Voici une anecdote révélatrice de quelques effets de la redocumentarisation sur l'histoire de la littérature.

Chacun sait combien il est facile de retrouver des plagiats dans des livres récents, au point que c'est devenu un petit jeu à la mode aux US, soulevant l'ire des auteurs pris la main sur la souris. Mais un ingénieur de Google, recherchant le livre d'un auteur du XIXè (Howlett, 1899) à partir d'une phrase dont il se souvenait, a eu la surprise de la retrouver chez une auteure plus ancienne (Baring-Gould, 1892). Et poursuivant ses recherches, il s'est rendu compte que cette dernière avait aussi puisé largement chez un de ses prédécesseurs (Thorpe, 1851)..

L'ensemble de l'histoire est ici. Dead Plagiarists SocietyWill Google Book Search uncover long-buried literary crimes?, Paul Collins, Slate Nov. 21, 2006

Les outils de traitement numérique en redocumentarisant les oeuvres nous conduiront petit à petit à une révision de l'histoire de la littérature et sans doute à une révision de la littérature elle-même. Déjà B. Mélançon avait montré que nous étions les premiers à pouvoir lire l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, telle que l'avait imaginée les concepteurs. Les lecteurs contemporains des auteurs, du fait des délais d'impression entre les différents tomes et des mauvaises correspondances, volontaires ou non, ne pouvaient utiliser sa forme "naturelle", tandis que les outils numériques d'aujourd'hui facilitent la navigation fluide d'une rubrique ou d'une référence à l'autre.

Sommes-nous les premiers lecteurs de l'Encyclopédie ?, 2002.