Je relaie ici un long commentaire, reçu de jour, mais dans un billet ancien et qui risque de passer inaperçu alors qu'il mérite lecture et réflexion, même si sa conclusion n'est pas très gentille pour les universitaires et leurs étudiants. Sur celle-ci, je rappelle simplement que ce bloc-notes est plein de subjectivités. Il est pour moi l'occasion de pointer des informations, de lancer des idées, de suggérer des analyses, de favoriser la diffusion de réflexions d'autres personnes, et notamment des étudiants, certainement pas de rendre compte de recherches abouties de ma part. Cela passe par d'autres canaux. C'est aussi l'occasion de recueillir d'autres avis grâce à la possibilité de l'intervention des lecteurs. En voici une bonne, et je remercie Serge-André Guay de nous la donner.

La question est celle de l'économie du livre à compte d'auteur, dont le rédacteur du commentaire est un des acteurs au Québec avec la ''Fondation Fleur de lys'' et de sa relation avec internet. J'ai retenu ces extraits du commentaire (l'intégral est ici à la suite du billet qu'il discute) :

En effet, il faut un certain courage au Québec pour s'afficher comme un éditeur à compte d'auteur puisque ce type d'édition a depuis longtemps la très mauvaise réputation d'exploiter sans retenu le rêve de l'auteur d'être publié. Cette exploitation tient au fait que l'éditeur à compte d'auteur, qui est souvent rien de moins qu'un imprimeur déguisé en éditeur, ne se donne pas la peine de ramener l'auteur sur terre le temps venu de passer sa commande d'exemplaires. Plus le nombre d'exemplaires commandés par l'auteur sera élevé, plus l'éditeur-imprimeur fera de profit. On proposera à l'auteur de jumeler sa commande personnelle à une commande pour l'option «Distribution en librairies». Et là les choses se gâtent réellement parce que l'auteur se voit déjà dans les vitrines de toutes les librairies au Québec. Ce qu'il oublie, c'est l'absence de promotion, à moins de payer encore un peu plus pour ajouter l'option «Publicité». Pis encore, il oublie ou ne connait tout simplement pas la durée de vie très limitée d'une nouveauté en librairie. Au bout de trois mois, les librairies retournent à l’auteur les exemplaires invendus de son livre. (..)

Il y a des éditeurs en ligne qui ne demandent aucune contribution à l’auteur. Mais ce bel accueil cache souvent un piège : la cession de droits obligatoire. Le contrat d’édition stipule que l’auteur cède ses droits d’auteur à l’éditeur, comme c’est la pratique dans le secteur de l’édition traditionnelle. On justifie alors l’obligation de cette cession de droits à l’éditeur en soutenant que c’est ce dernier qui, après tout, prend tous les risques. L’Union des Écrivaines et des Écrivains Québécois (UNEQ) se bat depuis des années pour que les éditeurs (traditionnels) laissent tomber cette cession de droits au profit d’une licence d’édition, limitée dans le temps (ex. : 2 ans). Et le contexte actuel du marché du livre donne raison à l’Union. Nous l’avons vu, la durée de vie d’une nouveauté en librairies dépasse rarement trois mois. Or, obliger l’auteur à céder ses droits d’auteur jusqu’à 50 ans après sa mort, est très exagéré compte tenu d’une durée de vie en librairies de trois mois. C’est que l’éditeur veut aussi prendre le risque «de faire de l’argent plus tard avec le livre», notamment au décès de l’auteur, à l’image des propriétaires des galeries d’art avec les peintres. (..)

Autrement dit, on peut vanter le fait que l’édition à compte d’éditeur ne coûte rien à l’auteur, mais il ne faut pas oublier que pour ce faire il cède ses droits d’auteur et, par le fait même, le contrôle de l’offre et de la demande. Tout va pour mieux si son livre connaît le succès en dedans des trois premiers mois. Autrement, il doit passer à autre chose.

Mais si l’auteur a été édité à compte d’éditeur en ligne, la durée de vie n’est pas limitée. Le livre demeure dans la vitrine virtuelle de l’éditeur en ligne et, le cas échéant, dans la libraire en ligne de cet éditeur, parfois même dans un vaste réseau de librairies en ligne. L’éditeur en ligne, contrairement à l’éditeur traditionnel, dispose d’une importante marge de manœuvre pour promouvoir ses auteurs et leurs œuvres.

Mais cette marge de manœuvre ne justifie toujours pas la cession de droit exigé par les «éditeurs gratuits» (à compte d’éditeur). Nous croyons que l’édition en ligne est et doit demeurer une «alternative» à l’édition traditionnelle. Il faut que l’auteur puisse poursuivre sa recherche d’un éditeur traditionnel tout en étant édité en ligne. Il faut aussi que l’auteur puisse rompre sans aucun préjudice son contrat d’édition en ligne advenant une offre d’un éditeur traditionnel qui réalisera son rêve original : être dans les «vraies» librairies. Cela impossible si l’auteur à céder ses droits à son éditeur en ligne, s’il a mordu à l’hameçon de la gratuité. (..)

Le livre édité électroniquement n’est pas nécessairement un livre électronique. Il peut être un livre papier au même titre que tous les autres livres dans les librairies traditionnelles. Et ce n’est pas parce qu’un livre papier est imprimé uniquement à la demande, qu’il faut abaisser cette option comme vous le faites dans votre texte («si ce n’est par une imprimante personnelle ou un imprimeur à la demande»). Il faut dire que l’édition en ligne s’est développée grâce à l’impression à la demande. Plus de 80% des ventes de notre maison d’édition en ligne sont des exemplaires papier imprimés à la demande. Sur Internet, il se vend davantage d’exemplaires papier imprimés à la demande que d’exemplaires numériques. En fait, si l’exemplaire électronique «s’apparente» autant au livre papier, c’est que l’exemplaire électronique vendu est souvent la maquette utilisée par l’imprimeur à la demande. (..)