Le vocabulaire est parfois trompeur. En français, on dit « informatique », « ordinateur ». On marque ainsi les qualités informationnelles et classificatoires de ces méthodes et outils. En anglais, on préfère « computer science », « computer » , renvoyant aux origines calculatoires de l'outil.

On oublie alors souvent en France que Google est, peut-être avant tout, un centre de calcul qui est interrogé par des calculateurs (nos ordinateurs personnels). Or les calculateurs sont des machines du « hard ». Le New York Times a révélé que la firme était en train de bâtir un nouveau centre dans l'Oregon. Microsoft et Yahoo! construisent le leur de leur côté, mais dans cette course Google est loin devant. Il aurait 450.000 serveurs connectés sur 25 lieux différents. L'objectif est, bien sûr, la vitesse de calcul et l'ampleur des services couverts.

Ainsi Didier Durand rapporte que le balayage complet du Web par Google vient de passer récemment à deux ou trois jours. Ou encore Jean-Marie Le Ray annonce le prochain lancement, parmi d'autres services, d'un traducteur de 3e génération, basé sur les calculs statistiques.

Du point de vue économique la stratégie est claire, comme l'indique le NYT, monter les barrières à l'entrée :

"Google wants to raise the barriers to entry by competitors by making the baseline service very expensive," said Brian Reid, a former Google executive who is now director of engineering at the Internet Systems Consortium in Redwood City, Calif.

Aussi ma conclusion sera inverse de celle de D. Durand sur le même sujet. Partant d'un calcul sur les bénéfices et le chiffre d'affaires, il indique :

..cela veut dire que la puissance financière d'une entreprise du monde de l'information (en tout cas!) n'est finalement plus le résultat de son infrastructure matérielle mais du logiciel qu'elle y installe (et dans la matière grise qui l'a élaboré!)

Peut-être le résultat financier, mais pas la puissance : le logiciel et la matière grise sont plus volatils que les machines, qui assurent la puissance et la suprématie de la firme. Aussi, il me semble que l'on a tort de trop exagérer les différences entre ces entreprises et les bonnes vieilles firmes capitalistiques.

Ces éléments peuvent faire douter de la réussite économique d'un Quaero qui paraît avoir négligé cette dimension du problème.