Information (Sciences de l')
Par Jean-Michel Salaun le mercredi 18 juin 2008, 14:18 - General - Lien permanent
La Faculté des Sciences de l'Information (Faculty of Information Studies) de l'Université de Toronto change de nom le 30 juin pour s'appeler Faculté d'Information. Je cite son doyen dans un message envoyé à ses collègues canadiens (trad JMS) :
Bien qu'apparemment mineur (la suppression d'un seul mot «Sciences», «Studies»), nous le voyons comme un développement significatif et prometteur. (..)
Couramment, nous nous attendons à ce que que la faculté soit connue comme l'École d'Information («i-school») ou comme «Information» (et non pas FI ou un autre acronyme). Comme nos collègues de Droit, de Médecine, etc.. nous serons nommés par la matière que nous étudions, pas par l'étude de cette matière. Nous espérons aussi que ce nouveau nom présentera plus clairement et directement la mission de la Faculté.
Ce changement symbolise la montée en puissance des sciences de l'information, pardon de l'information, en Amérique du nord. Il s'inscrit dans le développement des i-schools porté par les plus grosses écoles du domaine aux États-Unis.
Commentaires
Nou sommes dans un(e) mo(n)de bizarre de convergence insolite : i-school, i-student, i-doctorat....I-touch, I-phone, I-pod
Bonjour Aline,
Une mode, peut-être en partie, mais la mode révèle aussi des changements sociaux.
Le passage de l'intérêt des institutions du e- (e-book, e-learning, e-science..) au i- (i-tune, i-pode, i-school..) marque aussi le passage de l'enjeu de la forme, la technique, l'outil, le contenant à celui du texte, du contenu. En attendant peut-être l'arrivée du c-, la connaissance, la communication, c'est à dire le sens et le médium.
Bonjour Jean-Michel,
Ce qui me "chiffonne" dans cette appellation c'est l'idée qu'encore on cherche à associer l'information à l'outil technologique : le i-outil. Je suis très intéressée par la problématique, justement,de la médiation de l'information, où certes l'outil est essentiel en tant que medium. Cependant, en ce moment, l'outil me semble prendre une place prépondérante par rapport au contenu, et dicte l'usage du contenu.
Si on observe les réformes du droits d'auteur (en France avec la loi DAVSI et au Canada (bill C-61)), il y a là un exemple bien concret de la dominance de l'outil sur le contenu. Finalement, le contenu dépend de certains outils bien spécifiques (il y a tout un marché de drm). Il ne s'agit plus d'avoir le contenu, mais d'avoir le droit de lire le contenu. Et ce droit de lire le contenu dépend des outils de lecture qu'on utilise. Par exemple, j'utilise un système d'exploitation libre, je ne peux pas lire un contenu qui est sur un dvd que j'ai acheté ou loué.
Si j'avais un outil propriétaire, je pourrai sans doute accéder au contenu. Je ne comprend pas qu'on tente de faire perdurer un modèle économique traditionnel par ce genre de subterfuge, parce qu'on refuse l'innovation numérique en cherchant à fixer le numérique et en contrôlant son accès.
C'est pourquoi, l'ambiguité qu'il y a dans la dénomination "i-school" me dérange.
Bonsoir,
Je suis d’accord avec l’idée que les modes sont également des vecteurs de changements sociaux. Et l’on sait que le domaine des TICs est particulièrement friand de nouvelles métaphores : autoroute de l’information, infostructure, cyberinfrastructure, e-sciences, iPhone, etc. Mais je crois qu’en ce qui concerne le mouvement pour les I-School il est aussi question de légitimation professionnelle et scientifique pour les « anciennes » écoles de bibliothéconomie qui, après la première vague d’informatisation sont devenues les écoles des Sciences de l’information et, aujourd’hui, les écoles d’information. Ron Day a écrit un article intéressant sur cette question Tropes, histoire et éthique dans le discours professionnel et la science de l'information (martinetl.free.fr/suzanne...
"Auto-légitimation professionnelle : […] les pratiques et discours professionnels prennent place dans des espaces culturels plus vastes et doivent donc justifier leur existence, leurs techniques et leurs technologies en termes d'intérêts sociaux plus vastes. Cela est particulièrement important quand la nécessité sociale de la profession est mise en cause, quand la profession est nouvelle, et aussi quand la profession est placée à des tournants sociaux ou historiques qui rendent sa légitimité douteuse ou qui la mettent en crise."
Dans le contexte d’une société de consommation où l’image (la marque) est fondamentale, la mise en place d'une stratégie marketing permettant d’établir la légitimité des professions de l’information (ou autres) est donc de toute première importance. L’utilisation de la marque (le logo -I-) me semble de cette nature.
La visite du site des I-School : I-Information: The Power to Transform Our World (www.ischools.org/oc/index... est ici assez instructive. À consulter la section News from de IWorld. La création du I-Field Marketing Program par le I-Caucus des principaux directeurs des I-School vise à mettre le domaine de l’Information sur la carte (Information Field "On The Map").
"The iField marketing program will contain educational components, graphic identifiers and common language aimed at positioning the field as a preferred area of study and a potentially lucrative and rewarding career choice that is absolutely essential to societal growth and development"
En ce qui concerne l’école de la connaissance ou K-School, je ne sais pas, mais je me demande si cette appellation ne serait pas un brin tautologique? Et ce malgré que l'on utilise de plus en plus régulièrement le terme de société du savoir. Alors...
Dany