Presses universitaires, bibliothécaires.. même combat ?
Par Jean-Michel Salaun le mardi 04 septembre 2007, 01:34 - Édition - Lien permanent
Une étude récente, réalisée principalement par des responsables de Jstor à partir de nombreux entretiens avec des responsables de la gestion des universités (notés administrateurs dans l'extrait), des directeurs de Presses universitaires et des bibliothécaires US, préconise une coopération entre les Presses universitaires et les bibliothécaires pour construire les outils de publication et d'accès de demain.
Laura Brown, Rebecca Griffiths, Matthew Rascoff, University Publishing In A Digital Age, Ithaka Report, July 26, 2007. Ici
Extraits de la conclusion du résumé (trad JMS) :
Dans nos entretiens, nous avons trouvé que les administrateurs avait une réticence quant à rattacher l'édition à leur mission principale ; que les bibliothécaires avaient beaucoup d'énergie et d'enthousiasme pour réinventer leur rôle sur les campus afin de répondre aux besoins changeants de ce qui les constituent ; et que les réponses des directeurs des presses s'étalaient sur un large éventail depuis ceux qui continuaient à faire ce qu'ils avaient toujours fait, jusqu'à ceux qui étaient en relation étroite avec les programmes de leur institution et étaient engagés dans des coopérations pour développer de nouveaux produits électroniques. De nombreux directeurs de presse ont conscience de ce qui devrait être fait pour basculer vers de nouvelles entreprises, mais ils manquent de moyen financier, d'équipe technique et de compétences techniques pour s'engager dans ce genre de programme. Les bibliothécaires et les directeurs de presse admettent qu'ils ont une expérience de collaboration limitée et que la différence de leur économie rend cette collaboration problématique. Mais, en même temps nous avons constaté qu'ils avaient pleine conscience du caractère unique des compétences et de l'expérience que chacun amenait à la table. Finalement, il y avait une forte conscience que l'initiative d'un tiers ou au moins une force de catalyse était nécessaire pour : faciliter l'investissement financier ; engager la communauté dans une vision partagée d'un paysage de la communication scientifique ; aider les institutions à trouver leur place dans le nouveau système ; rassembler les ressources nécessaires pour l'avenir : et favoriser la coopération à la fois sur les campus et entre les institutions.
Les administrateurs, les bibliothécaires et les presses universitaires ont chacun un rôle à jouer (comme les scientifiques qui n'étaient pas directement concernés par ce rapport). Les administrateurs seniors doivent être volontaires et admettre qu'à l'ère numérique, l'édition dans un sens large est un élément central de l'activité d'une université. Ils devront gérer de façon stratégique les actifs et les ressources de l'université si les universités veulent garder leur influence sur l'évaluation et la diffusion des connaissances et de la science. Les directeurs des presses et les bibliothécaires doivent travailler ensemble pour créer les produits intellectuels du futur qui seront de plus en plus créer et diffusés sous forme électronique. Leurs efforts devraient être étroitement et intelligemment coordonnés aux programmes universitaires des campus et aux priorités pour conforter leur pertinence et l'engagement institutionnel. Les trois parties doivent travailler ensemble pour construire une infrastructure électronique partagée qui économisera des ressources, permettra la montée à l'échelle, montera l'expertise, favorisera l'innovation et intégrera les ressources productives des universités afin de maintenir un environnement éditorial universitaire robuste, varié et coopératif.
L'alliance entre la bibliothèque et les éditions a été réalisée dès 1995 à l'Enssib. C'est elle qui a permis de mettre à la disposition des internautes d'abord les mémoires des étudiants (plus de 600 en ligne aujourd'hui) et le BBF (toute la collection est en ligne aujourd'hui) puis de développer toute une série de services. Même si chaque métier a sa vocation et ses technicités, les frontières sont moins tranchées et les cartes se redistribuent avec le numérique. Une coopération est très profitable.
J'y ai participé activement à cette époque. Pour ceux que cela intéresse, j'avais expliqué ce choix, ses raisons et ses conséquences, dans un article, il y a 10 ans déjà. Il faudra que je retrouve une version électronique ;-)..
Peut-on dessiner les contours d'une bibliothèque électronique ? Le cas de la bibliothèque de l'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (Enssib), Document numérique, vol 2 n°3-4/1998, p.145-160.