L'avenir dira si le 7 mars 2012 restera comme une date importante dans l'histoire des bibliothèques françaises, mais ce qui est sûr c'est que la copy party imaginée par Silvère Mercier, Lionel Maurel et Olivier Ertzscheid à la bibliothèque universitaire de La Roche-sur-Yon a été un succès par sa tenue, son déroulement et plus encore par l'écho qu'elle a suscité dans les médias.

Il faut en féliciter les promoteurs et les remercier d'avoir montré par l'exemple et l'action que la parenthèse Gutenberg était bien en train de se refermer et que les bibliothèques, comme elles l'ont toujours fait dans l'histoire, avaient un rôle à jouer dans ce mouvement sans le subir ni s'y laisser enfermer, en laissant croire que l'interprétation étroite des uns du droit de la propriété intellectuelle était l'alpha et l'oméga, ou en courant sans réfléchir derrière les propositions numériques chatoyantes, mais verrouillantes des autres.

Avant l'arrivée de l'imprimerie, les bibliothèques étaient un lieu de conservation et de consultation des documents tout autant qu’un lieu de leur production. La copie était nécessitée par la fragilité des supports qu’il fallait renouveler et par la volonté de diffuser les documents. L'imprimerie à caractères mobiles a externalisé la production des documents et cette fonction a échappé aux bibliothèques qui se sont recentrées alors sur la collecte et la classification de documents dont le nombre explosait et dont la distribution s'éclatait. Puis avec le développement des médias et la montée de l'instruction publique, elles se sont largement ouvertes pour devenir un instrument de promotion sociale et culturelle tournées vers un large public.

Aujourd'hui une nouvelle page de leur histoire est en train de s'écrire. Silvère Mercier, Lionel Maurel et Olivier Ertzscheid en y inscrivant copy party ont suggéré une entrée stimulante qui a le mérite de maintenir la bibliothèque dans sa tradition de média du temps long, du partage, qui retire le document du circuit commercial pour le proposer à ses lecteurs, tout en l'inscrivant dans les développements du numérique à partir de la lecture et non de la diffusion. Ce n'est sûrement pas la seule piste à suivre, mais elle a le mérite supplémentaire de redonner l'initiative aux bibliothécaires. Souhaitons que ces premiers mots soient aussi le départ d'une pensée renouvelée de la profession.