INA Global fait un point intéressant sur les stratégies récentes des plus grosses firmes du web sur la musique :

Erwan Le Gal, « Apple, Amazon, Google : la bataille de la musique dans les nuages », INA Global, mai 11, 2005, ici.

Je ne reviens pas sur les faits bien exposés dans l'article, mais je relèverai juste ici l'insistance mise par les firmes sur le fair use pour justifier les positions et s'affranchir des discussions avec les Majors. L'argument illustre clairement en effet les logiques démontées sur ce blogue.

J'ai déjà montré à la fois l'importance et l'ambiguïté de la notion de fair use pour dégager la capacité d'innovation et de captation de la valeur des principales firmes du web documentaire de la domination des firmes profitant de l'effet de rente du copyright (ici).

J'ajouterai que le fair use fait référence au deuxième marché du document ( pour le ebook), celui de l'accès et du partage fondé sur le modèle bibliothéconomique. Pour la musique, chronologiquement le premier modèle a été le modèle promotionnel, celui du spectacle où la priorité est de capter l'attention qui s'est décliné par la radio, spectacle à domicile. Le modèle éditorial dans la musique a pu se construire grâce à l'enregistrement sur disques et supports divers. L'articulation entre l'édition de disque et la promotion radiophonique a ouvert la porte au star-system et à la montée des Majors (voir la thèse de B. Labarthe-Piol, ).

La montée en puissance du troisième modèle témoigne d'une évolution du rapport de force dans l'industrie. Ce modèle joue ici toujours sur une valorisation décalée visant à capter le consommateur : pour Apple, il faut vendre des machines (ici) pour Amazon, il s'agit de fournir un service supplémentaire à ses clients pour les inciter à n'acheter de musiques que chez lui et pour Google l'important est de maintenir les internautes sur ses sites pour rentabiliser la publicité ().