La question de l'identité numérique fait l'objet de discussions régulières et animées au sein du RTP-DOC et ailleurs. Elle renvoie aussi bien à la notion d'auteur, qu'à celle de frontière privé/public ou encore à celle de traces, toutes questions largement abordées dans le réseau et synthétisées dans le troisième texte de Roger.

Dans un très stimulant billet, Franck Cavazza nous permet d'avancer en proposant une représentation de ses multiples dimensions sur un tableau que je reproduis ci-dessous :

Il suggère que le problème à l'avenir sera pour les individus de maîtriser la gestion de leurs traces numériques. Il me semble qu'il y a là un problème surtout générationnel. La construction d'une identité ne se décrète pas, même avec les meilleurs outils, elle se bâtit pas à pas dans des routines d'apprentissage sur la durée.

C'est un peu comme l'apprentissage des langues. De ce point de vue, les jeunes, nés avec l'internet, auront une facilité que n'atteindront jamais les générations précédentes et sans doute un point de vue fort différent, s'installant radicalement dans une post-modernité.

La fracture des technologies numériques est d'abord générationnelle. C'est tout particulièrement évident dans l'usage du téléphone mobile. Et même sur un sujet pourtant bien délicat, si l'on en croit une enquête citée par Internet Actu, les jeunes ont une moindre réticence face aux puces sous-cutanées :

Interrogée par le Time, l’une des auteurs de l’étude relève à ce titre que la facilité avec laquelle les adolescents partagent les détails de leur vie privée sur MySpace et les blogs témoigne du fait que la prochaine génération de consommateurs se sent moins concernée par les problèmes de vie privée.

Inversement, on peut se souvenir de cette lourde expérimentation lancée par Microsoft MyLifeBits (diaporama) où il s'agissait d'enregistrer toutes les traces de la vie quotidienne d'une personne. Est-il anodin que le "cobaye", Gordon Bell, soit un senior ? C'est une vision d'un autre âge.