Quelques informations ou études récentes peuvent être mises en écho pour s'interroger sur l'économie future des moteurs :

- J.-M. Le Ray signale et traduit un intéressant billet de Vinny Lingham intitulé The Future of Search Engines ?

- Chris Amstrong met en parallèle deux études convergentes, l'une du JISC, l'autre d'OCLC qui montrent que les étudiants préfèrent massivement les moteurs à toutes les autres ressources documentaires proposées par les bibliothèques.

- Yahoo! s'allie avec eBay et élargie ainsi considérablement sa force de frappe commerciale et, par ailleurs, lance en France, après l'Australie, le Canada, l'Inde, le Royaume-Uni, les US, où il est devenu un véritable phénomène, son système de Questions/Réponses, basé sur l'entraide des internautes.

Quelques remarques contradictoires inspirées par ces nouvelles :

1) Si l'économie des moteurs reste basée sur la publicité, il lui faudra trouver une mesure consensuelle de son marché pour se consolider. C'est, à mon avis, l'enjeu principal des remarques de V. Lingham, qui propose une solution alternative au nombre de clics. Compte tenu de l'ampleur de la montée du marché publicitaire sur le Web, le débat est de taille. Il est vraisemblable qu'il faille un tiers extérieur pour construire cette mesure, car chaque acteur a tendance à la tordre à son profit et la confiance indispensable pour l'organisation d'un marché ne peut alors s'intaller durablement. Si cette hypothèse est juste, alors le système des enchères sur Google ne serait qu'un moment de l'économie du Web, illustrant une position hégémonique sur un marché non stabilisé plus qu'un modèle d'affaire durable.

2) Dans le domaine documentaire, la place prise par les moteurs en quelques années est très impressionnante. Il ne faut pas sousestimer l'inertie d'une telle tendance. L'influence du Web 2.0 (Blogs, fil RSS, tags etc.) est peut-être ici bien moins importante que ne le croient les observateurs du Web, fascinés à juste titre (mais en même temps aveuglés) par l'efficacité des outils qu'ils utilisent eux-mêmes. La loi du moindre effort conduit l'étudiant à l'outil le plus simple et le plus connu. L'objectif n'est pas le meilleur résultat mais le meilleur rapport résultat acceptable/énergie dépensée. Pour le domaine documentaire qui n'engage pas de transaction monétaire de l'utilisateur, les places prises seront difficiles à modifier.

3) Néanmoins, la fin du PageRank, prophétisée dans le billet de V. Lingham, peut-être aussi mise en écho avec le nouveau service proposé par Yahoo! qui semble inspiré de Wikipédia dont le succès foudroyant dans le domaine documentaire ne doit pas non plus être sousestimé.