Bibliothèques et e-science
Par Jean-Michel Salaun le dimanche 27 mai 2007, 05:31 - Bibliothèques - Lien permanent
Un rapport récent et très éclairant vient d'être publié sur les usages des bibliothèques par les chercheurs aux US. Il montre, une nouvelle fois, l'extrême rapidité des changements et aussi des différences importantes et inquiétantes de perception entre chercheurs et bibliothécaires.
Researchers’ Use of Academic Libraries and their Services A report commissioned by the Research Information Network and the Consortium of Research Libraries, RIN & CURL April 2007.
Extraits
Points principaux du chapitre sur les nouvelles offres :
- Researchers and librarians agree that a key role for libraries in the future will be as custodians and managers of digital resources
- Researchers and librarians agree that increased library input into planning and executing research is unlikely; and researchers do not expect a high level of library input into the issue of research dissemination
- Librarians believe that providing expert advice and teaching on information literacy and management is a core role for libraries; while many researchers agree with them, there are challenges for libraries in securing significant take-up and penetration of their advice and expertise
- There are some significant differences in researchers’ and librarians’ views of the future role of libraries in supporting research, and there is a need for dialogue between them to ensure that library services and expertise are developed and deployed in the most effective way
- Collaboration and multi-institutional developments will continue to grow in areas including Virtual Research Environments, and libraries are likely to be involved in many such developments; but they will generate new demands in resourcing and skill sets, and new issues of co-operation and trust between institutions
Deux graphiques révélateurs sur la perception et l'usage du libre accès :
Signalé par Prosper
Commentaires
Les scientifiques font preuve de réalisme : ils connaissent et utilisent les archives ouvertes pour l'accès à l'information mais pour leurs propres publications, ils préfèrent les revues traditionnelles. Ou comment interpréter les résultats de cette enquête autrement ?
On peut interpréter plus finement la chose. Oui les chercheurs restent pour l'instant majoritairement conventionnels dans leur choix, tout simplement parce que les systèmes d'évaluation académiques sont encore majoritairement liés au facteur d'impact des publications (papier).
Cependant, la part plus importante des chercheurs en sciences dures (physical sciences) déposant en archives ouvertes indique, c'est mon hypothèse, que ces publications, dont le contenu est plus factuel (et dont l'information est par conséquent plus facilement réexploitable), gagnent à être le plus largement et rapidement accessibles. Mon pronostic est que cette tendance s'accentuera pour tous les champs de connaissances nouveaux qui ne sont pas "verrouillés" par des publications vénérables et pour l'instant incontournables. Il est a noter que ce groupe de chercheurs est aussi celui qui fréquentent le moins physiquement les bibliothèques (figure 12 du rapport).
Il serait intéressant de pouvoir consulter des statistiques similaires d'ici une année pour voir si la tendance se confirme, mais j'ignore si le CURL a l'intention de répéter l'exercice.
Bonjour Joachim et Jean-Daniel,
La réponse à votre question est à mon avis dans ce billet :
blogues.ebsi.umontreal.ca...
Les bibliothécaires croient, à tort ou à raison. que le libre accès va réduire leurs coûts et il est conforme à leur culture de partage. Ils favorisent donc cette option.
Les chercheurs n'ont pas individuellement forcément intérêt au libre accès. Tout dépendra de la culture de leur discipline et à terme des modalités d'évaluation de leur carrière. Globalement l'évolution est donc lente. À terme si un compromis est trouvé entre bailleurs de fonds et éditeurs par un investissement dans les services par exemple, alors les éditeurs garderont leur place. Sinon, on peut penser que la bascule vers le libre accès va se poursuivre.
Mais la science n'a pas nécessairement besoin d'un libre accès total pour se développer. La plupart des articles scientifiques ne sont lisibles que par une minorité en détenant les clés intellectuelles.
Merci pour ce flash-back éclairant. Effectivement, à ce jour, il est difficile de savoir si c'est le point de vue micro ou macro qui va s'imposer. Je n'ai pas assez de contacts académiques pour lire dans cette boule de cristal là, mais ce que je vois du côté des entreprises va plutôt vers la tendance "qu'importe le contenant pourvu que j'aie les données", avec les dérives (non-)qualitatives déjà identifiées.
A ce niveau là, le contrôle s'oriente plutôt vers la qualité des métadonnées, donc du versant gestion documentaire (la visée est l’accès rapide et pertinent à l’information), que vers la validation par les pairs, du côté de l’analyse et de la validation du contenu (la visée est la construction du (d'un) savoir). Le web sémantique se trouve(rait) au confluent de ces deux visées, mais pour l’instant on ignore s’il les arbitrera de manière concluante.
L'opposition entre la publication et l'édition pose de manière sous-jacente la problématique de la propriété intellectuelle, et outre les travaux de Lessig il existe des visions "biologiques" de la chose tout à fait décoiffantes (voir Zartarian & Castello « Nos pensées créent le monde » : co-creation.net/weid/txt-... Ou faut-il attendre que les natifs numériques comme les décrit Mark Prensky (www.louves-online.com/art... arrivent au postes de commandes ?