J'ai déjà eu l'occasion de le répéter maintes fois. Le plus remarquable pour le livre n'est pas son passage au numérique, mais sa résistance sur papier. Une récente enquête réalisée pour la maison Random House fournit des confirmations et précisions intéressantes :

The Reading and Book Buying Habits of Americans, Zogby International, mai 2008. Pdf. repéré grâce à Pinitiblog ici.

L'enquête a été passée en ligne auprès d'un échantillon de 8.218 adultes américains. A priori, faute d'éléments supplémentaires sur la méthodologie, on peut lui faire une relative confiance, d'autant que les résultats ne sont pas favorables au numérique, du moins pour la lecture, pour l'achat c'est autre chose.

En voici un échantillon suggestif (dans l'ordre des numéros de question, trad JMS) :

Où achetez-vous le plus souvent des livres ?

  • En ligne = 43%
  • dans une chaîne de librairie = 32%
  • chez un libraire indépendant = 9%

Quel format de livre achetez-vous le plus souvent ?

  • Relié = 43%
  • e-book = 0%

Quel vendeur en ligne fréquentez-vous ?

  • Amazon = 66%
  • Barnes & Noble = 10%

Prévoyez-vous d'acheter une tablette de lecture (liseuse, e-book reader) ?

  • Oui je le prévois = 4%
  • Oui, j'en ai une = 3%
  • Non je ne prévois pas d'en acheter = 80%
  • Pas sûr = 13%

Avez-vous déjà acheté un livre numérique (e-book) ?

  • Oui = 15%
  • Non = 85%

La réponse est encore plus radicale pour un clavardage avec un auteur ou la participation à un groupe de lecture en ligne : 95% de non.

Naviguez vous sur le Web pour des livres sans savoir exactement ce que vous cherchez ?

  • Oui = 62%
  • Non = 37%

Éloquent, non ?

Actu du 16 juin 2008

On peut aussi prendre le raisonnement à l'inverse et s'interroger sur le modèle économique du livre électronique. On trouvera plein de comptes-rendus d'expérience et d'interrogation après la tenue du premier Bookcamp à Paris :

Guillaud Hubert, BookCamp : Atelier Economie de l’édition numérique, La Feuille, 16 juin 2008. ici

Sans minimiser l'intérêt de toutes ces expériences et analyses, il est frappant qu'après tant d'années on n'ait que si peu avancé. En 2000, la vedette du Salon du livre de Paris était le « village du e-book » (). Voir par exemple à la même époque la déclaration de Jean-Pierre Arbon, pdg de 00h00h et principal artisan de ce village :

L'heure de l'édition en ligne, février 2000.

En 2006, on annonçait son retour, après avoir tiré le bilan de ses échecs :

Livre numérique 1996-2006, E-book, le retour, Fluctuat.net, dossier,

Cruel. Pour une chronologie complète, voir l'excellent dossier d'Educnet