Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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Recherche - introduction aux sciences de l'information

vendredi 14 décembre 2012

Economie du web (COOPT-Enssib-5)

Les cinquième et sixième séances de mon cours sur l'écosystème du document pour l'Enssib sont consacrées aux rapports de cet écosystème avec l'économie du web. En réalité le sujet dépasse largement ce que je peux présenter en si peu de temps, mon objectif est simplement d'attirer l'attention sur quelques mécanismes essentiels pour la compréhension des mouvements en cours dans la continuité des séances précédentes (1. Les sept piliers, 2. Modèles économiques, 3. Economie de la bibliothèque, 4. Etude de cas).

Pour ces dernières séances de ce cours ouvert, l’interaction en ligne passera par deux mécanismes : les commentaires sous ce billet sur les notions discutables ou à éclairer qui y sont présentées et, par la suite, des billets rédigés collaborativement par les étudiantes inscrites au cours.

Nous avons vu que le modèle du web se glissait entre celui de la bibliothèque et celui du flot. Du premier, il reprend la tradition de coopération et de mutualisation. Plusieurs penseurs ont proposé une interprétation de cette caractéristique du web, la présentant souvent comme inédite. J'en rappellerai brièvement quelques traits importants sous la dénomination économie de la contribution. Mais le web documentaire tire aussi la majorité de ses revenus de l'économie de l'attention en s'appuyant sur sa capacité à capter et fidéliser les internautes par un réseau électronique, tout comme l'ont fait avant lui la radio et la télévision (le flot).

En réalité, économie de la contribution et économie de l'attention s'articulent et conduisent à des stratégies industrielles fortes qui progressivement configurent le modèle du web en tentant d'en accaparer la valeur au profit de quelques firmes, non sans contradictions avec la nécessité d'ouverture du modèle.

Economie de la contribution...

Le terme économie de la contribution est dû à Bernard Stiegler (ici ou ). Il a, pour lui et ses collègues d'Ars industrialis, une acception très politique, marquée par une tradition française de philosophes engagés. Proche de ce courant, on peut aussi citer la notion de multitudes, proposée par Antonio Negri et reprise en France par Yann Moulier-Boutang (wkp) selon laquelle nous serions passés d'une organisation industrielle où les masses et les classes sociales fondaient la structure sociale à une organisation post-industrielle où la multiplication des consciences et actions individuelles serait le moteur du changement.

Je reprends ici le terme "économie de la contribution" d'une façon plus générique pour caractériser la pensée d'un mouvement plus large et ancien autour de l'économie des réseaux et de l'open source dont Yochaï Benkler est le représentant le plus célèbre suite à la publication de son livre :

Benkler, Yochai. La Richesse des réseaux. Marchés et libertés à l’heure du partage social. Presses Universitaires de Lyon, 2009 (première édition américaine 2006). (Introduction sur InternetActu)

Y. Benkler a résumé son analyse dans une intervention à TED en 2005 qu'il est indispensable de visionner (le texte de l'intervention est accessible en français sur le site).

Le tableau ci-dessous présente la clé de sa thèse :

Yochai-Benkler-TED.jpg

La colonne de gauche renvoie au raisonnement classique en économie depuis Ronald Coase (wkp) sur la nature de la firme. C'est lorsque les coûts de transaction augmentent qu'il devient avantageux de s'organiser pour produire en interne plutôt que d'acheter sur un marché les produits ou services, et donc le marché et la firme (ou l'entreprise) ne sont que deux manières complémentaires d'organiser les échanges économiques. L'originalité de Benkler (très largement en décalage par rapport à la pensée de Coase) est de tenter un raisonnement parallèle sur des transactions non-marchandes et l'économie sociale en montrant qu'avec le web il serait possible de coordonner des micro-actions non-marchandes à grande échelle.

ou économie de l'attention

Néanmoins cette vision généreuse de l'économie s'accompagne aussi dans notre domaine d'un déplacement des marchés, selon le principe vu dans les premières séances : plus l'offre documentaire s’agrandit, plus l'attention est sollicitée et devient un bien rare que l'on pourra revendre. Autrement dit, elle sous-estime l'importance du caractère multidimensionnel du document (vu, lu, su).

Un diaporama récent du cabinet de consultant Business Insider témoigne de l'importance du déplacement des marchés.

Future-of-Digital-Business-Insider-dec-2012.png

Pour vous faire mesurer ce phénomène à la fois sur le fond et par la pratique, voici un petit exercice.

Trouvez les diapositives qui vous permettront de répondre aux questions ci-dessous :

  1. Quelle proportion de la population de la planète est-elle connectée ? En quoi est-ce plus important qu'il n'y paraît ?
  2. Depuis quand les ventes de smartphones ont-elles dépassé celles des ordinateurs ?
  3. Quelle est la différence entre le marché américain et le marché chinois des smartphones ?
  4. Quels sont les principaux marchés médias pour la publicité ?
  5. Quelle a été l'évolution du marché publicitaire des journaux américains depuis les années 50 ?
  6. Pourquoi Facebook n'arrivera probablement pas à concurrencer Google sur la publicité en ligne ?
  7. Pourquoi le marché publicitaire sur le téléphone mobile est-il incertain ?
  8. Les usagers d'Androïd utilisent-ils les applications ?

Ces analyses sur les développements des marchés ne sont pas vraiment contradictoires avec l'économie de la contribution présentée plus haut, même si souvent ceux qui les portent paraissent s'opposer. En étant cynique on pourrait même dire que l'économie de la contribution joue le rôle que jouait l'économie de l'information auparavant : alimenter l'économie de l'attention, capter l'attention pour la vendre à des annonceurs intéressés. Mais à la différence de l'économie de l'attention précédente, dans l'économie de la contribution le lecteur est plus actif, tout comme le lecteur dans une bibliothèque est plus actif que le téléspectateur devant son poste de télévision. Ainsi, la captation de l'attention est plus efficace lorsque l'internaute est en train de chercher quelque chose puisque l'on pourra faire coïncider les annonces avec sa recherche (mots-clés de Google) que lorsqu'il échange avec ses amis, car les annonces viendront perturber la relation (difficultés de Facebook).

Stratégies industrielles

J'ai eu très souvent l'occasion de montrer que les principales firmes du web documentaire construisaient leur stratégie en privilégiant chaque fois une facette du document : la forme pour Apple, le texte pour Google et la relation pour Facebook.

On en trouvera un résumé sur cette vidéo, un développement dans la deuxième partie du chapitre 5 du livre Vu, lu, su. et une actualisation sur les billets de ce blog : Apple, Google, Facebook (lire au moins les deux derniers billets concernant chaque firme).

Questions d'actualité

Les prochains et derniers billets de ce cours seront rédigés par les étudiantes de l'Enssib autour de trois thèmes chauds de l'actualité de l'écosystème du document numériques :

  • La ville de Lyon a-t-elle eu raison de contractualiser avec Google ?
  • Google confisque-t-il la valeur créée par les journaux ?
  • Peut-on prêter des ebooks en bibliothèque ?

Vous pouvez les aider en suggérant références et réflexions en commentaire de ce billet.

mardi 30 octobre 2012

Introduction aux sciences de l'information gratuit du 31 oct au 4 nov 2012

Introduction aux sciences de l'informationDu 31 octobre au 4 novembre, à l'occasion du congrès des milieux documentaires du Québec et de leur 50ème anniversaire, les Presses universitaires de Montréal proposent le livre Introduction aux sciences de l'information en téléchargement gratuit à partir de leur site.

Et une pensée particulière pour les collègues québécois : attachez vos tuques, ça va souffler !

lundi 21 décembre 2009

Évolution des professions du document

Le livre Introduction aux sciences de l'information sortira en librairie en France le 7 janvier grâce aux éditions La Découverte. Voici en avant-première, pour ceux qui manqueraient de lecture cette fin d'année, un long extrait du chapitre 1 consacré à l'évolution des professions, qui montre, je crois, tout l'intérêt d'une posture transatlantique.

Intr-sc-info-France.jpg

Rappel :

  • Toutes les informations sur le livre (introduction, table des matières, bibliographie sous Zotero, vidéo..) sont accessibles (ici).
  • Les admissions à la maîtrise (master) en sciences de l'information dont ce livre est le manuel de base sont maintenant ouvertes ()

Actu du 28 décembre 2009

Et les Éditions La Découverte viennent de mettre en ligne les 50 premières pages ici.

mardi 01 décembre 2009

Couvertures des sciences de l'information

Le livre Introduction aux sciences de l'information sera dans les librairies françaises en début d'année prochaine grâce aux Éditions La Découverte. Prix 18 Euros.

Le contenu est le même que celui de l'édition québécoise, il n'y a que la couverture qui change.

Introduction-comparaison.jpg

La couverture française (à droite) est plus élégante, mais j'ai un faible pour le côté foutrac québécois.

Toutes les informations sur le livre sont ici. Les premiers chiffres de vente du Québec sont très encourageants. Il semble que, sorti seulement en septembre, il figure parmi les meilleures ventes de l'année 2009 des Presses de l'Université de Montréal.

Une des explications de ce succès est, bien sûr, la popularité grandissante des professions de l'information au Québec.

L'EBSI a effectué au printemps 2009 un sondage auprès des finissants de maîtrise de la promotion 2008 : 29 des 67 diplômés de 2008 ont répondu au questionnaire. Les résultats indiquent que tous les répondants avaient un emploi au moment de l'enquête, dont 26 (89,7%) en sciences de l'information. Le nombre de postes permanents atteignait 46,2%, tandis que 42,3% avaient des contrats renouvelables et 11,5% des contrats non renouvelables.

42,3% des répondants avaient un salaire de plus de 50 000 $, 23,1% avaient un salaire de 40 000 à 49 999 $, 19,2% avaient un salaire de 30 000 à 39 999 $ et 11,5% avaient un salaire de 60 000 $ ou plus (chiffre atteint pour la première fois pour des finissants depuis que nous faisons ce sondage).

Depuis l'année 2009, le contingentement de la maîtrise a été élevé à 120 étudiants pour un programme entièrement révisé (). Le processus d'admission pour l'automne 2010 démarre en janvier prochain.. au moment de la sortie du livre en France.

mercredi 28 octobre 2009

Intro aux sc de l'info : la biblio dans Zotero et à l'UdeM

Grâce à Aminata Keita de la bibliothèque de l'EBSI, vous pouvez avoir accès à la version Zotero de la bibliographie (ici) du livre Introduction aux sciences de l'information (présentation ).

Les membres de l'université de Montréal ont droit à une bibliographie permettant un accès direct aux documents dans les ressources de la bibliothèque et sur le Web par un assistant SFX (ici).

Un outil bien utile.

Merci Aminata !

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