La Presse tient bon
Par Jean-Michel Salaun le jeudi 08 février 2007, 10:24 - Édition - Lien permanent
Dans notre pentagone, les différentes facettes sont plus solides que ne le pensent bien des analystes du numérique. Dès lors la question est moins de savoir si le Web va balayer les médias traditionnels, mais quelle place il va prendre parmi eux.
Extraits d'un communiqué de la World Association of Newspapers :
- Diffusion globale des journaux en hausse de 9,95 depuis cinq ans et de 2,36 pour cent au cours des douze derniers mois
- Nombre de titres quotidiens supérieur à 10 000 pour la première fois dans l’histoire
- Plus de 450 millions d’exemplaires vendus quotidiennement
- Plus de 1,4 milliard de lecteurs de journaux payants
- Diffusion totale des quotidiens gratuits qui a plus que doublé en cinq ans
Contrairement aux idées reçues, la diffusion des journaux est en hausse et de nouveaux titres sont lancés à un rythme remarquable, selon les nouvelles données mises à jour de l’Association Mondiale des Journaux.
"Ces tendances indiquent par ailleurs l’innovation très répandue, mais souvent négligée, qui se produit dans l’industrie de la presse. Alors qu’une grande partie de l’attention s’est portée sur le développement numérique, le produit imprimé a changé également. Même dans les marchés les plus développés, on a constaté une prolifération de nouveaux types de journaux, ciblant de nouveaux segments d’audience et imaginant de nouveaux scénarios marketing et de distribution. Et le déferlement de nouveaux titres gratuits, lancés sur le marché des journaux payants, résulte du fait que de nombreux éditeurs repensent le modèle de revenus des ventes au détail en place depuis plus de 400 ans."
M. Balding a noté que les journaux représentaient une industrie qui pèse près de 180 milliards dans le monde, avec davantage de recettes publicitaires que la radio, l’affichage extérieur, le cinéma, les magazines et internet combinés. Plus de 6 milliards d’euros ont été investis dans les technologies de presse ces cinq dernières années, et l’industrie emploie pas loin de deux millions de personnes à travers le monde.
Repéré grâce à un article du journal Le Monde
Le déclin annoncé des journaux démenti par les faits, Aline Leclerc, Le Monde 08-02-07
Actu du 11-02-2007 : en relation avec le commentaire de Pierre, on pourra lire ce billet de l'Observatoire des médias :
La PQN se casse la figure en France, mais le débat continue, 09-02-2007
Commentaires
Au delà de la presse, l'imprimé tient bon.
Je suis un peu plus réservé sur les généralités planétaires évoquées dans le billet. Certes, les pays émergents reproduisent les bonnes pratiques des pays développés. Mais les évolutions régionales sont bien plus nuancées, me semble-t-il.
Un mot sur la presse. Depuis Émile de Girardin, la presse était devenue un support de publicité. L'éditeur profite du support vendu au lectorat pour vendre du même coup, une audience à des annonceurs. C'est une pratique centenaire devenue un grand classique. Ce qui m'étonne un peu, c'est de ne rien entendre des nouvelles pratiques de la presse dans la glause ambiante sur son évolution, les gratuits, etc. Exemple : suppléments Week-end hors de prix mais fort profitables, suppléments DVDs, etc.
Depuis trois semaines, Le Monde diffuse chaque semaine une série L'Opéra du Monde au prix de... 9,95 euros chaque semaine. Le CA généré par ce supplément est donc supérieur à la vente en kiosque du Monde lui-même, chaque semaine -- pour ceux qui achètent le supplément. Le Monde est devenu le support de vente d'une série, via sa diffusion en kiosque, comme il l'a fait déjà pour 7 séries de DVDs.
Alors si la presse tient bon, c'est aussi parcequ'elle est devenue elle-même le support d'autre chose... D'ailleurs, les quotidiens qui ont loupé le coche s'en rendent compte cruellement.
Pierre,
Je m'aperçois en lisant ton commentaire que j'avais oublié de mettre le lien sur le communiqué qui donne les chiffres. C'est réparé. Lis-le, il est beaucoup plus précis que l'extrait de mon billet et ne dit pas autre chose que tes remarques.
Sauf que je je suis pas sûr que la presse n'ait pas toujours aussi été le support d'autre chose. Les ventes liées ne datent pas d'aujourd'hui.
Seul le supplément week-end est une véritable 'vente liée'. Ce jour là, il est impossible d'acheter le quotidien sans son supplément magazine. Au dire de quelques kiosquiers interrogés sur le sujet, le Monde 2 du week-end a entrainé une baisse de la diffusion (en nb d'ex) ce qui n'a que peu d'importance aux yeux du journal puisque le CA et la marge ont été consolidés.
Les autres suppléments (séries DVD, série Mozart, série Opéra, série Tintin...) ne sont pas des ventes liées car il est toujours possible d'acheter le journal sans ce supplément. Et c'est précisément parce que ça marche (sans forcer le lecteur à acheter) qu'il y a là à mon avis un nouveau composant pérenne dans le modèle économique de la presse quotidienne. Ce qui pour la presse est une nouveauté de 2 ou 3 ans à peine.
Hors presse bien sûr, la vente liée est une pratique ancienne, d'ailleurs interdite par la législation en France.