Ce billet a été rédigé par Éric Legendre, étudiant de l'École de bibliothéconomie et de sciences de l'information dans le cadre du cours Économie du document.

Ça bouge beaucoup et rapidement du côté du livre numérique. Plus que jamais même depuis l'annonce par Amazon du lancement de sa liseuse électronique Kindle le 19 novembre dernier, il y a tout juste une année, ou presque (url).

Il est encore trop tôt pour dresser un quelconque bilan, mais on peut légitimement se demander cependant si Kindle préfigure vraiment un nouveau marché pour les publications écrites ?

On assiste actuellement à un certain renouveau dans le dossier (et dans cette guerre, il faut l'avouer !) avec la sortie de nouveaux appareils ainsi que de nouveaux modèles d'affaires. Du côté des liseuses électroniques, outre le Kindle d'Amazon, Sony par exemple propose son PRS505 depuis quelque temps (url), mais annonce déjà pour le 17 novembre prochain un nouveau modèle PRS700 avec de nouvelles fonctionnalités telle l'intégration d'un clavier numérique (style iPod et iPhone) et des capacités d'annotations, de surlignage et de recherche des textes (url). Contrairement au Kindle qui n'est toujours pas en vente au Canada, le Sony l'est ! Et contrairement au Kindle toujours, les liseuses de Sony et autres Cybook (url) et iLiad (url) permettent facilement de lire les documents sous format PDF.

Du côté des modèles économiques, l'avantage pour Amazon d'avoir ce qu'on appelle un modèle fermé (ou verrouillé), à l'instar du iPod et d'iTunes, lui a permis sans aucun doute — à court terme — d'intégrer le marché et d'assurer le rayonnement de l'appareil puisqu'il est lié aux ententes particulières entre Amazon et les éditeurs participants. De toute évidence — à long terme — la stratégie d'Amazon doit évoluer et s'ouvrir (url) + (url). Les quelques 194 000 ouvrages actuellement disponibles sous Kindle font bien pâle figure au côté des millions de Google Books, et plus que jamais suite à l'entente intervenue le 28 octobre dernier avec l'Association of American Publishers (bilan ici par exemple (url) ou chez l'Electronic Frontier Foundation (url) ou réaction ici (url)). En principe, rien n'empêche maintenant un fabricant de se lancer dans le développement d'une liseuse électronique (ou même une application) reprenant le système d'exploitation open source Android lancé par Google. De son côté, une jeune entreprise française comme Feedbooks peut proposer aux lecteurs son catalogue en presque tous les formats actuellement en vigueur (url).

L'auteur François Bon a rédigé beaucoup sur la question depuis les derniers mois et je crois qu'il est un des observateurs le plus au fait sur la question en ce moment. Cet automne, l'auteur et le site Publie.net faisaient paraître une « Adresse aux bibliothèques » (url) ainsi que « Publie.net bibliothèques : ce qu'on propose », deux textes importants établissant les premiers jalons d'une nouvelle offre numérique francophone, pourtant encore « à l'aube des possibles ». La particularité de cette offre est qu'elle émane du côté de l'édition et non du côté de la diffusion, de la distribution ou de la quincaillerie, et qu'elle prend pour acquis la multitude des formats de lecture (et n'est donc pas liée à un appareil précis) et tient en haute estime les particularités et avantages de la version électronique d'un ouvrage (typographie, hypertextualité, compléments à l'édition papier, etc.) avec un respect évident pour le lecteur... et l'auteur ! Ce qui n'est pas toujours le cas (url). François Bon annonce d'ailleurs dans son agenda (url) qu'il sera au Québec du 22 au 24 novembre prochain lors du Salon du livre de Montréal et fera une intervention sur les « enjeux de l'édition numérique ».

Le cœur du dossier est énorme et comprend des ramifications dans tous les sens. N'oublions pas que la chronologie du livre numérique date du début des années soixante-dix ! (url). Kindle est donc toujours à ses premiers balbutiements, mais tout bouge beaucoup plus rapidement en 2008 qu'en 1971 !