Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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Recherche - web média

mercredi 15 juin 2011

Emprunter un bon livre numérique

Ce billet a été rédigé par Chantal Lalonde dans le cadre du cours SCI6355 sur l'économie du document de la maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI.

Comme vous le savez sans doute, les bibliothèques, au cours de l’Histoire, ont su se renouveler et s’adapter aux changements technologiques, médiatiques et sociétaux pour toujours mieux servir leurs usagers. Les bibliothèques doivent-t-elles maintenant offrir les livres numériques pour répondre aux besoins des usagers?

Pour répondre à cette question, il faut d’abord voir comment se porte le marché du livre numérique. Les chiffres publiés en mai dernier par Amazon.com indiquent bien que celui-ci est en pleine expansion, car Amazon vend maintenant plus de livres Kindle numériques que de livres imprimés aux États-Unis. Depuis avril 2011, pour chaque 100 livres imprimés que vend Amazon.com, il vend 105 livres Kindle. Amazon a vendu trois fois plus de livres numériques cette année que pour la même période l’an dernier. Il y a un marché florissant pour le livre numérique et, si on achète des livres numériques, on aimerait certainement aussi les emprunter, mais encore faut-il que les titres qui nous intéressent soient disponibles, et ce, dans notre langue.

Aux États-Unis ainsi qu’au Canada anglais, les bibliothèques offrent depuis quelques années déjà le prêt de livres numériques. La compagnie américaine, Overdrive est le chef de file pour la distribution de livre numérique et de livre audio avec 19 millions de livres empruntés dans un modèle où les bibliothèques paient pour la création d’un site web personnalisé de prêts pour leur collection numérique ainsi que pour leur collection de livres téléchargeables. D’autres joueurs s’ajoutent dans ce marché, entre autres 3M, mais il semble que le modèle d’affaires restera sensiblement le même. Au Québec, seulement les bibliothèques publiques de Dollard des Ormeaux, Pointe-Claire, Côte St-Luc et la bibliothèque de McGill offrent les services de prêt numérique d’Overdrive. BAnQ développe sa collection numérique et offre des ressources de plus en plus variées avec 45.000 livres dont 25 % des titres sont en français. Les bibliothèques québécoises demeurent tout de même peu présentes dans ce marché. Pourquoi?

Doit-on encore parler de retard historique des bibliothèques québécoises ou est-ce plutôt l’offre de livres en français qui n’est pas au rendez-vous? Cette offre pour le marché québécois se développe néanmoins. De Marque, qui a lancé la première plateforme de distribution de livres numériques au Québec en 2009, valide depuis février dans quatre bibliothèques publiques québécoises un projet-pilote d’un système de prêt de livres numériques comme l’indique un article paru dans Le Soleil. Selon la loi 51, au Québec, les acheteurs institutionnels doivent acheter auprès d'une librairie agréée. Le modèle expérimenté permet aux bibliothèques d’acheter des livres des librairies agréées et de les offrir en prêt chronodégradable sur le site web de la bibliothèque. L’usager qui emprunte un livre le reçoit par courriel pour ensuite télécharger son droit de lecture sur le support de son choix.

En espérant le projet-pilote concluant, je crois que l’arrivée des collections de livres numériques pour l’ensemble des bibliothèques publiques est imminente. Cependant, pour bien profiter du potentiel du numérique, les bibliothèques doivent utiliser le livre numérique comme véhicule de communauté comme l’explique l’article de Christian Liboiron paru dans Argus. Les livres numériques devraient permettre des échanges entre les abonnées et une participation à la communauté de la bibliothèque. Les livres numériques pourraient alors devenir une parcelle de la bibliothèque qui saura s’épanouir dans un espace virtuel.

samedi 04 juin 2011

Usages mobiles et pentagone

Fred Cavazza attire l'attention (ici) sur une étude de Nielsen sur l'utilisation des terminaux mobiles (). L’enquête a été menée auprès de près de 12.000 possesseurs de terminaux pour savoir comment et où ils utilisaient leur appareil. Voici donc le résultat publié résumé en deux images, la première concerne les lieux d'utilisation, la seconde les temps relatifs d'utilisation des terminaux :

Connected-devices-1.jpg

connected-devices-2.jpg

L'intérêt de l'étude pour moi est de montrer la nette différence d'utilisation des terminaux entre eux, même s'ils permettent tous de naviguer sur le web, et leur rapport avec les médias plus anciens. Les tablettes sont plutôt corrélées à la télévision, on les utilise principalement en regardant le «petit» écran dont elles sont sans doute un adjuvant documentaire. Les liseuses préfèrent la position allongée, comme les livres évidemment. Quant aux téléphones 3G, ils sont utilisés partout, y compris dans les transports ou en faisant les courses. Ces derniers ne sont pas sans rapport avec l'utilisation ancienne de la presse.

Alors on peut reprendre l'organisation des médias en pentagone et leur classement par rapport à la gestion du temps et la tarification (pour suivre le raisonnement, il est indispensable d'avoir intégré le module 4 du cours) et leur adjoindre le terminal mobile le plus proche. Tout se passe alors comme si l'usage des terminaux se raccrochait à l'organisation traditionnelle des médias. On se trouve alors très éloigné d'une convergence qui tendrait vers un uni- ou méta-média, même si le numérique autorise des passages d'un média à l'autre.

Devt-pentagone.jpg

J'ai ajouté un quatrième terminal, l'ordinateur portable, que j'ai corrélé avec le web-média dont la configuration se cherche aujourd'hui. Il y aurait beaucoup à disserter sur ces résultats et l'interprétation esquissée ci-dessus. Disons seulement aujourd'hui que le numérique ne bouleverse pas autant qu'on le dit souvent l'ordre des médias, mais qu'il participe activement à leur transformation.

vendredi 03 juin 2011

Du grain à moudre

On ne chôme pas pendant la session d'été à l'EBSI..

Architecture de l'information

Aujourd'hui 3 juin se conclut la première école d'été co-organisée par l'EBSI et l'ENS-Lyon sur l'architecture de l'information (ici). Parallèlement au cours, plusieurs conférences transatlantiques ont été organisées et enregistrées. Le principe était de réunir sur un même thème chaque fois au moins un spécialiste de chaque côté. Les thématiques ont été les suivantes :

  • Interfaces de recherche fédérée
  • Respect de la vie privée
  • Grands corpus patrimoniaux
  • Préservation à long terme
  • Accessibilité
  • AI dans la société

Je vous laisse découvrir les conférenciers ici, vous trouverez sur la même page les liens sur les conférences. Pour nous en plus d'alimenter les étudiants en contenu, il s'agissait de tester la formule, aussi bien la technique que la confrontation des cultures. Nous aurons beaucoup de leçons à en tirer pour poursuivre cette fructueuse coopération.

Économie du document

Lundi 6 juin démarre le cours en ligne Économie du document de la Maîtrise en sciences de l'information de l'EBSI. Il se déroule cette année sous un format concentré en trois semaines pleines. Le matériel de la première semaine est déjà en ligne (ici). Il comprend cinq modules :

  • Module 1 - Articulation contenant/contenu
  • Module 2 - Les quatre filières techniques
  • Module 3 - L'organisation des médias en modèles
  • Module 4 - Le pentagone des industries de la mémoire
  • Module 5 - Synthèse

Comme les années précédentes le matériel général du cours est en libre accès. Mais les travaux des étudiants, les échanges, les forums, sont en accès réservés. Comme chaque fois, il y a une exception qui aura lieu cette année au cours de la deuxième semaine : les étudiants publieront des billets sur ce blogue qu'ils commenteront.

Web sous tensions

La deuxième version du texte de Roger II qui intègre les quelques 150 commentaires récoltés (ici) avance, mais a pris du retard. Le collectif est au travail, la tâche est rude. Aussi nous avons décidé de reporter sa publication pour la rentrée prochaine de façon à pouvoir recueillir les dernières réactions sans précipitation. Pas d'impatience donc les travaux se poursuivent.

mercredi 11 mai 2011

Économie des bibliothèques

Avec l'autorisation des éditeurs, j'ai déposé sur les archives ouvertes de l'EBSI la version française non encore révisée d'un chapitre sur l'économie des bibliothèques à paraître en anglais dans Handbook on the Economics of Cultural Heritage, Ilde Rizzo & Anna Mignosa (éd.). Londres : Elgar Publishing.

L’incommensurable économie des bibliothèques

Résumé :

Le modèle de la bibliothèque, très ancien, s’est adapté aux évolutions des sociétés démontrant sa souplesse et sa robustesse. Il s’appuie sur un écosystème fondé sur le partage et comprend deux moments, celui de la constitution d’une collection et celui de sa mise en accès et définit un écosystème autonome. Récemment les bibliothécaires ont développé des études pour mesurer le retour sur investissement de leurs services. Malgré l’intérêt de ces calculs, la valeur ajoutée originale de la bibliothèque est difficile à appréhender précisément. Elle s’appuie selon les contextes sur la mutualisation ou sur la capacité à trouver rapidement des informations inattendues et celle de conserver des informations potentiellement importantes. Le modèle et sa valeur peuvent s’interpréter comme mémoire additionnelle d’un individu, capital informationnel d’une organisation, ou empreinte d’une civilisation. Le numérique ébranle la bibliothèque, mais chaque média émergent a obligé celle-ci à se repositionner. Inversement, la bibliothèque a été une des premières sources d’inspiration pour le web dont certains acteurs ont réussi, aujourd’hui, à faire de l’exploitation son modèle une activité très profitable.

Accessible ici

Le web est un média documentaire

AOL en partenariat avec Nielsen a réalisé une intéressante étude sur les échanges de contenu sur le web. L'étude porte sur un échantillon conséquent, amène des résultats sinon inattendus, du moins moins convenus que la vulgate habituelle et enfin elle affiche clairement son objectif (comment construire un dispositif publicitaire, et donc en retour une économie du web ?). Mais elle n'est évidemment pas désintéressée. AOL y souligne l'importance de ses services, notamment le courriel.

Content is the fuel of the social web Pdf. (il faudrait que les designers de AOL apprennent l'usage des couleurs, c'est pourquoi je n'ai reproduit ici qu'une diapo..)

L'étude s'appuie sur les outils et panels de Nielsen. 10,000 messages envoyés sur les médias sociaux ont été analysés, 1000 personnes ont été suivies pendant 10 jours consécutifs entre le 13 et le 23 décembre dernier. La marge d'erreur serait de moins de +/-10%.

Quelques leçons pour la thématique de ce blogue :

AOL-Nielsen-2011-Temps-Web.jpg

Ainsi la navigation sur le web, mesurée par le temps, est (reste) majoritairement documentaire.

Mais le plus intéressant est l'analyse des 30% consacrés à la communication interpersonnelle ou de groupe (médias sociaux et courriels). 23% des messages sur les médias sociaux incluent un lien vers du contenu (par contenu l'étude comprend des articles publiés, des vidéos et des photos, mais ni des vidéos familiales, ni les photos de fêtes) et si on ajoute les conversations sur ce contenu le pourcentage est certainement beaucoup plus élevé.

Lorsque l'on demande aux personnes quel est l'outil privilégié pour partager de l'information la réponse est à 66% le courriel. Les autres canaux sont loin derrière : 28% pour les réseaux sociaux, le reste est en dessous de la marge d'erreur.

Lorsque l'on demande les canaux privilégiés pour partager l'information selon l'audience. Tous les canaux sont utilisés vers les amis, un peu moins les sites de partage. Le courriel puis les réseaux sociaux sont privilégiés pour la famille, comme pour le partage entre collègues. Enfin ce sont les sites de partage qui sont privilégiés pour diffuser plus largement l'information.

Même s'il faut tenir compte du commanditaire, cette étude relativise quelques idées reçues :

  • la navigation sur le web reste très majoritairement documentaire,
  • le courriel n'est pas sur le déclin pour partager l'information,
  • le multicanal est la règle pour partager.

Cette structure ne facilite pas la construction d'une économie publicitaire. Même si, à l'évidence, l'information se diffuse et se partage, l'attention est éclatée.

Actu du 14 juin 2012

Voir le CR d'INA-Global qui élargi la perspective et donne d'autres références ici

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