03/ff_free ?currentPage=all</a></p>
<p>Dang-Nguyen, G. et al. (2012) « Gratuité sur Internet entre logiques individuelles et logique communautaire » in Cahier de recherche, no 11.<a href="http://www.marsouin.org/IMG/pdf/cahier_novembre_2012.pdf"> http://www.marsouin.org/IMG/pdf/cahier_novembre_2012.pdf</a></p>
<p>Guillebaud, H.:<a href="http://www.internetactu.net/2008/03/10/la-gratuite-est-elle-lavenir-de-leconomie/"> http://www.internetactu.net/2008/03/10/la-gratuite-est-elle-lavenir-de-leconomie/</a> (Critique de Chris Anderson)</p>
<p>Landivar, V. (2012). 40 statistiques sur l’utilisation d’internet en 2012.<a href="http://journalmetro.com/opinions/reseaux-sociaux/119005/40-statistiques-sur-lutilisation-dinternet-en-2012/"> http://journalmetro.com/opinions/reseaux-sociaux/119005/40-statistiques-sur-lutilisation-dinternet-en-2012/</a></p>
<p>Umen Innovation. Le blogue. (2012).<a href="http://blogue.umen.ca/marketing-web/les-partages-sur-les-reseaux-sociaux-stimulent-les-achats/"> http://blogue.umen.ca/marketing-web/les-partages-sur-les-reseaux-sociaux-stimulent-les-achats/</a></p>
L’ouverture des données favorise-t-elle l’économie ?
urn:md5:48a0315c2059d16f8ed54f689a89f48e
2013-03-09T04:18:00-05:00
2013-03-13T04:16:51-04:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Adam Sofineti et Marilyne Veilleux dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Economie du document</a>. <br />
<br />
De nombreux arguments sont mis de l’avant pour justifier et expliquer
les bénéfices émergeant de l’ouverture des données. Bien que les
arguments politiques (démocratie, participation citoyenne, transparence,
etc.) soient plus souvent qu’autrement mis de l’avant, les arguments
économiques ne sont pas à négliger. </p> <p>Ce court billet présentera en premier lieu quelques éléments essentiels à comprendre au sujet des données ouvertes. Par la suite, deux initiatives concrètes nées de l’ouverture des données publiques seront rapidement présentées, afin d’illustrer comment les données ouvertes stimulent l’innovation et permettent d’améliorer la vie quotidienne des citoyens.</p>
<h2>1. Éléments à garder en tête</h2>
<h3> 1.1. Donnée ou information ?</h3>
<p> Ma situation géographique enregistrée dans mon téléphone intelligent, la vitesse de mes déplacements, la température extérieure, le nombre de citoyens utilisant les transports en commun, etc. : pratiquement tout ce qui nous entoure est « donnée ». Une donnée est, de par sa définition, brute. Elle n’est pas encore interprétée et c’est ce qui la différencie d’une information. En ce sens, une donnée est manipulable, interprétable, traitable et analysable, tandis qu’une information a été contextualisée et mise en forme. Par exemple, le fait que 74,61% des Québécois se soient rendus aux urnes en 2012 est une donnée brute qui n’a pas été traitée. Par contre, si je lis dans un journal qu’un plus grand nombre de Québécois ont voté l’an dernier que lors des élections de 2008, il s’agit d’une information : la donnée a été traitée et interprétée.</p>
<h3> 1.2. Donnée ouverte</h3>
<p> Pour qu’une donnée soit considérée comme étant « ouverte », elle doit répondre à plusieurs critères d’ordres technique, juridique et économique : elle doit être disponible dans un format facilitant sa réutilisation, ses licences d’utilisation ne doivent pas restreindre son utilisation et la réutilisation de cette donnée ne doit pas engendrer de redevances qui pourraient constituer un frein économique pour le citoyen. À ce sujet, la ville de Montréal a adopté une liste de 10 principes de la donnée ouverte allant dans le même sens : les données ouvertes sont complètes, primaires, opportunes, accessibles, exploitables, non discriminatoires, non propriétaires, libres de droits, permanentes et disponibles à moindre coût (pour des définitions de ces concepts, visitez <a href="http://donnees.ville.montreal.qc.ca/demarche/dix-principes/" target="_blank"> http://donnees.ville.montreal.qc.ca/demarche/dix-principes/</a>).</p>
<h3>1.3. Transparence et respect de la vie privée</h3>
<p> Lorsque la décision de libérer des données est prise, la protection des informations personnelles est un enjeu de premier plan. Avant de publier des données publiques, l’institution détentrice doit s’assurer qu’elles sont bien anonymes. En ce qui concerne les données personnelles, l’accès à celles-ci ne doit être possible que pour l’individu concerné, via un portail web sécurisé.</p>
<p> Trouver l’équilibre entre la transparence et le respect de la vie privée est essentiel afin de préserver la confiance qu’éprouvent les citoyens envers leurs institutions. Ces deux aspects (la transparence et le respect de la vie privée) sont compatibles aussi longtemps que de bonnes structures de gouvernance sont en place. Pour plus d'information à ce sujet, nous vous recommandons de consulter le <a href="https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/78946/CM8353_acc.pdf#page=31" target="_blank"> Open Data White Paper: Unleashing the Potential</a> du gouvernement britannique.</p>
<h2> 2. Exemples d’initiatives</h2>
<h3> 2.1. Handimap</h3>
<p> Les données ouvertes de la ville de Rennes en France a donné lieu en 2011 à un concours nommé « Rennes Métropole en accès libre » (<a href="http://www.data.rennes-metropole.fr/" target="_blank">http://www.data.rennes-metropole.fr/</a>) visant à récompenser les idées de services innovants utilisant les données publiques libres. Dans le cadre de ce concours, deux développeurs ont décidé de mettre leur connaissance de la cartographie en ligne en commun afin de créer un projet pouvant aider les citoyens atteints d’un handicap ou à mobilité réduite : Handimap (<a href="http://www.handimap.org/" target="_blank">http://www.handimap.org/</a>).</p>
<p> Le service du système d’information géographique (SIG) de la ville de Rennes gère un fichier recensant l'entièreté des emplacements de trottoirs surbaissés, données étant utilisées surtout dans le cadre de travaux d’aménagement. À l’aide de cette source et de d’autres données ouvertes disponibles, les deux ingénieurs en informatique ont créé ce nouveau service disponible en ligne, permettant de générer gratuitement des itinéraires adaptés aux individus à mobilité réduite. Cette initiative a, par la suite, été reproduite dans la ville de Montpellier.</p>
<h3> 2.2. Legislation.gov.uk</h3>
<p> Legislation.gov.uk est un site web de données ouvertes créé par les Archives nationales qui facilite l'accès des citoyens britanniques à la législation en vigueur, entrant de ce fait directement en compétition avec les éditeurs commerciaux. Afin de maintenir le site à jour, des bénévoles sont formés par les rédacteurs afin d’acquérir les connaissances nécessaires. Ainsi, les données se trouvant sur legislation.gov.uk sont aussi récentes que celles des sites commerciaux. Dans un article publié sur<a href="http://www.lawgazette.co.uk/opinion/joshua-rozenberg/the-national-archives-recruiting-volunteers-update-statute-book" target="_blank"> le site Internet de The Law Society Gazette</a>, le commentateur juridique Joshua Rozenberg invite justement les citoyens à se présenter comme bénévoles pour maintenir le site à jour :</p>
<p>« Ignorance of the law is, notoriously, no excuse. But the individual citizen has never had access to a free, up-to-date account of what the law is on any particular topic. Acts of parliament can be consulted in public libraries (if there are any left) but a printed copy is only the starting point: many acts do not specify a commencement date and the legislation, as passed, cannot tell you whether it has been subsequently amended or repealed.</p>
<p> That information is provided online by Westlaw UK and LexisNexis; but it comes at a price. The two legal publishers employ teams of researchers to update and annotate raw legislation as it arrives from parliament. If the Ministry of Justice did not buy subscriptions to these valuable services, even the judges would have difficulty keeping up.»</p>
<p>À première vue, le processus de publication semble être similaire à celui utilisé sur Wikipedia. Par contre, les conséquences peuvent ici s'avérer graves. Pour éviter les erreurs, chaque modification est révisée quatre fois avant d'être publiée.</p>
<p> Pour accéder aux données, l'utilisateur peut se servir du moteur de recherche afin de trouver une loi. Il peut ensuite télécharger la loi entière, ou seulement les sections qui l’intéressent (en ajoutant /data.xml ou /data.rdf à l'URL, par exemple). De plus, pour faciliter la réutilisation de ces données dans le cadre du développement de nouvelles applications, le site offre une interface de programmation (API). Fait important : ces données peuvent être réutilisées gratuitement sous l'<a href="http://www.nationalarchives.gov.uk/doc/open-government-licence/" target="_blank">Open Government Licence.</a></p>
<p> Grâce à ce site, les données ouvertes ont pu être utilisées pour créer plusieurs applications pour les téléphones intelligents (par exemple <a href="http://www.ilegalapps.com/index.html" target="_blank"> iLegal</a>). Un service a aussi été créé afin d’aider les enseignants de droit dans leurs cours.</p>
<h2> 3. Conclusion </h2>
<p> Dans le cas de Handimap, les données offertes par la voirie de la ville de Rennes et de la ville de Montpellier ont été reprises par un groupe de développeurs qui ont créé une application pour les citoyens handicapés. L'application mobile ainsi que sa version Web sont offertes gratuitement. Il s’agit donc d’un nouveau service pour les citoyens, qui n’implique aucun coût (autant pour les citoyens que pour les villes).</p>
<p> Pour ce qui est du site legislation.gov.uk, les jeux de données offrent une autonomisation des entreprises et des citoyens. Si, pour les entreprises, l’avantage principal de ces données demeure la création de produits et de services, pour les citoyens, il s’agit d’un accès à de l’information juridique à jour.</p>
<p> Il existe de plus en plus d’exemples d'utilisation des données ouvertes, qui sont les fruits des sociétés informatisées et des politiques des gouvernements ouverts. Bien que nous nous soyons limités à ces deux exemples, il serait intéressant d’exposer dans un billet ultérieur les avantages économiques des données ouvertes dans les pays en développement, ainsi que l’impact des données ouvertes internationales (<a href="http://data.un.org/" target="_blank">données des Nations Unies</a>,<a href="http://donnees.banquemondiale.org/" target="_blank"> La Banque mondiale</a>, etc.). La valeur démocratique et économique des données ouvertes ne fait plus de doute. Il ne reste que les administrateurs publics à convaincre. </p>
Économie de la contribution, économie de l'information en réseau ou économie de la pollinisation : des effets du Web
urn:md5:9b210aa064642ff6181fc7eb67e56b3c
2013-03-09T04:13:00-05:00
2013-03-13T04:18:50-04:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Julie Hermann et Christian Lachance dans le cadre du cours <a href="https://outlook.umontreal.ca/exchweb/bin/redir.asp%20?URL=http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Économie du document</a>.</p>
La prolifération des contenus créés et disponibles sur le Web fait en
sorte que les créateurs sont devenus des compétiteurs sur le « <a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/archive/2012/12/14" target="_blank">marché de l’attention</a>
». On pourrait pourtant argumenter qu’au contraire, les mécanismes du
Web, ainsi que la plus grande accessibilité des contenus et des outils,
offrent aux créateurs une possibilité jamais égalée de travailler non
pas en compétition, mais en collaboration. C’est d’ailleurs la thèse du philosophe français <a href="http://www.rue89.com/2013/02/02/bernard-stiegler-nous-entrons-dans-lere-du-travail-contributif-238900" target="_blank"> Bernard Stiegler</a> : l’essor du numérique et des réseaux – particulièrement d’Internet – permettrait rien de moins qu’un nouveau modèle économique qui concurrencerait les modèles dominants, l’économie de marché, l’économie publique (les savoirs publics) et l’économie du don. Il nomme celui-ci l’économie de la contribution.
<h2>AMATEURS DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS...</h2>
<p>Le modèle de l’économie de la contribution suppose une transformation du profil des « travailleurs » parce que les contributeurs sont le plus souvent des amateurs non rémunérés qui agissent librement, suivant leurs motivations personnelles, leurs habiletés et leurs préférences. Ce modèle tranche avec l’économie de marché puisqu’il est fondé sur la participation active de plusieurs individus à des réalisations non par contrainte (salaire, licenciement), mais par intérêt. De plus, il se caractérise par une atomisation des efforts consentis, situation bien représentée par le concept similaire et très imagé d’« <a href="http://alternatives.blog.lemonde.fr/2012/09/10/quand-leconomie-fait-pschitt-certains-font-bzzz-inspirations-pollinisation-changer-le-monde/" target="_blank">économie de la pollinisation</a> » proposé par Yann Moulier-Boutang. La contribution est donc à la fois formatrice et bénéfique pour ceux qui la fournissent, stimulant chez eux l’acquisition de compétences, phénomène que Stiegler qualifie de « <a href="http://owni.fr/2011/11/30/vers-une-economie-de-la-contribution/" target="_blank">déprolétarisation des acteurs</a> ».</p>
<p>Sur le Web, l’organisation de la production de l’information change : c'est le passage au Web dit 2.0 et l'abandon progressif de la structure verticale, où l'information descendait d'un nombre restreint de producteurs vers une masse de consommateurs passifs, pour un modèle horizontal, où la circulation se fait de plus en plus en réseau, avec l'émergence d'une production plus décentralisée, hors marché et non propriétaire. Yoachai Benkler parle justement à cet effet d’une <a href="http://www.ted.com/talks/yochai_benkler_on_the_new_open_source_economics.html" target="_blank">économie de l’information en réseau</a>, concept très similaire à celui de l’économie de la contribution, et qu’il définit en ces termes dans le livre The Wealth of Networks : How Social Production Transforms Markets and Freedom :</p>
<p>L’économie de l’information en réseau est caractérisée par le fait que l’action individuelle décentralisée (en particulier l’action collective et coordonnée, innovante et importante, mise en œuvre par le biais de mécanismes non marchands, distribués sans restriction, ne reposant pas sur des approches stratégiques propriétaires) joue un rôle beaucoup plus important qu’elle ne l’a fait, ou n’aurait pu le faire, par le passé, dans le cadre de l’économie de l’information industrielle. (Extrait de la traduction française, <a href="http://www.internetactu.net/2009/12/10/vers-la-richesse-des-reseaux/" target="_blank"> La richesse des réseaux</a>, paru aux Presses universitaires de Lyon).</p>
<p>Alors que seuls les industriels disposaient des moyens matériels et financiers nécessaires à la production et à la diffusion de l’information, le numérique change la donne. Il y a beaucoup moins de contraintes matérielles majeures; la barrière à l'entrée a été considérablement abaissée. Tous peuvent produire et diffuser de l’information. On assiste donc à l’avènement d’une production hors marché, à l’essor de projets collectifs innovants, efficaces et à grande échelle qui ne répondent plus à la stratégie essentiellement marchande des industriels-propriétaires. En conséquence, la production de l’information se démocratise. L’espace public n’est plus la chasse gardée des grands groupes médiatiques, mais existe de plus en plus en réseau de cocréateurs. L’autonomie des individus est aussi renforcée : ils font plus « par et pour eux-mêmes », participent à des communautés libres et ouvertes, et les liens entre les contributeurs échappent à la structure formelle et hiérarchisée du monde du travail.</p>
<p>L'exemple de Wikipédia n'est plus à citer, mais ce sont aussi des projets comme SETI@home, où l'internaute offre le processeur de son ordinateur pour l'analyse de données radiotéléscopiques, ou encore, à une échelle plus réduite, le logiciel libre, que ce soit pour le codage ou le débogage.</p>
<h2>… POUR TIRER LES MARRONS DU FEU ?</h2>
<p>Bref, lorsqu’on lit au sujet de l’économie de la contribution, il y a de quoi se réjouir. Toutefois, il serait pertinent de se demander si la réalité est vraiment si rose.</p>
<p>Est-il juste, par exemple, de se réjouir inconditionnellement du fait que les contributeurs soient des amateurs non rémunérés sous prétexte que leurs motivations seraient plus « pures » ? Et si les créateurs, dans une économie de marché, bénéficient normalement de la protection de la loi sur le droit d’auteur, entre autres, ce n'est pas le cas pour des contributeurs volontaires anonymes. La ligne est d'ailleurs parfois bien mince entre le professionnel et l’amateur. Existe-t-il des modèles qui pourraient permettre de récompenser monétairement la contribution des amateurs ? Devrait-on le vouloir ? Ne serait-ce qu'une tentative de récupération de la part de l'économie de marché ?</p>
<p>À ce sujet, les curieux pourront consulter l'article intitulé « <a href="http://scinfolex.wordpress.com/2013/02/06/remunerer-les-amateurs-pour-valoriser-les-externalites-positives/" target="_blank">Rémunérer un amateur pour valoriser les externalités positives</a> », écrit par le juriste-bibliothécaire L. Maurel. L'article souligne entre autres un des problèmes emblématiques de cette économie : la monétisation par autrui, notamment par des entreprises comme Facebook, Twitter ou Google, le partage des informations, les recommandations, re-tweets ou autres donnant de la visibilité, de l'attention, à une plateforme ou une autre... et l'attention se marchande.</p>
L’information à tous vents : quelques effets du numérique sur la presse
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2013-03-07T07:43:00-05:00
2013-03-07T08:59:09-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
<p>Le billet a été rédigé par Josée de Bellefeuille et Audrey Larivière dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank"> Économie du document</a>.</p>
Avec la multiplication des plateformes (ordinateurs, tablettes,
téléphones intelligents), vient la multiplication des moyens de
consommation de l’information. Alors qu’il n’y a pas si longtemps,
l’humain se contentait de consulter les journaux écrits imprimés sur du
papier, voilà qu’il se voit proposer la lecture des actualités à
l’écran. D’abord contraint à la sédentarité avec l’ordinateur au début du Web, les nouveaux outils redonnent au lecteur sa mobilité. Dans ce contexte, le modèle de la presse, développé selon la tradition du papier, survivra-t-il au numérique ?
<h2>Préférences générationnelles</h2>
La consultation des actualités constitue une activité qui s’ancre dans le quotidien. Ainsi, elle sera dirigée par des habitudes de consommation. Celles-ci varient selon les individus et les générations auxquelles ils appartiennent. Selon un <a href="http://www.people-press.org/2012/09/27/section-1-watching-reading-and-listening-to-the-news-3/" target="_blank"> sondage</a> du Pew Research Center for the People and the Press, les Étatsuniens âgés de plus de 65 ans sont les plus nombreux à recourir à la presse imprimée pour s’informer (48% d’entre eux le font) et les moins nombreux à consulter des sources numériques en ligne (23%). À l’inverse, les 18-24 ans, la tranche d’âge la plus jeune considérée pour le sondage, sont ceux qui lisent le moins les journaux papier (6%), préférant le contenu en ligne (41%). Toujours selon les résultats de ce sondage, les 18 à 29 ans consultent davantage la presse numérique que la presse papier, alors que c’est l’inverse pour les 40 ans et plus et égal pour la tranche d’âge de 30-39 ans. Selon ces chiffres, si les habitudes individuelles demeuraient les mêmes, la consommation de la presse papier perdrait du terrain au profit de la presse numérique puisque les plus âgés, plus grands consommateurs de l’imprimé, décéderont alors que se poursuivra la lignée des natifs numériques. Bref, même indépendamment des changements de consommation individuelle, des changements de consommation humaine globaux s’opèrent. Mais les habitudes de consultation informationnelle des individus changent-elles réellement si peu ?<br />
<h2>Plateformes de consultation</h2>
L’utilisation d’Internet et le modèle de partage qu’il présente ont engendré des habitudes de consommation qui sont maintenant ancrées chez les utilisateurs. L’accès à l’information est affecté par les attentes : on cherche la rapidité et la facilité lors de la recherche et la consultation de l’information. Les moteurs de recherche populaires - comme Google - permettent de trouver de nombreux articles en ligne. À partir d’une recherche portant sur un sujet précis, il est possible d’accéder à un contenu en lien avec le thème recherché. Les hyperliens et les références des articles en ligne sont d’autres façons de parcourir l’information numérique. Ces hyperliens sont même présentés comme une <a href="http://towcenter.org/research/post-industrial-journalism/c3-ecosystem/" target="_blank"> convention de base à respecter</a> dans le journalisme numérique. Le lecteur sur le web s’attend à pouvoir rapidement vérifier les sources des journalistes et des rédacteurs.<br />
Par ailleurs, les appareils mobiles ont un rôle central à jouer dans le développement de la presse dans le monde numérique. En Amérique du Nord, l’augmentation des ventes d’appareils mobiles produit ce que certains appellent la <a href="http://stateofthemedia.org/2012/mobile-devices-and-news-consumption-some-good-signs-for-journalism/" target="_blank">migration</a> de la consultation des journaux. La relation est simple : plus d’appareils mobiles sont vendus, plus le niveau de fréquentation des sites de nouvelles augmente. Les lecteurs consultent donc davantage les nouvelles à partir de leurs appareils. Selon une étude de <a href="http://stateofthemedia.org/2012/digital-news-gains-audience-but-loses-more-ground-in-chase-for-revenue/digital-by-the-numbers/#fnref-10500-1" target="_blank">Nielsen</a>, en 2011, la fréquentation des 25 sites de nouvelles les plus visités a augmenté de 17%.<br />
Toutefois, l’augmentation de la fréquentation des sites n’engendre pas nécessairement une augmentation des profits. Une autre habitude de consommation de l’information sur le web est liée à la gratuité et au partage. Contrairement au journal, dont les lecteurs ont l’habitude de payer des frais d’abonnement ou d’achat, le contenu des journaux sur le web est souvent <a href="http://www.pressgazette.co.uk/content/if-journalists-don%E2%80%99t-start-valuing-their-work-who-else-will" target="_blank"> offert gratuitement, bien que des murs payants fassent leur apparition.</a> Une part des annonceurs publicitaires - qui sont la <a href="http://www.naa.org/Topics-and-Tools/Advertising/Sales-Collateral/2008/~/media/NAACorp/Public%20Files/TopicsAndTools/Advertising/Research/the-connection-with-newspapermedia.ashx" target="_blank"> source principale de revenu</a> de la presse imprimée - ont aussi migré vers Internet, où les publicités sont très rentables. Est-ce que les journaux auront les fonds suffisants pour gérer l’édition du contenu sur deux types de supports : numérique et imprimé ?<br />
<h2>La nécessité de se redéfinir</h2>
Les habitudes de lecture des natifs numériques - qui seront de plus en plus nombreux - ainsi que les nouvelles normes imposées par la navigation web affectent le modèle traditionnel d’édition de la presse. Les nombreux changements auxquels est confrontée la presse indiquent qu’il s’agit d’un milieu en profonde <a href="http://towcenter.org/research/post-industrial-journalism/conclusion/" target="_blank"> mutation</a>. Il apparaît essentiel pour les journalistes de repenser leur place dans l’environnement numérique qui gagne rapidement de l’importance. Les changements auront un impact aussi sur la chaîne de production journalistique ainsi que sur le contenu même des articles.
La télévision, en tant que média, est-elle sur le point de disparaître ?
urn:md5:e7d14bab7a702e7a9c97341b44343083
2013-03-07T07:38:00-05:00
2013-03-07T08:54:28-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Marc Rivest et Godefroy Clément dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org" target="_blank">Économie du document</a>.</p>
Il semble que ce ne soit pas le cas pour l'instant. Les statistiques
démontrent que le pourcentage de la population qui consomme une
télévision traditionnelle est encore très élevé. Cela s’explique principalement parce que la télévision jouit d’une crédibilité en tant que média, parce qu’elle a su fidéliser un public qui intègre la télévision dans ses habitudes de vie et parce que la machine publicitaire s’insère bien dans les rouages de son infrastructure. Des signes évidents montrent que les “nouvelles” plateformes Web de diffusion de contenu audiovisuel tendent à gruger l’écart. En effet, la multiplication de nouveaux canaux de diffusion des contenus vient accaparer un pourcentage non négligeable du « temps loisir » des usagers. Quelqu’un qui passe des heures à visionner du contenu sur YouTube, ne le passera évidemment pas à regarder la télévision. Chaque usager a une limite de « temps loisir » à consacrer dans une semaine et il le partagera à sa guise selon ses intérêts. On remarque que le temps passé sur le Web augmente considérablement depuis la dernière décennie. Des aspects qui jouent en faveur des nouvelles plateformes Web pour visionner du contenu audiovisuel sont la grande diversité du contenu et la possibilité d’interactivité avec celui-ci. En effet, autrefois, un individu avait un choix limité de contenus à regarder et était plutôt passif face à son écran de télévision. Aujourd’hui, il a une multitude de choix. L’usager est en mesure de se bâtir une programmation sur mesure et n’est plus tributaire de l’agenda télévisuel. La télévision 2.0 caractérisée par l’interactivité et le contenu généré par les usagers sont des aspects attrayants qui contribuent à faire migrer les usagers vers les nouvelles plateformes Web de diffusion.
<h2>Plateforme Web vs télévision, un modèle économique pas si différent ?</h2>
<p> La raison première de la télévision est de faire de l’argent. L'industrie de la télévision obtient ses revenus via les annonceurs (publicités en ondes) et via les abonnements pour les chaînes spécialisées. Bref, si on transporte sur Internet la diffusion d'un contenu audiovisuel, la même stratégie économique semble effective, c'est-à-dire avec la présence de publicité (ex: YouTube) ou par des abonnements payants (ex: Netflix). Il y a cependant des stratégies qui peuvent être utilisées au niveau des plateformes Web qui ne peuvent pas l’être via la télévision, c’est-à-dire l’exploitation des traces laissées par les internautes. L’interactivité est un plus pour expérimenter un contenu audiovisuel sur le Web, mais en revanche, les données publiées par les internautes peuvent être reprises à des fins commerciales.</p>
<h2>Les hommes politiques peuvent-ils se passer de la télévision ? </h2>
<p>L’impact de la montée en popularité de nouvelles plateformes vidéo comme Youtube a plusieurs aspects : il n’est pas seulement économique ou culturel, il est aussi, semble-t-il, politique. On se rappelle tous des élections américaines avec l’utilisation des médias sociaux par l’équipe de Barack Obama. Une nouvelle ère s’annonçait… mais les démocrates s’appuyaient encore sur les médias traditionnels comme la télévision.</p>
<p>Or, en Italie, cette stratégie prend un nouveau tournant : avec un certain succès, le candidat populiste Beppe Grillo et son équipe font campagne en boycottant (pour reprendre le terme de l’article) la télévision. Bien que l’Italie connaisse de graves problèmes politiques et économiques, il s’agit d’une campagne électorale menée dans un pays important. L’Italie compte plus de 60 millions d’habitants, c’est une grande puissance européenne et sur le plan international, une puissance moyenne. La stratégie de Beppe Grillo soulève donc plusieurs questions. Une telle façon de faire serait-elle envisageable au Canada ? Au Québec ?</p>
<p>----</p>
<p>Sources<br />
<br />
YouTube vs. TV <a href="http://www.huffingtonpost.com/cenk-uygur/you-tube-vs-tv_b_525005.html" target="_blank">http://www.huffingtonpost.com/cenk-uygur/you-tube-vs-tv_b_525005.html</a> (page consultée le 26 février 2013)<br />
<br />
«La télévision, telle que la connaissons, est-elle morte ?», Université Paris Dauphine, <a href="http://www.sorbier.net/Memoire-la-television-est-elle-morte-%20BINET-GELINEAU.pdf">http://www.sorbier.net/Memoire-la-television-est-elle-morte-%20BINET-GELINEAU.pdf</a> (page consultée le 26 février 2013)<br />
<br />
La campagne de Beppe Grillo en Italie :<a href="http://meta-media.fr/2013/02/25/beppe-grillo-tout-sauf-la-tele.html" target="_blank"> http://meta-media.fr/2013/02/25/beppe-grillo-tout-sauf-la-tele.html</a> (page consultée le 26 février 2013)</p>
Finalement, Internet a-t-il tué l'industrie de la musique ?
urn:md5:573839ca69502c7e7ff0d7117c5bc1ac
2013-03-07T07:32:00-05:00
2013-03-07T13:33:07-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Elaine Sirois et Annick de Vries dans le cadre du cours Économie du document.</p>
<p><br />
L'année 2011 marque un point tournant pour l'industrie de la musique
dans le monde. Selon l'International Federation of the Phonographic
Industry (IFPI), dans plusieurs pays les lois anti-piratages commencent à
faire leur effet sur le comportement des internautes et sur les ventes.
</p> Par exemple en France, la loi Hadopi permet d'envoyer des notices aux usagers qui utilisent des services d'échanges de fichiers en ligne (peer-to-peer ou P2P). En effet, grâce à cette loi, plus de 700,000 notices ont été envoyées aux usagers<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#1">1</a></sup>. La firme Nielsen, pour le compte de l’IFPI a constaté que l’utilisation des réseaux P2P non-autorisés a diminué de 26 % depuis octobre 2010<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#1">1</a></sup>, correspondant avec le début de l’envoi des notices. On constate le même phénomène en Nouvelle- Zélande, en Corée du Sud, aux États-Unis et en Allemagne.
<p> D’autres mesures concernent la collaboration avec les ISP (Internet Sercice Providers). Aux États-Unis, en Belgique et en Italie des ordres de la Cour ont forcé les ISP à bloquer l'accès à des sites pirates comme The Pirate Bay ou BTJunkie. Cela a eu pour effet de réduire ce genre de services aux internautes d’environ 70 %<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#1">1</a></sup>. Ensuite, l’industrie de la musique a demandé une meilleure collaboration des compagnies d'engins de recherche comme Google, parce qu’il est trop facile, selon eux de trouver des fichiers mp3 gratuitement et illégalement. Avec la collaboration d’agents anti-piratage, l’industrie du disque a pu, via une nouvelle technologie automatisée, enlever 15 millions de tracks illégaux, une augmentation de 115 % par rapport à 2010<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#1">1</a></sup>.</p>
<h2>Des ventes en ligne en force
</h2>
<p>La vente de musique en ligne commence à rapporter. En 2011, l'IFPI estime que 3,6 milliards de téléchargements ont été achetés à travers le monde<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#1">1</a></sup>. C'est une augmentation de 17% par rapport à l'année précédente. La même année, iTunes s'est implanté dans 28 nouveaux pays, incluant tous les membres de l'Union européenne et seize pays d'Amérique latine.<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#1">1</a></sup> C'est donc un marché qui prend de l'expansion. Cependant, notons que l'achat de musique ne représente que 25% des opérations en ligne liées à la musique.<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#2">2</a></sup>
</p>
<h2>Un nouveau joueur de taille : le streaming</h2>
<p> Dix ans après qu'iTunes ait révolutionné le monde avec ses iTunes Stores, l'industrie de la musique subit une nouvelle transformation numérique radicale avec les consommateurs qui migrent du CD et du téléchargement vers des services de streaming comme Spotify, Pandora, Deezer et Youtube, Anghami au Moyen-Orient et Dhingana et Saavn en Inde. C'est aujourd'hui le streaming qui occupe la plus grande place du marché numérique (les trois quarts des opérations liées à la musique en août 2011<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#2">2</a></sup>). Ben Sisario parle carrément de cannibalisation du téléchargement par le streaming.<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#3">3</a></sup> Pour les propriétaires de ces sites, qui versent des droits d'écoute auprès des compagnies de disques, le streaming est la voie de l'avenir. Bien que les revenus soient encore relativement modestes par rapport aux autres secteurs de l'industrie, ils augmentent d'année en année. Ainsi, en 2010 Spotify a augmenté ses revenus de 458% et ont atteint 99 millions de dollars US<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2013/03/07/Finalement--Internet-a-t-il-tue-l-industrie-de-la-musique#3">3</a></sup>. L'IFPI, quant à elle, estime à 13.4 millions le nombre d'utilisateurs inscrits sur des sites de streaming en 2011 comparativement à 8.2 millions l'année précédente<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/#3">3</a></sup>. C'est une augmentation de 65%.</p>
<h2>Mais ce n’est pas la manne (encore)</h2>
<p>Cependant, et c'est là le problème, les droits versés par ces sites de streaming aux compagnies de disques sont très faibles. Ils sont de l'ordre d'environ ½ cent par écoute<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/#3">3</a></sup>. C'est très peu comparativement à ce que rapporte la vente en ligne. Un téléchargement iTunes de 99 cents rapporte 7 à 10 cents à l'artiste<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/#3">3</a></sup>. Ainsi, pour recevoir entre 5000$ et 7000$, une chanson doit être écoutée un million de fois. Cela peut rapporter beaucoup pour des artistes bien établis ou des chansons virales, mais pendant que ces nouveaux services grandissent et se transforment en des entreprises multimillionnaires, une infime partie de l’argent retourne aux artistes. Ceci est inquiétant pour tous les niveaux de l’industrie, mais surtout pour les artistes eux-mêmes.</p>
<h2> Une adaptation continue</h2>
<p>Ainsi l'industrie de la musique commence à s'adapter au marché du numérique et à en tirer certains profits. En 2011, l'IFPI estime que les revenus tirés de la musique numérique pour les compagnies de disques ont augmentés de 8%, comparativement à 5% l'année précédente<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/#3">3</a></sup>. Toujours en 2011, les différents marchés numériques représentent 32% des revenus globaux des maisons de disques, comparativement à 29% pour 2010 (et comparativement à 5% pour les journaux, 4% pour les livres et 1% pour les films)<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/#3">3</a></sup>. De plus, certains marchés comme les États-Unis et la Corée du Sud tirent plus de la moitié de leurs revenus du numérique (52% et 53% respectivement<sup><a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/#3">3</a></sup>).</p>
<p>Donc finalement, oui, Internet transforme profondément l’industrie de la musique et continue à le faire à tous les instants. L’année 2013 sera une continuité dans l’augmentation des revenus pour les compagnies de disque à partir du streaming et marquera espérons-le, une tendance à la réappropriation par le musicien de son propre contenu grâce à la promesse de nouveaux outils de la découverte musicale. A suivre donc….</p>
<p>----<br />
<br />
1. International Federation of the Phonographic Industry, IFPI Digital Music Report 2012, Keys Facts and Figures, p.1 <a href="http://www.ifpi.org/content/library/DMR2012_key_facts_and_figures.pdf" target="_blank">http://www.ifpi.org/content/library/DMR2012_key_facts_and_figures.pdf</a>, consulté le 21 février 2013.<br />
<br />
2. Sara Heft, Facebook, l'ultime voie pour l'industrie musicale? Dans Ina Global.fr, 15 novembre 2011. <a href="http://www.inaglobal.fr/musique/article/facebook-lultime-voie-pour-lindustrie-musicale">http://www.inaglobal.fr/musique/article/facebook-lultime-voie-pour-lindustrie-musicale</a>, consulté le 21 février 2013.<br />
<br />
3. Ben Sisario, As Music Streaming Grows, Royalties Slow to a Trickle, New York Times, 28 janvier 2013. <a href="http://www.nytimes.com/2013/01/29/business/media/streaming-shakes-up-music-industrys-model-for-royalties.html?smid=go-share&_r=1&" target="_blank">http://www.nytimes.com/2013/01/29/business/media/streaming-shakes-up-music-industrys-model-for-royalties.html?smid=go-share&_r=1&</a>, consulté le 20 février 2013.</p>
A l’heure du numérique, y’a-t-il encore photo ?
urn:md5:b88e54eb9ade69120fe57160695b57b2
2013-03-07T05:34:00-05:00
2013-03-07T14:05:23-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Mélissa Hernandez et Amandine Alcolei dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Économie du document</a>.</p>
<p>Peut-on encore être photographe professionnel aujourd’hui ?</p>
<p>Sous forme de réponse ouverte, ce billet esquisse des pistes de
réflexion pour envisager le métier de photographe à l’heure de la
révolution numérique.</p> <h2>Qu’est-ce qu’un photographe professionnel ?
</h2>
<p>Pour la photographie comme pour de nombreuses autres disciplines, la distinction entre le professionnel et l’amateur se fait sur un critère : l’aspect lucratif ou non lucratif de l’activité. Ainsi, ce qui distingue le professionnel de l’amateur, c’est que le premier exerce son activité contre rémunération tandis que le second ne touche pas d’argent pour le travail qu’il effectue, ce travail étant souvent assimilé à une passion.</p>
<p>Mais n’existe-t-il aujourd’hui qu’une seule manière d’être photographe professionnel ? A en croire l’<a href="http://www.upp-auteurs.fr/" target="_blank">Union des Photographes Professionnels</a> (UPP), il y aurait au moins 3 types de photographes professionnels : l’auteur-photographe (le créateur, proche de l’artiste), le journaliste (le photographe reporter) et l’artisan-commerçant (l’entrepreneur). Il s’agit donc de garder à l’esprit cette diversité et de voir que le numérique n’a pas nécessairement la même influence sur chacun de ces types de photographes.</p>
<h2>La photographie en 2013, une photographie au coeur de la révolution numérique</h2>
<p>Le terme de révolution numérique fait référence au bouleversement induit par l’arrivée des outils et technologies numériques dans nos vies. La photographie est un domaine qui a été réellement impacté par cette révolution numérique. Selon l’<a href="http://culturevisuelle.org/viesociale/2791" target="_blank">article</a> de Sylvain Maresca et Dominique Sagot-Duvauroux, la révolution numérique en photographie se décline selon quatre dimensions : la numérisation des images professionnelles, la prise de vue avec des appareils numériques, la diffusion massive d’images à prix très bas dans des banques d’images et, plus récemment, le développement d’images en 3D.</p>
<h2>Vers une transformation du métier de photographe : moins de prises de vue, plus d’activités annexes</h2>
<p>La révolution numérique a notamment eu pour conséquence de forcer les professionnels à diversifier leur activité ; l’un des paradoxes du numérique est en effet d’avoir augmenté les coûts de production (matériel rapidement obsolète non rentabilisable) et diminué le prix de vente de la photo. Ainsi, il est devenu nécessaire de trouver d’autres moyens de gagner de l’argent, dérivés de la photographie : travail de post-traitement, indexation, édition, animation de stages et entreprenariat culturel.</p>
<h2>Appliquer les droits d’auteur sur le Web : une nécessité et un défi</h2>
<p>Comme dans d’autres domaines, à l’heure du numérique se pose la question des droits d’auteur et du respect de leur application sur le Web notamment. En effet, qu’il soit professionnel ou amateur, le photographe est considéré comme un auteur. Ses photographies, qui doivent tout de même avoir un caractère original, sont des oeuvres de l’esprit protégées par le code de la propriété intellectuelle (pilier de la singularité). Or, via notamment l'avènement du web 2.0, les photographies sont de plus en plus récupérées et diffusées sans égard pour le droit d’auteur, difficile à appliquer dans le contexte du numérique. En effet, contrairement aux photographies argentiques, les photographies numériques sont des biens non-rivaux, difficiles à supprimer, facilement multipliables et bien souvent le fichier original n’est pas conservé. Ce<a href="http://www.culturecommunication.gouv.fr/Ministere/L-histoire-du-ministere/Discours-de-ministres-depuis-1999/Frederic-Mitterrand-2009-2012/Dossiers-de-presse-2009-2012/Rapport-de-la-commission-de-reflexion-sur-la-photographie" target="_blank"> rapport</a> du Ministère de la Culture et de la Communication, datant de 2010, affirme que le non-respect de ces droits entraîne une baisse de la rémunération des photographes professionnels et met en péril ce métier. D’autres règles plus adaptées doivent peut-être être envisagées pour mieux protéger garantir les droits des photographes et de leurs oeuvres à l’ère d’Internet et du numérique. </p>
<h2>Savoir-faire, créativité et numérique</h2>
<p>Maintenir le savoir-faire technique des photographes via des formations adaptées est un des objectifs du Ministère de la Culture et de la Communication. En effet, l’augmentation du nombre de photographies diffusées sur le net peut être le signe d’une démocratisation de cet art mais aussi celui d’une banalisation de l’acte de photographier et des paramètres techniques qui l’entourent.</p>
<p>Néanmoins, des photographes ont décidé de faire de ce passage au numérique, parfois critique, une force. Comme si la fin annoncée d’une profession la poussait à se renouveler et à se dépasser dans la création pour se démarquer du travail des amateurs. C’est le propos de l’exposition “<a href="http://www.telerama.fr/scenes/oui-on-peut-etre-photographe-avec-les-photos-des-autres,70936.php" target="_blank">From here on…</a>”, en 2011, qui montre des oeuvres photographiques composées de photographies trouvées sur le Web (piliers de la résonance et de la plasticité). Ainsi le photographe professionnel ne se limite plus uniquement au rôle de celui qui prend des photographies mais acquiert une nouvelle dimension proche de la fonction d’éditeur.</p>
Finalement, il est encore possible aujourd’hui d’être photographe professionnel, malgré toutes ces difficultés. La question est de savoir aussi si cette profession pourra résister à l’avenir à d’autres avancées technologiques comme la<a href="http://www.declencheur.com/photo/emission/note/photo-3d-pourquoi-comment" target="_blank"> photographie 3D</a> par exemple.
© Sommes-nous devant l'obsolescence du droit d'auteur ?
urn:md5:3a5424275c6160b7732c52e2db0b9e7d
2013-03-07T05:29:00-05:00
2013-03-07T08:22:28-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Pascale Messier et Loubna Mebtoul dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Économie du document</a>.</p>
Nul ne peut nier le fait d’avoir partagé une vidéo sur Facebook avec
la meilleure intention de se partager l’information ou le plaisir avec
ses amis ou son réseau. Mais y a-t-il quelqu’un qui s’est demandé si
cette pratique est tout à fait légale ? Tellement l’acte est devenu facile, commun, habituel qu’il ne suscite point un questionnement préalable sur sa conformité ou non avec les droits d’auteur. D'un autre côté, le droit d'auteur a-t-il sa place dans l'univers numérique? Si oui, peut-il garder sa forme actuelle? Avant d’embarquer sur le sujet des droits d’auteur dans le contexte numérique, voir ici une petite introduction aux notions de droits d’auteur et cadre juridique en <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_d'auteur_en_France" target="_blank"> France</a> et au <a href="http://lois-laws.justice.gc.ca/fra/lois/C-42/index.html" target="_blank"> Canada</a>.
<h2>Téléchargement illégal et partage</h2>
<p>L’avènement du web a fait surgir une « voracité » de consommation chez les internautes. Le comportement de l’internaute s’est modifié avec l’apparition des médias sociaux. Avant, l’utilisateur se contentait de naviguer, s’informer, à la limite télécharger pour un usage privé ou encore pour un groupe restreint de son entourage. L’apparition des réseaux sociaux a malmené tout le paysage. On assiste de plus en plus à des partages sans cesse croissants de vidéos, de musiques, d’images, de livres, bref de tout contenu sur la toile.</p>
<p>Plusieurs pensent que le web est une zone qui ne rime pas avec règles et privilégient plutôt liberté et échange. Dans cette perspective, la création de blogues et l’appropriation de contenu sans citation de sources sont devenues choses courantes dans le monde numérique. À ce propos,<a href="http://www.blogdumoderateur.com/blog-liberte-dexpression-propriete-intellectuelle-et-droit-dauteur-quelles-tendances/" target="_blank"> ce billet</a> présente une petite revue d’évènements récents liés à l’usage de marques déposées.</p>
<p>L’atteinte des droits d’auteur dans le contexte numérique se manifeste sous divers aspects. Le téléchargement illégal et le partage à grande échelle sont les principaux usages dénigrés par les industriels. Aucun domaine n’échappe à ce phénomène : du domaine médical, jusqu’aux industries culturelles passant par le domaine juridique. L’usage des<a href="http://www.figer.com/publications/p2p.htm" target="_blank"> P2P</a> a favorisé les échanges. Il rend la censure et les attaques légales ou pirates plus difficiles, ce qui complique encore l’affaire au législateur. Mais est-ce que tout ce qu’on télécharge et partage est soumis aux droits d’auteurs ? Si tel est le cas où est la place du droit de savoir et de la démocratisation des connaissances? La réponse à ces questionnements se trouve « peut-être » dans la <a href="http://canlii.ca/fr/ca/csc/doc/2004/2004csc13/2004csc13.html" target="_blank"> décision de principe</a> rendue en 2004 dans la cause CCH Canadien Ltée c. Barreau du Haut-Canada. Selon cette décision, six facteurs permettent de déterminer si une utilisation est équitable ou non :</p>
<ul>
<li>le but de l’utilisation;</li>
<li>la nature de l’utilisation;</li>
<li>l’ampleur de l’utilisation;</li>
<li>la nature de l’œuvre;</li>
<li>les solutions de rechange à l’utilisation; et</li>
<li>’effet de l’utilisation sur l’œuvre</li>
</ul>
<p>Mais, en réalité, ces facteurs sont-ils respectés et suivis à la lettre? La réponse peut supporter « oui » et « non ». Un <a href="http://www.cfp.ca/content/56/10/1037.full" target="_blank"> exemple</a> illustrant l’usage équitable de la reproduction et la diffusion d’un article du journal médical « Médecin de famille canadien (MFC) » est fort éloquent à cet égard. Quoique si on change de domaine et on vise plus l’industrie musicale, l’affaire est tout à fait divergente et rien ne garantit le respect des six facteurs précités. Du moins le sixième facteur : l’effet de l’utilisation sur l’œuvre. Les répercussions du piratage des morceaux musicaux ou d’un album sont évidentes et bien lourdes. Le téléchargement illégal sur internet peut être pesant pour certains industriels. (Voir<a href="http://www.zdnet.fr/actualites/telechargement-illicite-google-va-t-il-couper-les-financements-des-sites-39787405.htm" target="_blank"> Téléchargement illicite : Google va-t-il couper les financements des sites ?)</a></p>
<h2>Intelligence distribuée et Creative Commons</h2>
<p>Devant l’univers numérique, ne doit-on pas simplement redéfinir le concept même du droit d’auteur? Est-il réaliste d’extrapoler au web, des règles qui se sont développées autour de l’imprimé? <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Claude_Gu%C3%A9don" target="_blank"> Jean-Claude Guédon</a>, professeur à l’Université de Montréal depuis 1973, est un ardent défenseur de la libre diffusion de la littérature scientifique sur le web. Son discours sur le droit d’auteur côtoie le concept d’<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligence_distribu%C3%A9e" target="_blank">intelligence distribuée.</a> Avec Internet, on redécouvre la fluidité, l’efficacité, la liberté de se mettre à écrire, de travailler collectivement une idée et de la faire avancer. Non pas en vue de se l’attribuer, mais dans l’optique de raffiner, étendre, améliorer, déplacer, etc.<a href="http://www.mellon.org/about_foundation/officers/harrietzuckerman"> Harriet Zuckerman</a> a découvert que l’on a beaucoup plus de chances de remporter le prix Nobel du seul fait que l’on a travaillé dans un laboratoire où quelqu’un l’a déjà obtenu. Ce phénomène s’explique par le fait que l’on est entré dans une communauté qui partage l’intelligence distribuée. Les détracteurs du droit d’auteur sur le web considèrent que les restrictions de diffusion limitent fortement l’impact des travaux de recherche ainsi que leur appropriation rapide et empêchent d’exploiter le potentiel du web pour accélérer les découvertes scientifiques (à ce propos, voir<a href="http://sciencecommons.org/projects/publishing/" target="_blank"> Scolar’s Copyright Project</a>).</p>
<p>Avec la démocratisation de l’informatique et de l’accès internet, de nombreux auteurs ont commencé à diffuser sous des licences de libre diffusion. Dans cette mouvance, le projet <a href="http://creativecommons.org/" target="_blank"> Creative Commons</a> tente d’offrir une alternative au système classique de droit d’auteur. Ce projet est né de l’imagination de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Lawrence_Lessig" target="_blank"> Lawrence Lessig</a> et <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Eric_Eldred" target="_blank"> Eric Eldred</a> qui souhaite, par leur démarche, encourager une réflexion pragmatique sur la refonte du système actuel. Ce projet qui est une organisation à but non lucratif, part lui aussi de la prémisse que la créativité se nourrit de l’usage d’œuvres préexistantes et vise à recréer un réservoir de contenus librement utilisables. Pour ce faire, Creative Commons propose gratuitement six licences qui permettent aux titulaires de droit d’auteur de mettre leur œuvre à disposition du public selon des conditions prédéfinies. Ces licences s’inscrivent dans le cadre législatif existant et ne se substituent pas au droit d’auteur. Un genre de droit d’auteur à la carte est-il la solution pour régler la crise majeure actuelle?</p>
<p>La question du droit d’auteur en ce qui concerne le web est souvent une question de valeurs et de positionnement social. La culture libre est un mouvement social qui promeut la liberté de distribuer et de modifier des œuvres de l’esprit sous la forme d’œuvres libres par l’utilisation d’internet ou d’autres formes de médias (à ce propos, voir <a href="http://owni.fr/2012/03/14/artistes-contre-le-droit-dauteur/" target="_blank"> Artistes contre le droit d’auteur</a>). Les valeurs qui sous-tendent la culture libre sont : la liberté, la liberté d’expression, le contrôle par l’utilisateur, la vie privée, le partage du savoir, la dynamique citoyenne et participative dans l’économie du savoir et le modèle économique de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Coop%C3%A9tition" target="_blank">coopétition</a>. Ces valeurs prendront-elles le dessus sur la propriété intellectuelle dans l'avenir ?</p>
La définition de la valeur économique d’une bibliothèque publique, une nécessité pour sa survie ?
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2013-02-28T03:34:00-05:00
2013-02-28T10:53:43-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Monique Tremblay et Catherine Dugas dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Économie du document</a>.
</p>
<p> En cette ère de compressions budgétaires, tous les services
gouvernementaux sont remis en question – et les bibliothèques publiques
ne font pas exception à la règle.</p> <img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/851180_chart.jpg" alt="851180_chart.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" height="174" width="200" />Pour survivre et prospérer, les bibliothèques publiques doivent démontrer que les avantages qu’elles génèrent pour la société surpassent les coûts. Mais les bibliothèques publiques n’étant pas des entités économiques standards – où les services rendus le sont contre rémunération – l’utilisation d’outils mesurant le rendement financier n’est pas approprié. Alors comment mesurer la valeur économique des bibliothèques publiques? Il n’y a toujours pas, à l’heure actuelle, de consensus sur la méthodologie à utiliser. Les chercheurs dans le domaine sont toutefois très actifs et continuent leurs travaux.
<h3>Un éventail de méthodes</h3>
<p> Plusieurs bibliothèques utilisent la méthode de l’analyse coûts/bénéfices, qui consiste à demander aux utilisateurs de quantifier la valeur qu’ils accordent aux différents services rendus. Si le coût de ces services est moindre que les bénéfices, le ratio coût/bénéfice est positif. À ce jour, le ratio de la plupart des bibliothèques évaluées a été de 3:1 ou plus, ce qui est un résultat supérieur à ceux obtenus dans d’autres domaines du secteur public – entre autres en santé, éducation et transport.<a href="http://www.ala.org/ala/research/librarystats/worththeirweight.pdf">1</a> </p>
<p>Une autre méthode souvent utilisée est celle de l’évaluation contingente (<em>contingent valuation</em>). Il s’agit d’une méthode qui se sert d’enquêtes pour estimer la valeur des biens publics. On crée ainsi un marché hypothétique, dans lequel les répondants doivent prendre des décisions économiques : combien sont-ils prêts à payer pour tel niveau de service (WTP : <em>willingness to pay</em>) ou encore de combien leurs comptes de taxes devraient-ils baisser pour accepter que ce service soit aboli (WTA : <em>willingness to accept</em>). En utilisant cette méthode pour évaluer les bibliothèques publiques de la Norvège, Aabo<a href="http://archive.ifla.org/IV/ifla71/papers/119e-Aabo.pdf">2</a> a obtenu un rapport coûts-avantages très positif de 1 pour 4 (2005). De son côté, la British Library<a href="http://www.bl.uk/pdf/measuring.pdf">3</a> a fait l’exercice en 2003. L’étude est arrivée à la conclusion que chaque année, la British Library génère une valeur 4.4 fois plus grande que ce qu’elle coûte en fonds publics.</p>
<p align="center"><em>“ You must value yourself in today’s economy.</em></p>
<p align="center"><em>If you don’t, you have no value.”</em></p>
<p align="center"><em>— Tim Lynch, Florida State University Center for Economic Forecasting <a href="http://www.ala.org/ala/research/librarystats/worththeirweight.pdf">1</a> </em></p>
<p>Cette nouvelle pression pour donner une valeur « économique » aux bibliothèques publiques a toutefois quelques effets pervers, notamment dans le monde anglo-saxon. En effet, certaines études – dont <em>Making cities stronger : Public library contributions to local economic developmen</em>t réalisée en 2007 par « Urban Libraries Council »<a href="http://www.urban.org/publications/1001075.html">4</a> - invitent les bibliothèques publiques à accorder une plus grande place aux besoins du milieu des affaires afin d’accroître la valeur économique de celles-ci. </p>
<p><img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/cbl-with-sign-2.jpg" alt="cbl-with-sign-2.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" height="104" width="200" />Ce rapport recommande notamment aux bibliothèques publiques d’investir davantage dans les bases de données d’affaires et de former le personnel afin qu’il puisse répondre aux besoins de ce domaine. On incite ainsi les bibliothèques à devenir des partenaires du développement économique en bonifiant l'offre de services aux compagnies locales, aux chercheurs d'emplois ainsi qu'en offrant des formations sur l'utilisation des ordinateurs - ce qui diminueraient les coûts de formation pour les entreprises. On semble vouloir évacuer toute la dimension « ludique » des bibliothèques, comme si cela ne valait pas grand-chose du point de vue « économique ». Les budgets alloués aux bibliothèques publiques étant limités, on peut craindre une diminution des dépenses pour le côté plus récréatif de ces institutions si on accorde une trop grande importance aux besoins des entreprises. Il y a là « rivalité » pour l’allocation des fonds publics.</p>
<h2>Est-ce que la tendance se maintient ?
</h2>
<p> Toutefois, il y a une partie du milieu qui ne s'attarde pas qu’à une définition quantitative de la valeur des bibliothèques. Oui, des résultats validés par des outils de mesure économique parlent le même langage que les dirigeants qui octroient les budgets des organismes publics, mais la meilleure façon de faire pression sur ceux-ci et de s'assurer que la valeur des bibliothèques est reconnue n'est-elle pas d'ancrer la valeur des bibliothèques dans la conscience populaire d'une collectivité pour que celle-ci soit le défenseur de ses propres bibliothèques? Cette position demande donc de parler non pas un langage économique, mais social et culturel en développant une marque de commerce des bibliothèques à l'aide de diverses initiatives pour rejoindre sa communauté et démontrer directement à celle-ci la valeur des institutions qui la serve. Cette autre dimension est développé dans les nouvelles <em>Lignes directrices pour le développement des bibliothèques publiques au Québec</em> où la vision des bibliothèques est décrite entre autres par ces mots :</p>
<p><em>« Elle contribue à vitaliser le milieu, à stimuler le potentiel de développement des individus et de la communauté et à édifier une société démocratique plus juste et plus libre. »</em><a href="http://www.asted.org/home.php?sid=catalogue&pid=product_book&stid=3045">5</a> </p>
<p> <img src="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/images/Affiche.jpg" alt="Affiche.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" height="222" width="200" />Sans bien sûr faire fi des indicateurs traditionnels (pourcentage de la population inscrite ou taux de roulement des collections par exemple) et en oubliant pas de mentionner l’importance d’une collaboration étroite avec les administrations locales, ce guide tend vers l’idée de bibliothèques publiques ayant comme valeur primaire une approche participative et centrée vers l’usager. Cette approche trouve écho dans un projet que le réseau des bibliothèques de Montréal ont mis en place en 2013, le Festival Montréal joue.<a href="http://arene.bibliomontreal.com/festival-montreal-joue">6</a> Cette initiative combine plusieurs partenaires dont des entreprises de jeux vidéo installées à Montréal, offrant une vitrine pour celles-ci, et les bibliothèques de la ville qui démontrent ainsi la diversité de leur offre. La couverture médiatique a sûrement permis aux bibliothèques un sacré coup de publicité et peut-être même, aider à dépoussiérer la marque de commerce des bibliothèques envers les jeunes et les moins jeunes. Elle démontre également la possibilité de créer des liens avec d’autres milieu dont celui des affaires sans oublier la dimension ludique de la bibliothèque.</p>
<p> Un récent article de blog<a href="http://www.raincoast.com/blog/details/guest-post-cory-doctorow-for-freedom-to-read-week/">7</a> suggère l’idée d’une bibliothèque axée sur la littératie informatique, mais l’amène encore plus loin en imaginant une « bibliothèque - centre de création » où les usagers apprennent à créer leurs propres machines et systèmes. L’idée est de ne pas seulement enseigner comment utiliser un ordinateur ou l’internet, mais aussi les principes et l’architecture physique et intellectuelle qui soutendent les outils de notre siècle. Les bibliothèques devenus des lieux de fabrication pour les inventeurs seraient donc en mesure de prouver directement leur valeur économique !</p>
<p><em>« They (libraries) should be book-lined, computer-filled information-dojos where communities come together to teach each other black-belt information literacy, (...) to show them how to master the tools of the networked age from the bare metal up. »</em> <a href="http://www.raincoast.com/blog/details/guest-post-cory-doctorow-for-freedom-to-read-week/">7</a> </p>
<p>____________</p>
<p>1. Americans For Libraries Council, 2007, Worth Their Weight: An Assessment of the Evolving Field of Library Valuation, <a href="http://www.ala.org/ala/research/librarystats/worththeirweight.pdf" target="_blank">ala.org/worththeirweight.pdf</a> </p>
<p>2. World Library and Information Congress: 71th IFLA General Conference and Council, Libraries - A voyage of discovery, <a href="http://archive.ifla.org/IV/ifla71/papers/119e-Aabo.pdf" target="_blank">ifla.org/119e-Aabo.pdf</a> </p>
<p>3. British Library, 2003, Measuring our value, <a href="http://www.bl.uk/pdf/measuring.pdf" target="_blank">bl.uk/measuring.pdf</a> </p>
<p>4. Urban Institute, 2007, Making Cities Stronger, <a href="http://www.urban.org/publications/1001075.html" target="_blank">urban.org/1001075.html</a> </p>
<p>5. ASTED, Lignes directrices pour les bibliothèques publiques du Québec, <a href="http://www.asted.org/home.php?sid=catalogue&pid=product_book&stid=3045" target="_blank">asted.org/product=3045</a> </p>
<p>6. Festival Montréal joue, <a href="http://arene.bibliomontreal.com/festival-montreal-joue" target="_blank">arene.bibliomontreal.com</a> </p>
<p>7. Libraries, Hackspaces and E-waste: how libraries can be the hub of a young maker revolution,
<a href="http://www.raincoast.com/blog/details/guest-post-cory-doctorow-for-freedom-to-read-week/" target="_blank">raincoast.com/blog/cory-doctorow</a></p>
<p><strong>Source des photos</strong></p>
<p>1. <a href="http://www.sxc.hu/photo/851180" target="_blank">Sxc.hu/photo/851180</a> </p>
<p>2. <a href="http://islingtonchamber.org.uk/2010/02/the-city-business-library-a-resource-icc-members-cant-afford-not-to-use/" target="_blank">City Business Library</a> </p>
<p>3. <a href="http://arene.bibliomontreal.com/festival-montreal-joue" target="_blank">Montréal joue</a> </p>
L’autoédition ; solution à la censure du marché ?
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2013-02-28T03:17:00-05:00
2013-02-28T10:54:19-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Billet rédigé par Sarah-Kim Poirier et Catherine Racicot pour le cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org" target="_blank">Économie du document</a></p>
L’autoédition est une pratique qui remonte à bien longtemps.
Contrairement à l’auto-publication, l’autoédition implique une autonomie
complète de l’auteur quant au contenu, à la forme ainsi qu’à la
diffusion de son œuvre. Si l’auteur en question fait appel à des services d’autoédition, ces services sont limités à la seule production du document. En ce sens, l’autoédition est un moyen de pallier à la censure. Orchestrée par les joueurs les plus influents du milieu littéraire, la censure du marché est bien présente. L’autoédition est une avenue qui permet à l’auteur de contourner cet obstacle. Cette pratique comporte plusieurs avantages, mais également quelques inconvénients.
<h2>Avantages de l’autoédition</h2>
<p>L’autoédition permet tout d’abord à l’auteur de s’affranchir des modèles traditionnels de l’édition et de la publication. Elle épargne à l'auteur « les douloureuses étapes de relecture et de corrections, lui permettant de dévoiler son œuvre sans filtre et d'entretenir une relation plus directe avec ses lecteurs, en plus de lui permettre un accès plus direct aux profits générés par la vente de son livre» (<a href="http://blogues.radio-canada.ca/plusonblogue/2012/04/11/lautoedition-permet-elle-une-litterature-plus-singuliere/" target="_blank">Couture</a>, 2012). L’autoédition permet surtout à l’auteur de publier ses ouvrages malgré le fait que le contenu ou le ton de ces documents ne coïncident pas avec les lignes éditoriales des maisons d’édition ou avec la tendance littéraire du moment (<a href="http://blogues.radio-canada.ca/plusonblogue/2012/04/11/lautoedition-permet-elle-une-litterature-plus-singuliere/" target="_blank">Couture</a>, 2012).</p>
<p>Enfin, l’autoédition offre la chance à l’auteur de devenir «entrepreneur de sa notoriété». En effet, n’ayant pas accès au monde de l’édition traditionnelle, l’auteur qui choisit l’autoédition peut s’engager dans un « réseau d’auteurs-lecteurs qui fabrique un tissu dense de promotions croisées permet[tant] de progresser collectivement dans la visibilité» (<a href="http://panic.wp.mines-telecom.fr/files/2012/04/2012-Trajectoires-et-r%C3%A9seau-Panic-VBeaudouin.pdf" target="_blank">Beaudouin</a>, 2012).</p>
<p>Le milieu de l'autoédition n'a pas souffert de l'émergence du numérique. Au contraire, certains quotidiens parlent de «résurgence» du livre indépendant car l'édition se démocratise et qu’il est plus facile que jamais de publier pour une somme modique (<a href="http://www.lapresse.ca/arts/livres/201111/25/01-4471502-expozine-dix-ans-dedition-parallele.php" target="_blank">Laurence</a>, 2011). Les ouvrages publiés selon ce procédé font également moins l’objet de préjugés qu’auparavant. « Il y a encore dix ans, autoédition rimait avec compte d’auteur et arnaque, aujourd’hui les préventions sont tombées » constate le gestionnaire de la plateforme Le Publieur (Alain Beuve-Méry).</p>
<p>L’autoédition est finalement facilitée par l’apparition de plateformes offrant leurs services. LePublieur aide à définir le projet de l’auteur et gère les étapes de fabrication et de commercialisation. La Carte blanche offre quant à elle « la révision, la mise en pages et l’infographie. Viennent ensuite des conseils sur le tirage et la qualité du papier » (Levée, 2010). Enfin, le Kindle Direct Publishing (KDP) d'Amazon propose un service d'auto-publication (<a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2012/01/15/Amazon-marie-biblioth%C3%A8que-et-autopublication" target="_blank">Salaün</a>, 2012).</p>
<p>Les tâches que l’auteur devra accomplir s’il opte pour l’autoédition sont nombreuses. En effet, « dans le système de l’autoédition numérique, des rôles qui étaient autrefois distribués se trouvent à la seule charge des auteurs » (<a href="http://panic.wp.mines-telecom.fr/files/2012/04/2012-Trajectoires-et-r%C3%A9seau-Panic-VBeaudouin.pdf" target="_blank">Beaudouin</a>, 2012). La correction, la mise en page, l’attribution d’un numéro ISBN, le dépôt à la Bibliothèque nationale, la remise à l’imprimeur, la vente et la création d’un site web sont autant d’étapes que l’auteur devra franchir avant de voir son ouvrage publié. Toutefois, les bénéfices semblent en valoir la peine.</p>
<h2>Inconvénients de l’autoédition</h2>
<p>L’autoédition ne comporte évidemment pas que des avantages. Certes, un nombre beaucoup plus élevé d’auteurs parvient à publier de cette manière, mais cela ne crée-t-il pas justement une surcharge informationnelle ? Comment tirer son épingle du jeu et se faire remarquer à travers cet amas d’œuvres autoéditées ? Et surtout, comment prouver que son travail porte l’empreinte de la qualité ? Aucun contrôle de qualité (<a href="http://www.ledevoir.com/culture/livres/171482/se-publier-envers-et-contre-tous">Montpetit</a>, 2008) n’est fait, et donc, il n’y a aucune assurance pour le lecteur qu’il s’agit d’une œuvre qui en vaut la peine. Antoine Gallimard, une sommité dans le domaine, est même allé jusqu’à affirmer que l’autoédition ne pouvait se substituer à une « édition choisie, maîtrisée, orchestrée autour de marques fortes et de prescripteurs reconnus » (<a href="http://www.auto-edition.com/forumedition55.html" target="_blank">Forum de l’auto-édition</a>, 2012). Ajoutons à cela l’absence de publicité faite autour du livre, et nous obtenons une grande difficulté à se faire connaître.</p>
<p>Malgré quelques minces exceptions (<a href="http://www.actualitte.com/librairies/fifty-shades-of-grey-ou-la-bequille-de-l-edition-36379.htm" target="_blank">Fifty Shades of Grey</a>, entre autres), les livres autoédités ne deviennent généralement pas des bestsellers, et leur auteur ne peut vivre de sa plume. L’auteur retire donc une plus grande part des redevances dues à la vente de son livre, mais il en vend nettement moins que s’il avait suivi un parcours « normal » d’édition. Peut-on réellement dire qu’il soit gagnant ?</p>
<p>Certains auteurs québécois osent tout de même se frotter à l’autoédition, mais on se rend rapidement compte qu’il s’agit d’auteurs confirmés dont la réputation et la notoriété ne sont plus à faire. Christian Mistral, Dominique Blondeau et Marie Laberge sont trois auteurs qui ont été tentés par l’autoédition. Pour Marie Laberge, qui a mis sur pied son projet épistolaire nommé<a href="https://martha.marielaberge.com/site/index.php/page/home.html" target="_blank"> Martha</a> de 2008 à 2011, ce fut un « succès retentissant, une manne pour l’écrivaine qui a réussi à raccourcir la chaîne du livre pour ne garder que ses deux maillons extrêmes — l’auteur et le lecteur » (<a href="http://www.erudit.org/culture/lq1076302/lq1508005/62464ac.pdf" target="_blank">Caron</a>, 2010). L’autoédition serait-elle donc seulement envisageable après être passée par l’édition traditionnelle et s’être déjà fait connaître du grand public ? C’est ce que l’on est en droit de se demander.</p>
<p>Après avoir pesé les pour et les contre de l’autoédition, il semble que ce soit à chaque auteur de faire ses choix en tenant compte des aspects qui sont les plus importants pour lui. Il nous apparaît toutefois clair que l’autoédition, malgré ses inconvénients, peut être une solution à la censure opérée par le marché. L’explosion du livre numérique et des sites d’autoédition pourrait également changer la donne au cours des prochaines années et il nous faudra rester à l’affût des développements futurs concernant le monde de l’autoédition.</p>
<h2>Bibliographie</h2>
<p>Barroux, David, Alexandre Counis et Anne Feitz. « Arnaud Nourry (Hachette livre) : Nous avons créé un écosystème vertueux sur le marché du livre ». Les Échos, 8 octobre 2012.<br />
<<a href="http://www.lesechos.fr/08/10/2012/lesechos.fr/0202310259853_arnaud-nourry--hachette-livre-----nous-avons-cree-un-ecosysteme-vertueux-sur-le-marche-du-livre-.htm" target="_blank">http://www.lesechos.fr/08/10/2012/lesechos.fr/0202310259853_arnaud-nourry--hachette-livre-----nous-avons-cree-un-ecosysteme-vertueux-sur-le-marche-du-livre-.htm</a>></p>
<p>Beaudouin, Valérie. Trajectoires et réseau des écrivains sur le Web : construction de la notoriété et du marché. [PDF]<br />
<<a href="http://panic.wp.mines-telecom.fr/files/2012/04/2012-Trajectoires-et-r%C3%A9seau-Panic-VBeaudouin.pdf" target="_blank">http://panic.wp.mines-telecom.fr/files/2012/04/2012-Trajectoires-et-r%C3%A9seau-Panic-VBeaudouin.pdf</a>></p>
<p>Beuve-Méry, Alain. «Faut-il choisir l’auto-édition?». Le Monde, Le Monde des livres, janvier 2011. <br />
<<a href="http://www.enviedecrire.com/faut-il-choisir-auto-edition/" target="_blank">http://www.enviedecrire.com/faut-il-choisir-auto-edition/</a>></p>
<p>Blog l’Auto-édition.com. 2012. Auto-édition, un avis signé Antoine Gallimard. <br />
<<a href="http://www.auto-edition.com/forumedition55.html" target="_blank">http://www.auto-edition.com/forumedition55.html</a>></p>
<p>Caron, Jean-François. «Un livre sur mesure; ouvertures et conséquences de l’autoédition». Lettres québécoises, Hiver 2010. p. 13-16.</p>
<p>Couture, Philippe. «L'autoédition permet-elle une littérature plus singulière?». SRC Blogues, Plus on est de fous, plus on blogue! 11 mai 2012. <br />
<<a href="http://blogues.radio-canada.ca/plusonblogue/2012/04/11/lautoedition-permet-elle-une-litterature-plus-singuliere/" target="_blank">http://blogues.radio-canada.ca/plusonblogue/2012/04/11/lautoedition-permet-elle-une-litterature-plus-singuliere/</a>></p>
<p>Delforge, Marie. «L’autoédition vue par une lyonnaise». Le Progrès, 16 mai 2012, p.19.</p>
<p>Finder, Alain. « The Joys and Hazards of Self-Publishing on the Web ». The New York Times, 15 août 2012.<br />
<<a href="http://www.nytimes.com/2012/08/16/technology/personaltech/ins-and-outs-of-publishing-your-book-via-the-web.html?pagewanted=all&_r=0" target="_blank">http://www.nytimes.com/2012/08/16/technology/personaltech/ins-and-outs-of-publishing-your-book-via-the-web.html?pagewanted=all&_r=0</a>></p>
<p>Laberge, Marie. 2011. Des nouvelles de Martha.<br />
<<a href="https://martha.marielaberge.com/site/index.php/page/home.html" target="_blank">https://martha.marielaberge.com/site/index.php/page/home.html</a>></p>
<p>Laurence, Jean-Christophe. «Expozine; dix ans d’édition parallèle». La Presse, Lectures, 25 novembre 2011.<br />
<<a href="http://www.lapresse.ca/arts/livres/201111/25/01-4471502-expozine-dix-ans-dedition-parallele.php" target="_blank">http://www.lapresse.ca/arts/livres/201111/25/01-4471502-expozine-dix-ans-dedition-parallele.php</a>></p>
<p>Levée, Valérie. «Le créneau de l’édition à compte d’auteur». Livre d’ici, mai 2010. p.11.</p>
<p>Macé, Morgane. « Fifty Shades of Grey ou la béquille de l’édition ». AtuaLitté, 30 août 2012. <br />
<<a href="http://www.actualitte.com/librairies/fifty-shades-of-grey-ou-la-bequille-de-l-edition-36379.htm" target="_blank">http://www.actualitte.com/librairies/fifty-shades-of-grey-ou-la-bequille-de-l-edition-36379.htm</a>></p>
<p>Montpetit, Caroline. « Se publier envers et contre tous ». Le Devoir, 12 janvier 2012. <br />
<<a href="http://www.ledevoir.com/culture/livres/171482/se-publier-envers-et-contre-tous" target="_blank">http://www.ledevoir.com/culture/livres/171482/se-publier-envers-et-contre-tous</a>></p>
Salaün, Jean-Michel. «Amazon marie bibliothèque et autopublication». Bloc-notes, 15 janvier 2012.<br />
<<a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2012/01/15/Amazon-marie-biblioth%C3%A8que-et-autopublication" target="_blank">http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2012/01/15/Amazon-marie-biblioth%C3%A8que-et-autopublication</a>>
Batailles de titans : la stratégie d’Apple
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2013-02-28T03:10:00-05:00
2013-02-28T10:55:04-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p><span class="">Ce billet a été rédigé par </span><span class=""><span class="">Michael David Miller et Ariane Parayre</span> dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank">Économie du document</a>. <br /></span></p>
<p>À la fin de l’année 2012, le <a href="http://online.wsj.com/article/SB10001424127887324677204578188073738910956.html" target="_blank"> Wall Street Journal</a>
prédisait que, pour 2013, la Grande guerre qui fait rage entre les
titans des technologies, c’est-à-dire Apple, Google, Facebook et Amazon
se livrerait sur les terrains du contenu (software) et des appareils
(hardware), terrains aux contours de plus en plus flous.</p> <p align="center"><img src="http://farm9.staticflickr.com/8480/8251577325_445d3c1f9b.jpg" <br="" />
<br />Source : <a href="http://www.flickr.com/photos/dullhunk/8251577325/sizes/m/in/photostream/">http://www.flickr.com/photos/dullhunk/8251577325/sizes/m/in/photostream/</a>
</p>
<p>Dans cette bataille épique, quelle est la stratégie générale d’Apple et, plus spécifiquement, quelle est celle adoptée sur le marché du livre électronique (ebook) ?</p>
<h2>Des portails exclusifs</h2>
<p>Impossible d’aborder la stratégie globale de vente d’Apple sans parler du lien qui unit, pour le géant à la pomme croquée, contenu et appareils. D’abord, il faut noter que la très grande majorité des revenus de l’entreprise proviennent de la vente d’appareils comme le mentionne Jean-Michel Salaün sur son <a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2011/08/25/Apple,-la-strat%C3%A9gie-de-la-forme" target="_blank"> blogue</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, quel rôle revient au contenu ? Celui, non moins essentiel, d’argument de vente : à la suite d’un produit Apple, l’iTunesStore, l’AppStore et le iBookStore, portails exclusifs faciles à utiliser, permettent le téléchargement de contenus gratuits et, bien sûr, payants. On y encourage l’utilisateur à se procurer, contre paiement, des options complémentaires à ses applications ou des versions « améliorées » de celles-ci.</p>
<p>Dans ce contexte, il importe de comprendre que ce ne sont pas seulement <a href="http://www.prnewswire.com/news-releases/audible-and-apple-announce-availability-of-exclusive-content-through-apple-itunes-72559557.html" target="_blank"> certains contenus qui sont réservés aux utilisateurs Mac</a> mais aussi la manière, simpliste et exclusive, d’y accéder. Conséquemment, Apple, dans cet environnement fermé, a l’opportunité de contrôler leur utilisation tout en faisant la promotion de ventes dites complémentaires (après tout, le concept même d’application tel que popularisé par l’AppStore et l’Android Market n’est-il pas avant tout une façon de contrôler du contenu ?).</p>
<h2>Apple vs. the World</h2>
<p>Sur cet aspect d’accessibilité aux contenus, la clientèle d’Apple est probablement davantage favorisée que celle des autres. En effet, et plus précisément en lien avec le marché du livre électronique, il existe sur l’AppStore des applications gratuites pour<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mulation" target="_blank"> émuler</a> les livres offerts chez les principaux concurrents d’Apple dont ceux d’Amazon (Kindle) et de Barnes & Noble (Noox). Par exemple, un usager pourra lire sur son iPad un livre acheté chez Amazon en utilisant l’application Kindle qu’il aura téléchargé de l’AppStore. C’est ainsi qu’Apple empêche ses opposants de détenir un avantage concurrentiel qui passerait par une exclusivité de contenus. À l’inverse, la compétition, elle, n’a pas accès aux contenus détenu par Apple.</p>
<p>Pour les consommateurs, ce gain a cependant un prix : celui du<a href="http://bigstory.ap.org/article/apple-reveals-ipad-mini" target="_blank"> coup d’acquisition plus élevé des appareils Mac</a>. Du côté de l’entreprise, cela équivaut, le plus simplement du monde et selon la logique marchande, à une augmentation de ses revenus.</p>
<h2>Une stratégie au banc des accusés</h2>
<p>Si les adversaires d’Apple ne peuvent détenir l’avantage de l’exclusivité, sur quel autre atout peuvent-ils miser? Celui, bien sûr, des prix les plus bas. Il est indéniable que le Kindle et le Noox coûtent moins chers que l’iPad. Or, Apple justifie le prix de sa tablette par une offre accrue d’options (souvent sous forme d’applications), un design attrayant et des fonctionnalités multimédias.</p>
<p>Et, sur cette question monétaire, qu’en est-il des prix relatifs au contenu ? On apprenait que, pour cet enjeu particulier, Apple a pris des moyens qui joueraient dangereusement avec les limites de la légalité, tel que l’a rapporté, entre autres, <a href="http://blogues.radio-canada.ca/surleweb/2012/04/11/livre-numerique-poursuite-du-gouvernement-americain-contre-apple-et-des-editeurs/" target="_blank"> Radio-Canada</a>. Ainsi, la compagnie aurait fixé les prix des livres électroniques à la hausse avec la complicité de grandes maisons d’édition pour empêcher Amazon de vendre à rabais. Pratique monopolistique illégale ou avantage concurrentiel négocié ? Chose certaine, la<a href="http://www.actualitte.com/justice/ebook-la-commission-europeenne-absout-apple-et-les-editeurs-38896.htm" target="_blank"> Commission européenne</a> a absous l’entreprise californienne et ses éditeurs moyennant certaines conditions. De l’autre côté de l’Atlantique, Washington maintient sa poursuite et le procès devrait avoir lieu en juin 2013. Pour le moment, en se fiant à la décision européenne, on peut conclure que, sur les grands champs de bataille, tous les coups sont permis. L’avenir nous dira où se placera la justice du côté de chez l’Oncle Sam et si Apple, dans un désir d’écraser toute concurrence, est allé, sur sa propre patrie, trop loin...</p>
Le livre imprimé va t-il survivre au numérique ?
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2013-02-28T02:51:00-05:00
2013-02-28T10:55:39-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Arlette Lucie Ndetchou dans le cadre du cours Economie du document.</p>
L'existence du livre imprimé remonte à plus de cinq siècles. Il a
longtemps été considéré comme le principal support des connaissances (du
moins, depuis l'invention de l'imprimerie vers 1450 par Gutenberg,
période au cours de laquelle il a connu son expansion). Le livre imprimé
se voit aujourd'hui fortement concurrencé, voire menacé par la venue du
numérique, soutenu par le web qui, en l'espace de quelques années, a
connu une avancée exponentielle. La question qui se pose ici est celle de savoir si le livre imprimé va résister à la vague déferlante du numérique. En fait, en quoi la montée du numérique fait-elle craindre pour l’avenir du livre imprimé? Le numérique est-il si puissant et si bien implanté? Et le livre imprimé est-il tant que ça à l’article de la mort ?
<h2> Le livre imprimé à l’agonie…</h2>
<p>Le numérique signe-t-il l’arrêt de mort de l’imprimé ?</p>
<p> Telle est la question qui se pose et qui s’impose même pratiquement à tous, au regard de la grande envergure que prend le numérique et la multiplication des supports de lecture. Selon<a href="http://www.cnetfrance.fr/news/les-utilisateurs-de-liseuses-consomment-presque-2-fois-plus-de-livres-que-les-autres-39785368.htm"> Florent Taillandier pour Cnet</a>, les gens qui possèdent des liseuses lisent deux fois plus de livres (25 en moyenne par an), que les lecteurs sur support imprimé (14 en moyenne par an). De plus en plus, les gens délaissent même les liseuses au profit des tablettes, puisqu’ils considèrent que la lecture sur liseuse n’est pas différente de la lecture sur imprimé, dans la mesure où la liseuse ne livre qu’une transposition fidèle de l’imprimé. Pourtant, le lecteur veut être en mesure de manipuler le texte, de copier et coller au moyen de simples clics, des passages qu’il souhaiterait citer. Grâce au numérique et par l’intermédiaire de sa tablette, le lecteur peut transporter avec lui autant de livres qu’il souhaite et qu’il pourra consulter en tout lieu et en tout temps, sans aucune gêne liée aux contraintes de poids ou d’espace. Il peut, de plus, chercher et acquérir des livres sans avoir à se déplacer. Le numérique permet d’économiser aussi bien l’espace du lecteur que son temps.</p>
<p> L’un des aspects du numérique qui fait son succès, c’est la navigabilité qu’il offre au lecteur à travers les liens hypertextes qui permettent d’étayer et d’approfondir un sujet. Le texte s’en trouve enrichi et interactif. On en est arrivé, selon le Mobnotate (<a href="http://www.mobnotate.com/report?epub_file_key=AMIfv94uADZu_OeAfzwM9__EI5UpQ74UtZTBiB3kUMAtGxsAY9ZpbD51CoOAwTUM0U-oqZDiKxVGSIL0laIdbu1Yt5qLBjwuy4j4Ef58s4Ajos_hgV-8x5zgKsdzwJxXQ-BpP3J4Cl8nXXx3PxlRMo3Ci6fpK9g7Ig&from_id=93da759940da4688f3b3433c63b7448a">Ici) </a>de Ricky Wong, à générer des liens entre des livres à l’aide d’algorithmes qui pourraient même aller chercher des articles en relation avec le sujet de lecture. Et comme l’affirme Hugh McGuire, grâce aux hyperliens qui conduisent d’un endroit à un autre, <a href="http://book.pressbooks.com/chapter/book-and-the-internet-hugh-mcguire">les livres et l'internet vont fusionner</a> d’ici cinq ans. Certaines maisons de presses, comme Les Presses universitaires de France (PUF) qui ont commencé à numériser leurs fonds, annoncent par ailleurs qu’il est probable, qu’en 2014, il n’existe plus de version imprimée de leurs revues. Avec les nombreux nouveaux appareils numériques (liseuses, tablettes, ordinateurs portables, ordinateurs fixes, smatphones), le nombre d’e-lecteurs s’est aussi accru et à l’inverse, on a assisté à la baisse des ventes des livres imprimés. Cette tendance s’est observée à travers le monde. Mais elle ne s’est pas maintenue très longtemps.</p>
<h2> Chute vertigineuse du numérique et résurrection du livre imprimé …</h2>
<p> Passé l’effet de mode ou l’attrait de la nouveauté observé, on assiste à un ralentissement du marché du livre numérique. D’où la question de savoir si <a href="http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2012/03/30/le-marche-du-livre-electronique-est-il-en-panne/" target="_blank">le-marche-du-livre-electronique est en panne</a>. De nombreuses études montrent qu’en France, ça n’a jamais vraiment décollé, en partie à cause de son coût élevé. Même aux États-Unis où il y a eu un véritable boom du livre numérique, la baisse est drastique. Kelly Gallagher, vice-président de Bowker, parle du passage «d'une croissance exponentielle à une croissance incrémentale» et on note par ailleurs que plus le numérique se répand, moins il touche les lecteurs; les nouvelles cibles sont plus adeptes de jeux vidéo. C’est la raison pour laquelle le marché des liseuses s’effondre peu à peu pour laisser la place aux tablettes qui sont multifonctionnelles (300 000 liseuses vendues contre 3,4 millions de tablettes en 2012). Comme l’affirme<a href="http://www.technologyreview.com/news/508711/amazon-is-undermining-the-e-reader-market-it-created/" target="_blank"> Jordan Selburn d'iSuppli à laTechnology Review</a>, « Les gens veulent faire d'autres choses sur leurs appareils que seulement lire des livres». De plus, 60% de ceux qui achètent des livres numériques aux États-Unis retournent au livre imprimé qu’ils consomment encore plus qu’avant. Enfin, une catégorie de lecteurs, nostalgiques du livre imprimé, justifient leur attachement par les vertus qu’ils en tirent. Selon eux, la page du livre est unique pour son parfum, senteur qui grise l’appétit du lecteur et maintient un lien affectif avec le document. Par ailleurs, feuilleter les pages d’un livre n’est pas, pour ces lecteurs, un acte banal. C’est une poésie, un acte de communication intime entre le livre et eux. Et par conséquent, seuls les lecteurs qui ont feuilleté les pages d’un livre imprimé peuvent ressentir cette sublime magie. </p>
<h2>Vous avez dit multitâche ?</h2>
<p> Avec sa tablette, le lecteur est dispersé, son attention n’est pas entièrement dédiée au sujet de lecture. La lecture n’est plus linéaire, elle est fragmentée. Il n y a plus de longues heures de concentration comme celles dédiées au livre imprimé. A ce sujet, Antoine Robitaille (Le devoir, 18 février 2013) affirme que « le patient tueur [de l’imprimé]… l’ère numérique … propage le virus du déficit d’attention». Je dirais qu’il s’agit même du virus du détournement d’attention. En effet, le lecteur est constamment distrait dans sa lecture, son attention est détournée du texte par des alertes, des messages divers qui surgissent de partout. Certes, si la multiplication des hyperliens dans le texte numérique, rendue possible par la plasticité, permet d’enrichir le texte, d’apporter des éclairages nouveaux à la lecture, il n’en demeure pas moins qu’il y a de fortes chances qu’à force de papillonner d’un texte à l’autre, le lecteur se perde dans ce labyrinthe, qu’il ne retrouve plus son texte d’origine et ainsi n’en termine jamais la lecture. D’ailleurs, <a href="http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2012/09/03/hiptype-la-publication-guidee-par-les-donnees/" target="_blank">on sait même qu'un tiers des lecteurs ne dépassent pas la 50e page d'un livre</a>.</p>
<h2> L’épine dans le pied du numérique…</h2>
<p> Les DMR constituent aussi un frein au livre numérique. En fait, certains auteurs ne veulent pas publier leurs livres en numérique de peur d’être piratés. C’est sans doute la raison pour laquelle des fournisseurs de livres numériques ont décidé de les crypter, pour empêcher leur copie ou leur prêt. Seulement, ces dispositifs de cryptage posent deux problèmes majeurs : d’une part, un lecteur peut acheter légalement son livre et ne pas être en mesure de l’ouvrir parce qu’il y a incompatibilité entre le format du livre et sa liseuse. Évidemment, il s’en trouvera fortement frustré. D’autre part, le lecteur trouve que ses droits sont bafoués, il n’a même pas la propriété matérielle du livre numérique, contrairement au livre imprimé qu’une fois qu’il l’a acquis, il peut le conserver, le donner, le prêter, le revendre ... Or beaucoup de lecteurs refusent de sacrifier la possession ou le partage des livres. Et l’ironie est que les pirates arrivent à contourner les DMR !</p>
<p>En somme, ce qu’il convient de relever est que les funérailles du livre imprimé sont annoncées depuis plus de quinze ans, mais comme un subtil roseau, il plie mais ne rompt pas ! En fait, est-ce tant la montée du numérique qui menace le livre imprimé ou ce sont les pratiques culturelles qui risquent de tuer la lecture, quel qu’en soit le support ?</p>
Rentabiliser le patrimoine documentaire: le cas de Google Books
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2013-02-28T02:41:00-05:00
2013-02-28T10:57:01-05:00
Jean-Michel Salaun
Cours
Billet étudiant
<p>Ce billet a été rédigé par Justin Bérubé et Marie-Claire Lefort dans le cadre du cours <a href="http://archinfo24.hypotheses.org/" target="_blank"> Economie du document</a>.</p>
Google Books est bien connu pour la numérisation massive de livres
contenus dans les collections des bibliothèques publiques et
universitaires. À ce propos, une <a href="http://www.actualitte.com/acteurs-numeriques/google-numerise-les-collections-universitaires-de-l-etat-du-michigan-40153.htm" target="_blank"> nouvelle entente</a>
signée avec le Committee on Institutional Cooperation permet à la
société d’ajouter à sa base de données près de 50 000 titres des
bibliothèques universitaires de l’État du Michigan. Ce type d’entente, conclu principalement avec de grandes bibliothèques américaines, est l’une des deux sources d’approvisionnement en livres de Google. La seconde est le <a href="http://books.google.ca/intl/fr/googlebooks/publishers.html" target="_blank"> programme partenaires</a>, par laquelle l’entreprise invite les éditeurs et les auteurs à déposer leurs œuvres littéraires sur son site. Ce service est gratuit, et celui qui dépose ses documents peut choisir l’étendue des informations qu’il rend accessibles. Il peut s’agir des données bibliographiques, d’extraits du texte ou même de l’intégralité de l'oeuvre.
<h2>Un modèle d’affaires axé sur des contenus</h2>
<p>Les moyens d'approvisionnement de Google Books, qui reposent en grande partie sur la numérisation de livres provenant des bibliothèques, a vite fait l’objet de poursuites judiciaires pour violation du droit d’auteur. C’est que plusieurs de ces livres n’appartiennent pas au domaine public. Le nombre de ces livres numérisés sans autorisation est estimé à <a href="http://www.uneq.qc.ca/documents/file/historique-google-recherche-de-livres.pdf" target="_blank">7 millions</a> en 2009. À ce jour, la majorité de ces actions judiciaires ont débouché sur des ententes entre Google et les ayants droit. En France notamment, les éditeurs ont conclus un <a href="http://www.lesechos.fr/12/06/2012/LesEchos/21203-133-ECH_numerisation-des-livres-epuises---paix-des-braves-entre-google-et-les-editeurs.htm" target="_blank"> accord-cadre</a> en 2012 avec Google sur la numérisation des livres épuisés. Celui-ci prévoit que Google doit obtenir au préalable l’autorisation des éditeurs pour numériser des livres épuisés sur lesquels ils ont des droits. Dans le cas des livres déjà numérisés, les éditeurs peuvent demander à Google de retirer ceux-ci de sa base de données. Un accord similaire a été signé aux États-Unis avec l’<a href="http://www.publishers.org/press/85/" target="_blank">Association of American Publishers</a> en octobre 2012 et prévoit que les éditeurs choisissant de ne pas retirer leurs oeuvres recevront une copie numérique de celles-ci.</p>
<p>Bien que les modalités exactes de ces ententes demeurent secrètes, il semble que Google refuse de payer pour les contenus qui alimentent son modèle d’affaires. Certes, cette société est prête à accorder certaines compensations financières, comme celle consentie à la <a href="http://www.actualitte.com/societe/accord-cadre-google-l-impression-a-la-demande-menace-les-auteurs-34701.htm" target="_blank"> Société des gens de lettres</a> (SGDL) pour le développement de son fichier des auteurs et des ayants droit, mais il serait erroné d’y voir des indemnisations financières pour les droits d’auteurs. À ce propos, on pourrait comparer Google Books à une autre plateforme, Google News, qui agit comme un intermédiaire entre les lecteurs et les médias. <a href="http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/tech-medias/actu/0202545642519-comment-google-apprivoise-le-monde-de-la-culture-internet-535059.php" target="_blank">Nathalie Silbert</a> de Les Echos, note concernant ce dernier que “Google a soigneusement évité d’entrer dans la logique d’une redevance rémunérant l’indexation des sites d’information”. Mais avec Google Books, l’entreprise va encore plus loin dans l’appropriation des contenus puisqu’il numérise et conserve sur ses serveurs des oeuvres pour lesquelles il ne détient pas les droits.</p>
<h2>Les revenus par l’affiliation</h2>
<p>Le droit d’auteur, qui entrave la diffusion intégrale de certains livres, devient en quelque sorte une source de revenus pour Google puisque les documents doivent être vendus plutôt que diffusés librement. Google Books présente ainsi des liens vers les librairies qui offrent les livres consultés. Celles-ci doivent devenir partenaires de Google, qui reçoit alors de 6 à 10% du prix des ventes en échange de l’<a href="http://paidcontent.org/2012/02/24/419-google-scales-back-e-book-affiliates-program-drops-some-users/" target="_blank">affiliation</a>. Les librairies les plus importantes sont privilégiées pour les partenariats depuis 2012, puisqu’elles sont considérées plus rentables. Cependant, ce modèle est en perte de vitesse, Google développant maintenant une <a href="http://paidcontent.org/2012/04/05/google-no-more-e-books-for-indie-booksellers/" target="_blank">nouvelle approche</a>.</p>
<h2>Google Play : l’autoréférence comme stratégie d’affaires</h2>
<p>Google a ainsi créé en 2012 la plateforme Google Play, qui vend des jeux, des livres et des films. Il devient ainsi un véritable libraire. Lorsqu’un livre est disponible sur cette nouvelle plateforme, Google Books y réfère automatiquement, éclipsant du coup les autres libraires affiliés. Il s’accorde ainsi l’intégralité des revenus. Google entre ici en concurrence avec Amazon, et de nombreuses librairies qui n’ont pas autant de visibilité.</p>
<h2>L’abonnement institutionnel</h2>
<p>Google Books ne rend pas sa base de données totalement accessible, même pour les bibliothèques qui ont contribué au contenu par un partenariat de numérisation. Bien qu’elles aient droit à un accès étendu aux données, celui-ci est restreint à un seul poste informatique et avec des possibilités limitées pour l’impression. Pour contrer ces restrictions, elles doivent payer un <a href="http://www.libraryjournal.com/article/CA6624784.html" target="_blank"> abonnement institutionnel</a>.</p>
<p>Au terme de cet article, on peut se demander si ce modèle d’affaires est bénéfique aux utilisateurs. Ceux-ci ont eu accès à une masse énorme de documents très rapidement grâce aux investissements de Google en numérisation. Cependant, à plus long terme, l’entreprise doit rentabiliser ses services et son quasi-monopole dans l’indexation des contenus lui laisse beaucoup de marge de manoeuvre pour imposer ses règles.</p>
Intégralité des publications INRIA dans HAL
urn:md5:645d7251ac62a580d9c630e3ddf92695
2013-02-19T10:55:00-05:00
2013-02-19T10:55:00-05:00
Jean-Michel Salaun
Édition
<p>Extrait d'un message envoyé par le directeur de l'INRIA aux responsables des équipes de recherche et à diffuser aux chercheurs :</p>
<p><em>Il est devenu indispensable de développer le libre accès et donc de dépasser ce seuil (70% de publications de l'INRIA déposées) pour atteindre l'intégralité des dépôts dans HAL. Après en avoir débattu en Comité de direction de l'Institut, je souhaite que l'intégralité de notre production scientifique publique soit disponible sur l'archive ouverte HAL, je vous demande donc de déposer systématiquement les publications des membres de vos équipes-projets dans HAL et je prends les mesures d'accompagnement suivantes :</em></p>
<ul>
<li><em>dès octobre 2013, seules les publications déposées dans HAL seront prises en compte dans les fiches de synthèse rédigées par les équipes-projet qui sont remises aux experts dans nos séminaires d'évaluation,</em></li>
<li><em>dès novembre 2013, seules les publications déposées dans HAL seront prises en compte dans les rapports d'activité annuels (RAWeb),</em></li>
<li><em> </em>les thèses préparées au sein de nos équipes-projets devront elles aussi être systématiquement déposées dans une archive ouverte.<em></em></li>
</ul>