Harvard prône l'accès libre.. à quand Montréal ?
Par Jean-Michel Salaun le lundi 18 février 2008, 02:10 - Édition - Lien permanent
Dominic Forest me fait remarquer avec raison que je n'ai pas signalé le vote historique de l'Université de Harvard sur l'accès libre pour la science. Il s'agit en effet d'une étape importante de plus pour le mouvement, après l'adoption de l'obligation de dépôt par les NIH mais aussi surement d'un moment historique.
On trouvera chez Olivier une bonne mise en contexte (ici).
Il est apparu au cours des dernières années que la simple possibilité de dépôt par les chercheurs n'était pas une obligation suffisante pour l'alimentation des collections en accès libre. Le fait qu'une des principales universités entre aujourd'hui très officiellement et volontairement dans le mouvement marque un tournant qui risque bien de faire basculer l'ensemble. Il y a, bien entendu, une dimension noble dans cette décision : la volonté de l'Université de Harvard de poursuivre sa tradition académique, mais aussi un calcul plus terre-à-terre qui comprend aux moins deux dimensions économiques :
- Les chercheurs les plus reconnus n'ont plus forcément intérêt à publier dans les revues les plus connues si elles ne sont pas librement accessibles en ligne, ce qui déstabilise l'économie générale de la publication scientifique (je parle ici de l'économie des idées, non du trafic des éditeurs commerciaux). Voir là.
- L'importance de plus en plus grande des classements internationaux des universités dans leur concurrence, liée à la mondialisation et à la montée de l'Asie. Voici quelques éléments de contexte présentés par un article récent (trad JMS) :
- En 2000, sur le nombre total de doctorats délivrés en science et ingéniérie, 78% proviennent de l'extérieur des US et la croissance de la formation doctorale est spectaculaire en Chine, suivie par le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni.
- Du coté de la publication scientifique, les US ont de loin la plus grosse part mondiale d'articles produits en science et ingéniérie avec 31%, le second est le Japon avec 9%. Cependant, le nombre d'articles par auteur aux États-Unis « est resté constant depuis 1992, même si les efforts en R&D et le nombre de chercheurs a continué d'augmenter». La production d'articles a continué de grossir fortement en Europe de l'Ouest et en Asie, et la part de la produstion scientifique mondiale a déclinée. Les raisons de cette «stagnation» de la production américaine sont dites «inconnue et font encore l'objet d'enquête».
Open Access Publishing and the Emerging Infrastructure for 21st-Century Scholarship Donald Waters Ann Arbor, MI: Scholarly Publishing Office, University of Michigan, University Library vol. 11, no. 1, Winter 2008, (ici)
Alors à quand l'université de Montréal ?