Longue traîne et Web-média
Par Jean-Michel Salaun le mercredi 31 janvier 2007, 06:29 - Web 2.0 - Lien permanent
C. Anderson, le promoteur de la longue traîne, agacé par de nombreuses critiques qu'il considère comme infondées, a rédigé un billet dont on pourrait traduire le titre ainsi "La longue traîne pour les nuls". Il s'attache à répondre aux arguments les plus souvent formulés.
Ses commentaires me paraissent conforter la représentation de l'industrie de la mémoire sous forme de pentagone, et tout particulièrement l'idée qu'un Web-média se construit sous nos yeux sous forme d'un modèle intermédiaire entre celui de la bibliothèque (pour lequel la distribution des emprunts sous forme d'une longue traîne n'est vraiment pas une découverte, ni celle de la mutualisation et du partage) et celui de la télévision pour laquelle la problématique de l'attention est centrale. Le coeur du modèle est bien l'agrégation, la capacité de recherche et l'attention. Et nous assistons bien à la mise en place de firmes dominantes avec une syndication : monopole et réseau tout comme à la télévision et pour les bibliothèques.
Voici un extrait, traduit et résumé de deux arguments de C. Anderson :
- "Je suis dans la longue traîne et je ne suis pas encore riche. La théorie ne marche vraiment pas." L'argent dans la longue traîne vient principalement de l'agrégation, comme le montre eBay ou iTunes. Pour le producteur individuel, qui se trouve tout en bas, les forces qui ont créé le marché de la longue traîne - la démocratisation de l'accès au marché, les filtres puissants qui orientent la demande vers les niches - aident sans doute, mais même si vous doublez un petit chiffre, le chiffre restera petit. Ce qui est bien ce sont les retours non-monétaires, comme l'attention ou la réputation. Comment les convertir en rentrée d'argent ? Avez-vous essayé un concert ? (allusion à un précédent billet de C. Anderson sur la transformation du marché de la musique).
- "Vous avez dit que 57% des ventes d'Amazon étaient dans la longue traîne. C'est faux" Je sais. Cette partie de l'analyse dans l'article de 2004 qui se basait sur un travail du MIT paraît avoir sous-estimé la part des plus fortes ventes. Les analyses économiques ne sont pas parfaites. Les travaux ultérieurs montrent une part révisée à 25%, qui est le chiffre utilisé dans le livre et les autres écrits depuis deux années. Utilisez les plus récentes statistiques.
D. Durand qui commente le billet souligne de C. Anderson, lui aussi, la structuration sous forme d'oligopole construit par l'agrégation du travail bénévole mutualisé.
Commentaires
très intéressant....par rapport à la première critique: Paut-on parler de "démocratisation" en fait car les niches existent déjà, ce qui faudrai démontrer c'est si la longue trâine contribue à créer des niches et dans quelle mesure et pour quel public....
précisons aussi que l'article de livres hebdo donnait le chiffre de 20% du chiffre d'affaire amené par le marketplace d'amazon, donc par l'effet longue traîne pour certaines librairies, ce qui est quand même loin d'être négligeable...plus d'infos ici: bibliobsession.free.fr/do...
quand au chiffre des ventes d'amazon, c'est bon à savoir, faut que je me mette à jour...
merci pour ces infos!