Hubert Guillaud rend compte (et commente ici) sur InternetActu d'une passionnante conférence d'une anthropologue australienne Geneviève Bell :

Bell Genevieve,Secrets, lies & the possible perils of truthful technology, conférence LIFT, 7 fév 2008 (vidéo)

L'anthropologue montre combien nous mentons en ligne, au point que c'est sans doute devenu un mode de régulation sociale. H. Guillaud termine son billet ainsi :

Genevieve Bell a conclu cette stimulante présentation d’une image éclairante, pour renverser et déstabiliser nos perspectives comme aime à le faire la chercheuse : celle d’un panneau de circulation qui indique aux automobilistes de ne pas suivre les indications délivrées par leurs systèmes GPS, car leurs plans comportent une erreur qui a provoqué de nombreux accidents (l’histoire racontée par la BBC pour ceux qui ne la connaissent pas). Il n’y a pas que nous qui mentons, les systèmes techniques en sont tout autant capables que nous.

En réalité, il s'agit là d'un processus différent : une erreur et non un mensonge. Il n'y a pas ici intentionalité de tromperie. Supposons un moment que ce soit le cas : immédiatement la tromperie serait considérée comme un acte grave et coupable et il y aurait une procédure judiciaire. Cette procédure peut être lancée aujourd'hui, mais sous une forme tout à fait différente.

Dans le cas du panneau, nous sommes devant un document, les multiples mensonges en ligne relèvent d'une conversation, deux genres sémiologiques au statut social différent. Ce qui est troublant, c'est que les conversations d'aujourd'hui reprennent bien des caractéristiques des documents d'hier. Voici donc une très belle illustration du paradoxe de Roger (voir ici).