Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün) - Comment perdre un milliard de dollars ? - CommentairesRepérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique2023-02-23T18:35:44-05:00Jean-Michel Salaünurn:md5:49c8d8ac8d9d26b52cf4ac01c56b3bc3DotclearComment perdre un milliard de dollars ? - JM Salaunurn:md5:ff080989cf588319f06a07a51b606aaa2009-10-08T10:09:03-04:002009-10-09T02:33:06-04:00JM Salaun<p>Salut Bertrand,</p>
<p>Oui et non.<br />
Oui, le prix est déconnecté des coûts de production ou même de l'utilité. Le marketing sait bien que pour les produits courants c'est le prix psychologique qui compte.<br />
Nous sommes ici dans la haute finance. On pourrait dire que ce prix hallucinant est, ou plutôt était, celui que Google était prêt à payer pour garder une position dominante. Il n'a donc rien à voir avec les rentrées financières potentielles de YouTube, mais beaucoup avec le positionnement du moteur.</p>
<p>La politique vis-àe-vis de Google Book répond à la même logique : un investissement massif en numérisation de livres pour éviter qu'une concurrence s'installe. Maintenant pour ce service une sortie est recherchée sur la commercialisation des livres orphelins ou épuisés. Mais je suis persuadé que cette idée n'est apparue que par la suite, face aux menaces de procès des éditeurs. Et rien n'est encore gagné ici.</p>
<p>Reste que YouTube est toujours un gouffre financier, même si son audience et les dépôts de vidéos ont continué de croître, doublé maintenant d'une source supplémentaire d'ennuis judiciaires (voir procès Viacom).</p>
<p>Pire la fréquentation s'est déplacée sur les réseaux sociaux ou plus récemment Twitter. Même si, parait-il mais personne ne peut réellement le vérifier, FaceBook rentrerait aujourd'hui pour la première fois dans ses frais à cause d'une gestion très serrée de ses coûts. Les profits générés restent vraisemblablement ridicules face à ceux de Google dont la position dominante est progressivement grignotée en terme d'audience.</p>
<p>Nous sommes alors devant une destruction pure et simple de valeur, sans reconstruction évidente par ailleurs. Les ingrédients pour une crise se mettent en place. Google est protégé par la très grande intelligence de son système publicitaire et le cash-flow accumulé, mais il n'est pas seul et les situations évoluent vite.<br />
<a href="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2009/08/09/La-martingale-de-Google" title="http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2009/08/09/La-martingale-de-Google" rel="ugc nofollow">http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jm...</a></p>Comment perdre un milliard de dollars ? - bcalengeurn:md5:a0588e40ebac29eab585eb286edbd1612009-10-08T09:22:00-04:002009-10-08T09:31:09-04:00bcalenge<p>Comme c'est vrai Jean-Michel !! Mais je crains que cette subtile adéquation du prix à "ce que l'on est prêt à payer" aille bien au-delà de l'économie du numérique ! Et je ne parle pas des manœuvres bancaires qui se poursuivent (ni des bonus des traders), mais tout bêtement de notre vie quotidienne : le prix du micro-ordinateur, le prix du T-shirt fabriqué en Asie, le prix du café dans un bar,... , dont les prix n'ont rien à voir avec des charges réellement supportées, mais avec le profit maximal espéré (en clair :<br />
"Entre le prix d'achat primaire d'un objet augmenté des charges et salaires de la filière de distribution - socle en deçà duquel je cours à la faillite - , et un prix de vente potentiellement infini, qu'est-ce que ces cochons de payants sont prêts à payer ?". Et le prix de vente devient un prix marketing qui n'a que très peu à voir avec un raisonnement sur l'addition des coûts supportés par le vendeur, surtout s'il jongle sur un panel large de produits de provenances diverses.</p>
<p>Nous vivons quotidiennement cette réalité, à ces seules différences, il est vrai, que :<br />
- notre investissement dans nos achats quotidiens ne peut espérer aucun profit par spéculation ;<br />
- notre propre valeur de travail s'évalue à la même aune : "jusqu'où puis-je le faire travailler moins cher en maximisant les bénéfices ?"</p>
<p>Je n'ai jamais été marxiste de conviction, mais diable le vieux Karl avait l'œil juste, même s'il n'aurait peut-être pas imaginé un tel déferlement quotidien de la maximisation du profit...</p>
<p>Bref, les grandes manoeuvres de Google vis-à-vis de You Tube sont un espoir de maximisation de profit, comme les vendeurs de You Tube calculent - au même titre que le vendeur de Ferraris du coin - ce que le cochon de payant est prêt à débourser. Valeur ? Quelle valeur ?</p>