Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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mercredi 27 avril 2011

Tendances mobiles

La tendance est connue, mais ce schéma a l'avantage d'être très clair et de venir d'une institution légitime, l'Union Internationale des Télécommunications :

ITU-Trends-2010-11.jpg

Il est tiré du résumé du rapport annuel Trends in Telecommunication Reform (Pdf).

On y repère l'extraordinaire succès du téléphone cellulaire ou mobile, dont le nombre d'abonnements atteint l'équivalent de 8 pour 10 habitants de la planète. Cela ne signifie pas que 8 habitants sur 10 disposent d'un téléphone mobile, nombre d'entre eux, et notamment les actifs, ayant plusieurs abonnements, mais cela représente bel et bien un changement radical de la téléphonie, aussi bien dans sa couverture que dans ses pratiques. On peut repérer aussi qu'en 2008 les appareils mobiles sont passés devant les appareils fixes pour la connexion sur internet. Les appareils mobiles ne concernent évidemment pas que les téléphones 3G, mais aussi les portables, tablettes etc. qui sont directement reliés au réseau sans passer par une ligne fixe. Là encore, il s'agit d'un changement important qui accentue l'individualité dans la pratique de l'internet. Enfin, dernière leçon : la croissance de la téléphonie est bien supérieure à celle de l'internet, d'autant que l'internet supporte aussi des services de téléphonie.

dimanche 21 mars 2010

Cellulaire et fracture numérique

L'Union internationale des télécommunications a publié récemment la dernière version de Measuring the Information Society 2010 (rapport, synthèse, communiqué), 100 pages bourrées de chiffres dont l'objectif principal est de mesurer les variations de l'Indice de développement des TIC (IDI) selon les pays, c'est à dire la part prise par les technologies de l'information à la croissance différenciées des régions du monde.

J'ai extrait deux diagrammes de la synthèse. Le premier illustre, une nouvelle fois, l'explosion du téléphone cellulaire.

IUT-Mobiles-2010.jpg

Fin 2009, il y aurait 4,6 Mds d'abonnés au mobile cellulaire, soit 67 abonnements pour 100 habitants, avec des variations importantes entre les pays riches et pauvres (de plus de 100% à 57%). Mais le rattrapage est très rapide.

Ainsi, en 2008, la pénétration du mobile cellulaire et du large bande fixe dans les pays en développement a atteint le niveau auquel se situait la Suède (premier au classement IDI) près d’une décennie plus tôt, et le nombre d’internautes pour 100 habitants était égal à celui de la Suède juste 11 ans plus tôt. Par comparaison, l’espérance de vie dans les pays en développement accuse un retard de 66 ans par rapport à la Suède, et le taux de mortalité infantile y était en 2007 au niveau que connaissait la Suède 72 ans plus tôt. p.7

Pour autant, même si les auteurs du rapport sont optimistes, il ne faut pas confondre le mobile cellulaire avec l'accès internet au réseau large bande. Pour ce dernier, les écarts sont encore considérables, même s'ils se réduisent.

IUT-Prix-services-2010.jpg

À parité de pouvoir d'achat le téléphone fixe et le cellulaire sont moins chers dans les pays en développement, alors que l'accès à l'internet large bande est presque 7 fois plus élevé, le rendant inaccessible à la population. En Afrique, l'abonnement est égal à cinq fois le revenu mensuel moyen.. tandis que le prix tombe à 2% en Europe, région la meilleure marché.

Pour les intéressés, le Canada est 21ème au rang IDI en 2008, il a perdu 2 places par rapport à 2007. La France est au 18ème rang contre 22 en 2007.

Actu du 27 avril 2010

Sur l'importance et les conséquences du développement du téléphone cellulaire en Afrique voir :

« Dans le domaine du mobile, le Kenya est en avance sur l’Europe », Entreprise Globale, 13 mars 2009, ici.

En contrepoint, voir l'exemple du Japon et la difficulté d'exporter son modèle des réseaux sociaux et du mobile :

« Le Japon reste une grande puissance de l’innovation. Voyez l’avance dans les réseaux sociaux sur mobile », Entreprise Globale, 24 avril 2010 .

jeudi 28 janvier 2010

Pénétration internet US/Chine

Le rapport de Akamaï pour le 3e trimestre 2009 sur l'état de l'internet vient de sortir et il donne quelques chiffres intéressants pour éclairer le billet précédent sur la Chine. J'en ai tiré les deux tableaux ci-dessous.

Le premier rend compte de l'évolution du nombre d'adresses IP par pays. On peut y remarquer que la Chine se trouve au deuxième rang mondial en nombre d'adresses, encore loin derrière les États-Unis, mais que la croissance est très forte (30% annuel). Compte-tenu de la population en cause, les réserves sont encore considérables. Il y a une différence de 1 à 10 lorsque l'on regarde le nombre d'adresses IP par habitant aux États-Unis et en Chine (0,40 contre 0,04).

Akamai-report-Q3-2009-Adresses-IP.jpg

Le second tableau montre le nombre d'adresses connectées en large bande par habitant. Il confirme la place toute particulière prise par la Corée du Sud entièrement connectée (ici). Mais on peut aussi remarquer la position élevée de Hong-Kong qui arrive en 6ème position, montrant ainsi que la Chine dispose aussi des compétences techniques et d'un laboratoire social pour les usages de l'internet.

Akamai-report-Q3-2009-Large-bande.jpg

lundi 21 décembre 2009

Quelle richesse des réseaux ?

«La richesse des réseaux» est le titre d'un livre fondateur de Yochai Benkler qui vient d'être traduit en français et publié par les Presses universitaires de Lyon et dont InternetActu propose l'introduction en ligne (ici).

Hubert Guillaud en résume ainsi la thèse qui participe de l'utopie généreuse qui porte l'internet : Pour lui, l’enjeu de la société de l’information repose tout entier sur la transformation du mode de production de l’information, de la communication et de la connaissance. L’émergence de l’économie de l’information en réseau nous permet de faire davantage “pour et par nous-mêmes”. Elle réorganise en profondeur l’espace public et vient contrarier l’hégémonie de la production marchande et propriétaire que nous connaissions dans la sphère de la production du savoir, de l’information et de la culture. Une transformation qui constitue, pour lui, une opportunité unique à saisir pour nos démocraties et notre société.:

On pourra aussi écouter une brillante présentation du livre, admirative et critique, de Dominique Cardon sur l'émission de France Culture Place de la toile (ici, 2ème partie de l'émission à partir de la 39ème minute).

Malheureusement, je ne suis pas sûr que l'utopie en question, même si elle garde toute sa pertinence d'un point de vue socio-politique, corresponde aujourd'hui à l'évolution économique réelle du réseau des réseaux, particulièrement celle que l'on observe dans ces toutes dernières années et qui risque bien de s'accélérer encore à l'avenir.

Une étude du trafic de l'internet présentée en octobre donne un éclairage cru sur les ruptures en cours en levant en passant quelques fausses idées reçues.

Craig Labovitz et alii, “2009 Internet Observatory Report,” Octobre 19, 2009, Nano 47. Diapos, vidéo. On trouve aussi un commentaire intéressant de l'étude dans Wired d'oct 2009, notamment sur la position de Google ici, résumé en français par un geek sur Le Post (). Voir aussi cette autre présentation ()

L'étude s'appuie sur l'observatoire du trafic en temps réel le plus complet à l'heure actuel, Atlas (voir présentation ici) mis en place par la société de sécurité Internet Arbor Networks.

Ce qui frappe d'abord, c'est la rapidité des changements quantitatifs et qualitatifs, notamment à cause de l'importance prise par les méga-centres de données. En deux années, par exemple, Google est passé d'une concentration de 2% du trafic internet à plus de 6%. Par le jeu des trafics entre centres de données et des négociations occultes, il semblerait que YouTube, pourtant très gourmand, n'ait plus besoin d'acheter de la bande passante. D'une façon générale le trafic semble de plus en plus capté par de très grands opérateurs, transformant radicalement la structure anarchique fondamentale du réseau internet, celle justement que vante Y. Benkler.

Les conclusions de l'étude sont résumées ainsi par l'orateur, le terme «consolidation» doit être compris dans son sens économique, c'est à dire : concentration, renforcement (trad. JMS) :

1. Consolidation des contributeurs de contenu

  • Le contenu se déplace à l'extérieur des entreprises pour rejoindre des agrégateurs
  • Consolidation des grands propriétaires de l'internet
  • Aujourd'hui seulement 150 fermes de serveurs (ASN) font 50% du trafic (contre 30.000 en 2007)

2. Consolidation des applications

  • Le navigateur est devenu l'application dominante pour accéder au net (courriel, vidéo)
  • Les applications passent sur Http et Flash
  • Toutes les autres applications sont en déclin (sauf les jeux et le VPN)

3. Évolution du cœur de l'internet et des innovations économiques

  • La majorité du trafic est maintenant entre le consommateur et les contenu
  • Le marché se tourne vers les services à haute valeur ajoutée (MSSP, VPN, CDN, etc)
  • On expérimente de paiement au flux
  • On expérimente le paiement du contenu

(MSSP : Infogérance de services en sécurité ou Managed Security Services Providers. VPN : réseau privé virtuel Virtual Private Network. CDN : Content delivery network réseaux d'ordinateurs reliés pour mettre à disposition du contenu ou des données.)

Une autre diapositive souligne les points suivants (trad JMS) :

  • L'internet est à un point d'inflexion
  • La priorité passe de la connectivité au contenu
  • Les anciens modèles économiques généraux de l'internet sont en train de changer
  • Des nouveaux entrants redéfinissent et reconstruisent la valeur de la connectivité
  • Les nouvelles technologies redéfinissent le réseau
  • Le Web pour les applications de bureautique, l'informatique dans les nuages, les réseaux d'ordinateurs (CDN)
  • Ces transformations produisent de nouveaux enjeux commerciaux, de sécurité et d'ingéniérie
  • Nous n'en sommes qu'au tout début..

L'économie du Web-média continue de murir..

vendredi 17 août 2007

Petit écran à tout faire ?

J'ai déjà eu l'occasion d'en parler, les Coréens et les Japonais font tout avec leur cellulaire (téléphone mobile). Le iPhone a aussi pour vocation d'être multifonction. Un récent article du NYT insiste sur l'intérêt nouveau des médias traditionnels pour le dernier né (repéré par M. Lessard) :

Yes, the Screen Is Tiny, but the Plans Are Big, NYT, 17 juin 2007. Html

Parmi d'autres, un responsable de réseau TV, constatant que les jeunes gardaient toujours leur mobile à porter de main y affirme :

« Fondamentalement, nous avons trouvé le maillon manquant entre les différents médias, c'est le cellulaire »

Mais, il n'est pas évident que tous les contenus soient adaptés au tout petit écran, ni que toutes les cultures se l'approprient de la même façon. C'est pourquoi l'enquête réalisée à la demande d'Online Publisher Association sur les usages du cellulaire pour l'accès au contenu en ligne aux US et en Europe (Royaume-Uni, Italie, France, Espagne) est intéressante. J'en ai sélectionné les trois diapos ci-dessous.

Ce premier graphique montre que le cellulaire est complémentaire du PC et ne le remplace pas, ou pas encore, pour surfer sur le Web. Par ailleurs, il permet de pointer les contenus les plus adaptés au cellulaire, du moins pour la population enquêtée à ce moment-ci de son développement : la météo d'abord, puis le sport (les résultats sportifs) et les nouvelles locales. Les deux diapos suivantes sont aussi importantes, car elles montrent une nette différence des usages entre les US et l'Europe. Pour avoir habité des deux côtés de l'Atlantique, je ne suis pas étonné du poids de la météo du côté américain. Cette information y a, parfois, une importance vitale au sens propre. C'est beaucoup plus rare en Europe.

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