Échange inégal
Par Jean-Michel Salaun le dimanche 28 mars 2010, 18:21 - Édition - Lien permanent
L'Unesco a publié en octobre dernier un volumineux et important rapport : Investir dans la diversité culturelle et le dialogue interculturel (UNESCO, 2009), présentation, rapport, résumé.
Ci-dessous quelques éléments du chapitre 5 sur les médias Communication and cultural contents. Rien de nouveau, ni de révolutionnaire, mais des faits qu'il est important de rappeler régulièrement, car on les oublie vite et pourtant ils éclairent crûment bien des débats, pressions et polémiques actuelles.
En 2006, les industries des médias et de la culture représentaient plus de 7 % du PIB mondial et pesaient environ 1 300 milliards de dollars des États-Unis, soit environ deux fois les recettes du tourisme international, estimées au même moment à 680 milliards de dollars. Dans les années 1990, l’économie de la culture et de la création a connu dans les pays de l’OCDE un taux de croissance annuel deux fois supérieur à celui du secteur tertiaire, et quatre fois supérieur à celui de la production industrielle. Ces dernières années ont vu une concentration du secteur entre les mains de quelques grandes sociétés multimédias transnationales et d’une poignée d’acteurs mondiaux de l’univers des médias.
En réalité les échanges commerciaux de biens et services culturels ne concernent que les pays de l'OCDE, c'est à dire les pays développés (composition de l'OCDE)
L'Europe est, de loin, le principal exportateur de documents imprimés et de musiques enregistrées. Puis vient l'Amérique du nord et enfin l'extrême Orient, avec là aussi la montée récente de la Chine.
Les États-Unis dominent le cinéma et l'image animée en général.
Le tableau montre aussi la résistance de certaines cinématographies nationales, comme l'Inde avec Bollywood et la France, grâce à sa politique d'aide.
Maintenant, relisons ces données en pensant aux discussions sur Google-Books, Amazon-Kindle ou Apple-iPad, et auparavant celles sur la musique numérique. Une clé de compréhension ne se trouve-t-elle pas aussi dans ces rapports commerciaux, très géographiquement centrés et dans la recherche d'un nouveau partage au dessus de l'Atlantique à partir du numérique ?
Commentaires
Les plates-formes du contenu numérique, conçues par un centre géographique précis (USA, voire Californie), sont elles-mêmes des attracteurs incontournables du "nouveau partage", et imposent donc des rapports inégaux au grand reste de l'industrie culturel. L'Europe conservera sans doute sa position de tête dans la production de contenu, mais si je ne m'abuse, le terme même de "contenu" est un signal: l'économie qui approche n'est plus la leur.
Quant à la place des pays non-développés dans cette utopie en devenir, on en parle même pas.
Bien vu Antonin, à une nuance près : le contenu audiovisuel (ciné-TV). Là la Californie domine et c'est sans doute une des raisons de l'insistance des US dans le projet ACTA qui est un conglomérat d'intérêts divers.
http://owni.fr/2010/03/29/acta-vers...
Avec le Japon pour les jeux vidéos.