Une nouvelle étape vient d'être franchie dans le feuilleton qui oppose les éditeurs de journaux belges et Google à propos du service de mise en ligne Google-news.

On trouvera mon analyse de l'épisode précédent ici. Celui qui vient de se dérouler est, par exemple, rapporté par Le Figaro ici ou par le desk du Monde qui reprend une dépêche de Reuters. . En résumé la justice a donné raison aux éditeurs belges, en réduisant le montant de l'amende, mais le feuilleton n'est pas terminé, puisque Google a annoncé qu'il allait faire appel.

Sans revenir sur le détail de notre analyse précédente déjà claire, reprenons-en deux des thématiques en rapprochant cet épisode de celui d'un autre feuilleton apparemment sans rapport : le récent appel de S. Jobs à renoncer aux DRMs, voir ici.

Code vs Law.. and money

Extrait de la dépêche de Reuters d'hier : La secrétaire générale de Copiepresse, Margaret Boribon, a exprimé mardi sa satisfaction, tout en affirmant rechercher un accord pour une rémunération des articles belges. Clairement la question est celle du partage des bénéfices de Google, même si ceux-là ne se font pas directement sur le service incriminé. Et les éditeurs belges ont joué la loi, alors qu'ils auraient pu éviter le problème juridique par le code, mais alors sans pouvoir négocier de rentrée financière.

S. Jobs ne fait pas autre chose, mais en inversant la question. Il a joué le code afin de satisfaire les appétits financiers des ayant-droits de la musique. Il propose maintenant de se débarrasser de cette contrainte qui n'a plus, pour Apple, d'intérêt financier.

Notons ici toute l'importance du temps. Il a fallu d'abord laisser les usages s'installer pour repérer où se créait la valeur.

Territoires

C'est ici que la comparaison est la plus productive. J'ai déjà eu l'occasion de montrer que l'Europe était la championne de l'écrit, tandis que les États-Unis dominaient l'audiovisuel, et depuis peu aussi l'économie du Web (en attendant la Chine). On pourra en trouver une confirmation dans ce rapport de l'UNESCO. Échanges internationaux d'une sélection de biens et service culturels, 1994-2003, Unesco, 99p.

L'Europe et les USA, dans les deux épisodes, jouent ici la même partition, mais en inversant les rôles. La première (par l'entremise de Copiepresse) défend la propriété intellectuelle dans la presse, contre une contrefaçon d'un producteur de logiciel qui, lui-même, répond au nom de l'intérêt général (fairuse). Les seconds (par l'entremise de Apple) défendaient les droits d'auteur de la musique, par un logiciel attaqué par des juridictions européennes (scandinave et française) au nom d'un principe d'intérêt général de même nature que le précédent (la copie privée).

On peut penser que, dans les deux cas, les grands principes sont au service d'intérêts plus particuliers de firmes et d'industries à l'échelle de chacune des régions.