Emmanuel Parody commente un billet de Scott Kar sur les difficultés financières du New York Times. Ce dernier, après calculs sur les comptes du journal, conclue :

So if this is right (feel free to check my math), then May 2006 to May 2007, print ad revenue for the News Media Group decline $19.2 million or 14.4%, dwarfing the $2.8 million increase in online ad revenue.

Cela n'étonnera pas les lecteurs de ce blog et en particulier de la synthèse réalisée par P. Lozeau qui donne les clés de cette évolution. Emmanuel Parody conclue, pour sa part, qu'il s'agit principalement d'un changement de paradigme à assumer pour la presse. Je cite :

Une autre chose m’intéresse dans les chiffres du NYTimes : le site About.com représente près de 30% des revenus du Web (23M$ sur 74M$ sur Q1 2007). About.com un site communautaire racheté 410 M$ début 2005. About.com un site essentiellement optimisé pour Google et les revenus à la performance des mots clés. About.com avec ses rédacteurs spécialisés payés à la performance, qui gèrent seuls, leur rubrique et leur communauté de lecteurs. About.com à des centaines de kilomètres de l’univers éditorial du NYTimes. A des centaines de kilomètres des coûts d’exploitation du NYTimes, sans aucun doute.

Si c'est la seule voie pour la presse, il y a fort à parier qu'elle disparaitra au profit du Web-média, dont la logique lui est antagonique. Mais à mon avis, E. Parody se trompe. Sans doute la presse peut se diversifier vers le Web-média, mais à condition de garder la maîtrise de son modèle. Une voie intéressante était proposée par une agence japonaise.

Pour autant, la situation de la presse globalement est moins mauvaise qu'on ne le dit comme le rapportent régulièrement ses organisations internationales. Tout le problème est d'adapter le modèle au choc des modernités.

Pour les pays développés et occidentaux, il faut admettre que la déclinaison sur le Web, si elle est indispensable, ne remplacera pas les parts de marché perdues sur le papier. D'autres formes médiatiques ont pris la place. L'explosion des gratuits est une autre réponse concurrentielle au Web-média sur la publicité qui ne détruit pas le modèle de la presse, même si bien entendu il l'oblige à le transformer radicalement.

Mais la presse est encore très florissante dans nombre d'autres pays. Je ferai l'hypothèse, fragile à approfondir, que pour ceux-là deux facteurs jouent : la presse est le média de la révolution industrielle et de la consommation de masse. Les pays qui sont à ce stade ont une presse en forte croissance. Par ailleurs, la relation culture-écriture joue fortement, je pense ici aux pays asiatiques pour lesquels la relation à l'écriture sur ordinateur est très différente.