Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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dimanche 05 février 2012

Livre <=> Blog <=> Cours

Le livre Vu Lu Su sera disponible en librairie jeudi prochain et en ebook une semaine plus tard. On peut déjà lire l'introduction ci-dessous à partir du widget de La Découverte.

Comme les lecteurs assidus de ce blogue le constateront, il reprend souvent des éléments esquissés ici. Le blogue m'a servi en effet de carnet de notes pour la rédaction du livre. Pour rendre compte de cette relation, j'ai indexé une bonne partie des billets à partir de la table des matières du livre. Ainsi on peut se rendre compte du murissement du propos ou élargir la réflexion à partir des liens contenus dans les billets ou des idées non reprises dans le livre. Je vais poursuivre et ainsi placer le livre dans l'actualité du web et de la recherche au fur et à mesure des événements et analyses nouvellement produites.

Pour autant, le livre constitue un document qui garde toute son autonomie. Il est le résultat d'un travail de réflexion et de rédaction, lent et long, bien différent de la dynamique d'un blogue. Il constitue une proposition articulée et complexe, que j'espère novatrice et cohérente, dont la lecture est indépendante du maelström du web, dans le temps et dans l'espace. La version ebook du livre sera actualisée tous les six mois, mais il s'agira bien, chaque fois, d'une nouvelle édition.

Enfin, ce blogue est aussi étroitement articulé à un cours. À l'origine, le livre devait être le manuel du cours, mais mon éditeur m'en a dissuadé. Il a eu raison. Le cours est le lieu de la transmission directe pour les étudiants inscrits, même s'il est librement accessible sur le web. Il ne prend vraiment tout son sens qu'au moment de la transmission. La dernière fois qu'il a été dispensé, c'était en juin 2011. Je dois maintenant l'actualiser et trouver une autre plage pour le proposer en 2012. Un livre a un autre statut, un autre tempo et sa rédaction m'a amené sur d'autres chemins que ceux induits par la pédagogie.

Sans que cela ait été voulu au départ, je m'aperçois maintenant en souriant que ces trois propositions documentaires complémentaires privilégient chacune une des dimensions du document. Le livre, le vu ; le blogue, le lu ; et le cours, le su.

8 février 2012

L'université du Cleo 2011 vient de mettre en ligne l'enregistrement d'une conférence qui reprend principalement les éléments développés dans le chapitre 4 du livre.

lundi 23 janvier 2012

A documentary approach of the Web

Vu_lu_su-couverture.jpg (Seen, Red, Known: Information Architects and the Oligopoly of the Web) Feb 9th 2012

From the introduction:

(...) The first chapter points out that the library as a collector of documents is by far the oldest of the media. Its model is being challenged by digital media, but they are not the first to do this. Movable type printing had already deprived it of its functions of reproduction and circulation of the books. Conversely, the library was, consciously or not, one of the first sources of inspiration for the development of the Web and, ironically, some of the digital players have made use of its model for very profitable businesses even if it had always been based on a non-market ecosystem.

The second chapter returns to the concept of document to show that if its two functions of transmitting and of proving are ancient, the document has become a familiar object only in the nineteenth century. Its emergence is a contemporary development of modern science. Its peak coincides with the systematization of the library model. As often in the humanities and social sciences, it is when an object appears to be disappearing that the greatest efforts to understand it are made. While analyzing the break-up of the document through digitization, a group of researchers, signing the pseudonym Roger T. Pédauque, proposed to clarify the nature of the document according to its three dimensions: form, text or content, and medium or transmission mode, in other words as it is seen, read and known. This threefold partition will be our framework of reflection in the rest of the book.

The third chapter shows how the documentary organization, hierarchical and systematic as it has been since the nineteenth century, dominated the twentieth century while perfecting itself, and became a mirror of the society emerging from the industrial and scientific revolution. The construction of the Web under the leadership of the W3C has led to a radical documentary re-engineering that enables the user and modifies the document in its three dimensions. Pushed to its limit, the process reverses our truth system by transforming the individual himself into a document. The ongoing documentary re-engineering is consistent with the emerging values of postmodern society.

For published documents, three markets were opened, only three, corresponding to the three dimensions of the document: the publishing market, including the sale of goods (form), the library, including the sale of access services (text) and the show which is the sale of attention (medium). The Web is between broadcasting and the library, as the press was between publishing and entertainment in the nineteenth century. In the evolution from publishing to broadcasting via the press and the Web, a gradual change is occurring in the management of the space-time aspect of the production and consumption of published documents as regulated by the pricing system. In addition, the Web imposes itself to the media and makes use of their cross accessing and permanent archiving capabilities to transform them into memory industries. It then becomes possible to think over the traditional cultural economy categories to highlight the importance of the economy of the document. This new reading of cultural industries based on a document entry is the subject of the fourth chapter.

Our three-dimensional analysis of the document allows last (fifth chapter) to throw some light on the strategies of the major industrial players on the Web and to compare them with the intentions of the engineers and the wishes of Internet activists, while noting the distance between the utopias and the industrial achievements. Locking mechanisms and leasing agreements were set up focusing, once again, on one or the other dimension of the document: the form by controlling objects (Apple), the content by navigating through texts with "industrial readings " (Google), or the relationship (Facebook), with the more or less successfully aim to grab the maximum profit.

The book ends with the need for new information professionals, able to understand and make use of the changes underway to build and manage new documentary infrastructures. The iSchools in North America today train professionals skilled in both computer science and information science. These new professionals are sometimes called Information Architects. In French, I suggest using the term "archithécaires" to indicate those new skills, rooted in the knowledge of library science, but greatly exceeding it.

In summary, starting from the history of the document and its three-dimensional analysis, the book offers a different perspective on what is being discussed on the web. It shows that the invention of the web by Briton Tim Berners-Lee is taking over the systematic indexing efforts launched in the late nineteenth century, changing the document itself in its three dimensions: form, content and medium. The Web is then like any other media: it follows the model of the library and of broadcasting to meet the documentary aspirations of a society that has deeply changed. The old media themselves are expanding their vocation by becoming "memory industries" through the constantly ongoing and public digital archiving of their production. The newcomers, Apple, Google, Facebook, each favor a different dimension of the document, trying to take a dominant position in the construction of a "neodocument." (...)

See also (English subtitles) :

mardi 22 novembre 2011

Vu, lu, su, résumé et couverture

Sortie le 10 février 2012 en librairie, et j'espère avant en ebook.

(...) Le premier chapitre rappelle que la bibliothèque qui collecte les documents est, et de beaucoup, le plus ancien des médias. Si le numérique a ébranlé son modèle, il n’est pas le premier à l’avoir fait. L’imprimerie à caractères mobiles l’avait déjà privée de la fonction de reproduction et circulation des livres. Inversement, la bibliothèque a été, consciemment ou non, une des premières sources d’inspiration pour le développement du Web et, ironiquement, certains des acteurs du numérique ont réussi à faire de l’exploitation de son modèle une activité très profitable alors que celui-ci était depuis toujours fondé sur un écosystème non marchand.

Le deuxième chapitre revient sur la notion de document en montrant que si ses deux fonctions, transmettre et prouver, sont très anciennes, le document n’est devenu un objet familier qu’au XIXe siècle. Son émergence est contemporaine du développement de la science moderne. Son apogée coïncide avec la systématisation du modèle de la bibliothèque. Comme souvent dans les sciences humaines et sociales, c’est au moment où l’objet semble s’échapper que les efforts pour le comprendre sont les plus grands. Analysant l’éclatement du document au travers du numérique, un collectif de chercheurs, signant du pseudonyme Roger T. Pédauque, a proposé d’éclairer la nature du document à partir de trois dimensions : la forme, le texte ou le contenu, et le médium ou la transmission ; le « vu », le « lu » et le « su ». Cette partition servira de canevas pour la réflexion dans la suite du livre.

Le troisième chapitre montre combien l’organisation documentaire, hiérarchique et systématique, issue du XIXe siècle, a dominé le XXe en se perfectionnant, miroir d’une société issue de la révolution industrielle et scientifique. La construction du Web sous l’impulsion du consortium W3C a conduit à une réingénierie documentaire radicale qui met aux commandes l’internaute et modifie le document dans ses trois dimensions. Poussé au bout, le processus renverse notre régime de vérité en faisant de l’individu lui-même un document. Cette réingénierie documentaire est en phase avec les valeurs émergentes d’une société postmoderne.

Pour les documents publiés, trois marchés, et trois seulement, qui correspondent aux trois dimensions du document, ont été ouverts : l’édition avec la vente de biens (forme), la bibliothèque avec la vente de services d’accès (texte) et enfin le spectacle avec la vente d’attention (médium). Le Web s’insère entre la radiotélévision et la bibliothèque, comme la presse s’était insérée entre l’édition et le spectacle au XIXe. De l’édition à la radiotélévision en passant par la presse et le Web, on observe une modification progressive de la gestion de l’espace-temps de la production-consommation des documents publiés, régulée par l’organisation tarifaire. De plus, le Web s’impose aux médias et les transforme en industries de la mémoire, par leur accès transversal et leur archivage permanent. Dès lors, il est possible de reconsidérer les catégories traditionnelles de l’économie de la culture pour mettre en avant l’importance de celle du document. Cette relecture des industries culturelles à partir d’une entrée documentaire est l’objet du quatrième chapitre.

L’analyse tridimensionnelle du document permet enfin (cinquième chapitre) d’éclairer les stratégies des principaux acteurs industriels du Web et de les comparer avec les intentions des ingénieurs et les souhaits des internautes militants, soulignant la distance entre les utopies et les réalisations industrielles. Des verrouillages et des affermages ont été mis en place en privilégiant, là encore, l’une ou l’autre dimension du document : la forme, en maîtrisant les objets (Apple), le contenu, en navigant au travers des textes par des « lectures industrielles » (Google), ou encore la relation (Facebook), de façon à accaparer avec plus ou moins de succès le maximum de profits.

Le livre se conclut par le besoin de nouveaux professionnels de l’information, capables de comprendre les mouvements en cours pour construire et gérer les nouvelles infrastructures documentaires. Les iSchools en Amérique du Nord forment aujourd’hui des professionnels compétents aussi bien en informatique qu’en sciences de l’information. On appelle parfois ces nouveaux professionnels des « architectes de l’information ». En français, je suggère d’utiliser le terme d’« archithécaires » pour signifier ces nouvelles compétences, puisant leurs racines dans les savoirs bibliothéconomiques, mais les dépassant très largement.

En résumé, à partir de l’histoire du document et de son analyse tridimensionnelle, le livre propose un éclairage différent de ceux qui se discutent sur le Web. On y constate que cette invention du Britannique Tim Berners-Lee prend la suite des efforts d’indexation systématique lancés à la fin du XIXe, modifiant le document lui-même dans ses trois dimensions : la forme, le contenu et la fonction de transmission. Le Web est alors un média comme un autre, s’inspirant du modèle de la bibliothèque et de celui de la radiotélévision pour répondre aux aspirations documentaires d’une société qui a changé en profondeur. Les anciens médias eux-mêmes élargissent leur vocation en devenant des « industries de la mémoire » par l’archivage numérique continu et public de leur production. Les nouveaux venus, Apple, Google, Facebook, privilégient chacun une dimension différente du document pour tenter de prendre une position dominante dans la construction d’un « néodocument ». (...)

Vu_lu_su-couverture.jpg

jeudi 23 juin 2011

Redocumentarisation et web documentaire

Pour conclure les trois semaines intensives du cours sur l'économie du document de la maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI, voici un dernier module (M9) qui élargit la problématique en développant la notion de redocumentarisation et, cerise sur le gâteau grâce à l'amabilité du Collégium de Lyon, ci-dessous un petit film qui articule la théorie du document et son économie numérique contemporaine, présentée dans un module précédent (M7).

Pour aller plus loin :

Olivier Ertzscheid, L'homme est un document comme les autres : du World Wide Web au World Life Web, Hermès, no. 53 (2009): 33-40.

Roger T. Pédauque, Le document à la lumière du numérique, C&F éditions, 2006.

Roger T Pédauque, “Document : forme, signe et médium, les re-formulations du numérique” dans Le Document à la lumière du numérique (C & F éditions., 2006), English version, Versión española

Roger T. Pédauque, Document et modernités, dans Le Document à la lumière du numérique (C & F Éditions, 2006), .

Jean-Michel Salaün, Web et théorie du document. Utopie des ingénieurs et appétit des entrepreneurs. In 3ème Conférence "Document numérique et Société", sous la dir. de Evelyne Broudoux, Parina Hassanaly, Ghislaine Chartron. 15-16 novembre 2010, Aix en Provence. ADBS-Édition.

Il me reste à remercier les étudiants pour avoir parfaitement joué le jeu de l'intelligence collective (quelques 70 commentaires sur les billets du blogue et une participation intensive sur les forums et travaux internes) et Martin Bélanger, mon assistant sur ce cours, pour son aide discrète mais très efficace.

samedi 01 avril 2006

Livre, mots-clés

Les mots-clés renvoient aux billets du blogue correspondant aux différents chapitres, parties et sous-parties du livre.