Ce gros manuel, publié cet été et aussi accessible en ligne, rédigé par deux professeurs de Cornell University risque devenir rapidement un incontournable pour initier quiconque s'intéresse à l'économie des réseaux et en premier lieu celle du web.

David Easley et Jon Kleinberg, Networks, Crowds, and Markets: Reasoning About a Highly Connected World, Cambridge University Press., 2010, 786p. ici.

C'est en effet ce que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui de plus clair et actualisé sur le sujet. Les différentes théories de bases sont présentées. Une des explications de sa qualité est sans doute la complémentarité des auteurs : l'un est économiste, l'autre informaticien.

Le livre a été construit à partir d'un cours pour des étudiants de premier cycle et les auteurs font un parallèle dans la préface entre le déroulement des séances et les chapitres du livre. Ils suggèrent aussi d'autres façons de s'en servir pour intégrer telle ou telle thématique dans un cours ou construire des modules autonomes. L'écriture est limpide, des illustrations claires et des exemples concrets appuient les explications et démonstrations. Les chapitres proposent des exercices pour valider les acquis et souvent aussi une section avec des pistes pour ceux qui voudraient approfondir la thématique. Bref, un must, un vrai manuel comme on sait les faire en Amérique du nord, avec aussi ses limites comme parfois un manque de recul devant des théories présentées comme des affirmations.

Il ne faut évidemment pas en attendre des suggestions décoiffantes, mais plutôt un rappel ou une initiation aux concepts de base : théorie des graphes, théorie des jeux, pagerank, enchères optimales pour la vente de mots clés, information en cascade, loi de puissance, effets de réseau, épidémies, etc. tout est là, expliqué à partir de notions simples mais sans simplification exagérée.

Deux regrets néanmoins : un parti-pris trop exclusivement néo-classique pour l'économie, la figure du marché avec l'individu à la recherche de son intérêt, même dans un raisonnement nuancé par les effets de réseau, n'est sans doute pas la clé de toutes les explications ; la non-prise en compte des aspects physiques et matériels des réseaux numériques, comme les formats, les flux, la puissance des centres de données, qui aujourd'hui jouent un rôle important dans leur structuration.