Éco-doc : révision séquence 4
Par Jean-Michel Salaun le vendredi 08 février 2008, 05:34 - Cours - Lien permanent
Voici donc la suite des réflexions sur le cours sur l'économie du document, prévu à l'automne à distance (Plan et explications ici).
Cette séquence sur «Diversité et mondialisation» vise à souligner les différences de l'économie de la publication selon les parties du monde, aires politiques, culturelles et linguistiques et leurs inter-relations. La tendance naturelle des étudiants est en effet, de considérer la situation de leur pays comme universelle, tout particulièrement dans les deux cultures qui ont cette prétention : américaine et française. Il convient donc de relativiser, sans pour autant sousestimer les logiques transnationales qui influent sur l'évolution globale.
Cette séquence est pour moi plus délicate, peut-être la plus difficile de l'ensemble. Une difficulté vient du fait que l'on ne peut balayer la totalité du monde. À supposer même que je dispose de la connaissance suffisante (ce qui est évidemment faux), trois heures, ni même l'ensemble du cours, n'y suffiraient pas. Une autre difficulté survient quand il s'agit de proposer un portrait chiffré, les données statistiques sont limitées et sujettes à caution. Celles de l'Unesco sont intéressantes, très générales, parfois lacunaires et en refonte. Il faut aussi souligner l'intérêt de leurs synthèses sur une thématique particulière, mais elles sont rares. Il existe aussi de très nombreux cabinets, ou mêmes annuaires, fournissant des chiffres, dont il n'est pas toujours évident de sortir avec une vue assurée, ni impartiale, ni globale. Bien sûr, les principaux pays ont leur données, souvent accessibles, mais rarement homogènes et il est impensable, pour une séquence de cours de se lancer dans une telle récolte. Enfin, il ne manque pas non plus d'auteurs proposant une analyse à vocation mondiale. Ils alimentent et alimenteront évidemment la réflexion de cette séquence. Mais le sujet prête à la prise de position polémique politique et économique, et les analyses sont parfois biaisées.
Il y a encore donc du travail à faire pour améliorer la séquence. Et je devrai m'y atteler bientôt, d'où l'intérêt pour moi des suggestions qui pourraient advenir d'ici là..
J'ai choisi de l'organiser la séquence en trois parties :
- La première présente d'abord quelques coups de projecteurs sur des situations locales, qui ne sont bien sûr que des illustrations ponctuelles et aussi souvent simplement allusives mais qui voudraient souligner des logiques plus générales. J'hésite encore sur les exemples, mais ce pourrait être : l'indépendance américaine et le marché du livre avec ses conséquences sur le copyright, l'église et l'édition au Québec, le plan Marshall et le cinéma en France, le numérique et l'identité coréenne.. rien n'est arrêté et je suis preneur de toutes les suggestions. Je voudrais aussi proposer quelques lectures sur des situations locales, en particulier africaines qui sont souvent négligées dans les cours. Dans un second temps, je présente, cette fois globalement, les partages et spécialisation des marchés mondiaux et les inégalités de situation en insistant sur la triade Europe/Amérique du nord/Asie.
- La deuxième partie rend compte de l'histoire des logiques et tensions internationales dans le secteur (NOMIC, SMSI, etc.). Il s'agit là surtout du rappel de quelques faits marquant de l'économie politique mondiale du secteur. J'ai en effet remarqué une très large méconnaissance chez les étudiants de cette histoire.
- La dernière partie propose une analyse générale. Pour cette dernière avant de poser quelques interrogations soulevées par le Web, j'ai repris, en l'adaptant un peu, la synthèse de Diana Crane sur la mondialisation de la culture :
Crane Diana,Cultural globalization from the perspective of the sociology of culture, Statistics in the Wake of Challenges Posed by Cultural Diversity in Globalization Context, Colloque Unesco Montréal 2002, 22p. Pdf
Cette séquence conclut la première partie du cours. Les quatre premières séquences ont décliné chacune une idée forte, qui doit se retrouver dans les dossiers réalisés par les étudiants. Les voici en très résumé :
- Les documents ne sont pas des marchandises comme les autres et ont une économie particulière. (Séquence 1)
- Les technologies de l’information ont un poids et une histoire qui orientent l’organisation du contenu. Cette histoire s’accélère aujourd’hui, parfois de façon chaotique, avec la convergence. (Séquence 2)
- Les industries de contenus s’organisent selon des modèles. Le Web les perturbe ou s’insère entre eux. Les pratiques changent au rythme des générations. (Séquence 3)
- Les régions du monde ont leur organisation et se sont spécialisées. Un nouveau droit à la communication émerge progressivement, tandis que l’Asie prend une place nouvelle grâce notamment au Web. (Séquence 4)
La deuxième partie du cours qui s'ouvre à partir de la séquence suivante illustre sur des médias particuliers les éléments de la première partie en s'appuyant en priorité sur la Séquence 3, c'est à dire la notion de modèle. Dans cette deuxième partie, chaque séquence sera illustrée par un dossier réalisé par les étudiants.
Séquence 4 : Diversité et mondialisation
Objectif général
À la fin de la séquence l'étudiant(e) devrait connaitre :
- L'importance des particularismes locaux et quelques grands traits des spécialisations mondiales dans l'économie des médias.
- Les principaux évènements marquants récents des négociations internationales sur cette économie.
- Les principaux traits des analyses de la mondialisation de la culture.
Objectif spécifique
À la fin de la séquence l'étudiant(e) devrait être capable de :
- Repérer dans des situations simples de l'économie des médias, les différents éléments présentés.
- Interpréter sommairement l'actualité internationales des médias.
Contenu de la séquence (base à réviser)
- Histoire locales, effets globaux
- Quelques illustrations ponctuelles
- Inégalités et partage des marchés
- Logiques marchandes /logiques politiques
- « Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication »
- De l’exception culturelle à la diversité culturelle
- Analyses
- Quatre interprétations
- Le Web : une nouvelle donne ?
Évaluation
L'évaluation de cette séquence se réalisera par celle de la partie du dossier de l'étudiant qui s'y réfère.
Bibliographie (à venir)
Actu du 13 février 2008 Voir ce sujet le renier rapport de la CNUCED :
Information Economy Report 2007-2008, Science and technology for development: the new paradigm of ICT (UNCTAD/SDTE/ECB/2007/1) (9 fichiers Pdf, ici)
Synthèse en français :
Rapport 2007-2008 sur l´Économie de l´Information - Aperçu Général, Science et technologie pour le développement: Le nouveau paradigme des TIC (UNCTAD/SDTE/ECB/2007/1(Overview)) 06/02/08, 65 Pages, 443 Ko Pdf
Actu du 21 février 2008
Et aussi
Gen Kanai : pourquoi l’open source se développe lentement en Asie ?, InternetActu, 21/02/2008, par Hubert Guillaud ici
Commentaires
Bonjour,
Dans le cadre des différences internationales, je pense que tu pourrais utiliser comme exemple la diffusion des DVD édités. En effet, les éditeurs, conscients des niveaux de vie des différents continents, ont introduit la notion de zone qui permettait de vendre un même produit à des prix différents. Ils ont cependant été contournés par les fabriquants de lecteurs qui ont proposés des lecteurs multizones. L'usager (riche) a donc pu, en investisssant sur un appareil plus cher, accéder à des "consommables" meilleurs marchés. J'ignore si ce phénomène a fait l'objet de mesure statistiques. Il a été rendu possible par la globalisation du marché des "galettes" qui porte par ailleurs uniquement sur les grosses ventes (main stream); pour les produits plus ciblés culturellement (mais est-ce que cela veut encore dire quelque chose ?), la barrière sociale est plus efficace que le zoning commercial.
Par contraste à ce modèle on peut évoquer celui des imprimantes, dont l'investissement de départ devient de plus en plus bas alors que le prix des consommables prennent l'ascenseur. Ceci est un bon exemple de la différence de logique de diffusion entre un bien matériel et un bien culturel. On se trouve ici dans une logique de l'équipement (quasi) gratuit compensé par un service payant. Cela tient la route si c'est le même acteur qui maîtrise les deux composantes du marché, cela n'est plus le cas dans le modèle Google (d'où les accusation de vampirisme à son égard).
Désolé de n'avoir pas de référence à te fournir à ce sujet.