Jean-Daniel Zeller a donc mis en ligne sur le site ArchiveSic son mémoire réalisé en mai 2004 dans le cadre d'un Certificat en archivistique en Suisse, intitulé Faut-il des cyberarchivistes, et quel doit être leur profil professionnel ?, comme il l'annonçait dans son commentaire à mon billet sur les « archithécaires ». C'est un document qui mérite lecture, méditation et discussion.

Le mémoire a le grand mérite de présenter un état général de la question annoncée dans le titre, ainsi qu'une brève revue des formations en Afrique, Amérique du nord, Europe, une réflexion sur le profil de métier souhaitable et la formation nécessaire, il est accompagnée d'une abondante bibliographie commentée et d'annexes instructives.

Voici un extrait de la partie traitant de la convergence entre cyberthécaires et cyberarchivistes :

..la différenciation entre les différents métiers de la gestion de l’information se déplace du support documentaire vers les fonctions documentaires. Ainsi la différence ne se fera plus par rapport aux supports (livres, articles de presse, documents d’archives, etc.) mais par rapport à leurs statuts (diffusion large ou restreinte, document à valeur officielle ou non, document de durée courte ou longue) et par rapport à leurs fonctions (contrôles divers, (..).

Une ébauche de typologie qui pourrait clarifier cette différenciation a été proposée dans des travaux initiés par le Conseil du trésor canadien sur les composantes du document électronique qui, dans le but de mieux systématiser les métadonnées utiles et comparables, distingue :

a) les documents de référence, incluant :

-	les documents acquis (déposés en bibliothèque), 
-	les documents publiés (édités publiquement y compris sur Internet), 
-	les documents diffusés (destinés à un public restreint et sélectionné), 
b)	les documents de transaction, 
c)	les messages.

Ce tableau montre bien où pourrait se situer la frontière entre le cyberthécaire et le cyberarchiviste, le premier s’occupant des documents acquis et publiés, le deuxième s’occupant des documents diffusés, des documents de transaction et des messages.

Puis l'auteur présente sur un graphique une répartition de ces fonctions dans l'espace (en fonction de la taille du territoire/communauté visé) et dans la temporalité.

Mais si ces fonctions sont bien présentes et différentes, on peut s'interroger sur la réalité de leur partition dans un environnement numérique. Bien des archives numériques sont maintenant publiées, bien des documents acquis ne sont que diffusés de façon restreinte. Et les interrogations sur les droits d'auteur, comme sur la protection des informations confidentielles ou encore sur la temporalité de conservation touchent ou vont toucher des documents qui seront souvent réunis dans un même lieu ou plutôt sur un même serveur du fait de l'effacement au moins partiel des frontières entre l'espace privé (le bureau), l'espace collectif (l'intranet) et l'espace public (l'internet).

Dès lors, il y aura sans doute des cyberthécaires et des cyberarchivistes, mais je crois qu'il faut se préparer aussi à la nécessité d'archithécaires qui devront acquérir des compétences puisées dans les deux traditions.