Redocumentarisation des humains : Zaroff ou Gainsbourg
Par Jean-Michel Salaun le lundi 03 mai 2010, 07:10 - Web 2.0 - Lien permanent
Pour la redocumentarisation des humains, il y a l'horreur, style La chasse du comte Zaroff (wkp), avec puce sous cutanée comme l'a repéré Olivier (là), qui reste heureusement encore du domaine du délire de politiciens paranoïaques. Et puis, il y a la séduction, style Je t'aime, moi non plus celui de Facebook avec son bouton J'aime, qui lui se généralise à grande vitesse comme l'analyse parfaitement D. Durand dans une série de deux billets (ici et là). Voici la conclusion du second :
Mon avis est que la plupart des 50'000 sites (et tous ceux à venir...) implantant ces fonctions de manière effrénée ne prennent pas le temps de l'analyse et de la réflexion sinon ils préviendraient au moins leurs utilisateurs des conséquences potentielles sur leur sphère privée?
En effet, l'enjeu est la loyauté à long terme des utilisateurs: quelques publications sur le mur Facebook de l'un ou de l'autre valent-ils le risque d'un exode massif de votre propre site quand votre communauté aura compris à quoi vous jouez (trop discrètement...) avec sa vie privée? J'y réfléchirais personnellement à deux fois....
Et je ne parle pas du fait de permettre à un allié d'aujourd'hui mais potentiel concurrent de demain de se constituer sur vous-même des informations dont vous rêvez depuis toujours sans vous même y avoir accès.
On cherche à pendre Google haut et court pour bien moins que cela depuis longtemps....
Résistons, résistons !
Actu du 5 mai 2010
Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls impliqués dans cette société de surveillance. Amazon repère les passages surlignés par les lecteurs sur les Kindles (ici), voilà qui devrait faire réfléchir les bibliothèques, bien naïves dans leurs alliances avec les industriels (là)
Et un peu plus tard, cette éclairante comparaison des politiques sur la vie privée de Facebook au cours des années ici
Commentaires
Bonjour Jean-michel, ravi de continuer à vous compter parmi mes lecteurs. Merci pour la citation!
"qui reste heureusement encore du domaine du délire de politiciens paranoïaques" espérons espérons ... mais :
http://www.internetactu.net/2006/06...
et aussi :
http://www.spychips.com/press-relea...
(c'était en 2006) ...
Les instituts de sondage distillent habilement l'idée et sa supposée progression ... (http://www.20minutes.fr/article/387...)
Depuis la société Verichip et autres Verimed (puces sous-cutanées pour "patients") continue son lobbying ... et la composition de son conseil d'administration élargi est riche d'enseignement ... et de menaces ...
Ajoutons à cela l'industrie des big pharma et les collusions entre la génomique personnelle (23&me) et certains moteurs de recherche (Google) et le délire de politiciens paranoïaques pourrait assez rapidement devenir tangible.
Mais j'essaierai d'y revenir dans un prochain billet ... si on ne m'a pas pucé d'ici là ;-)
Salut Olivier,
À vrai dire, je ne sais ce qui est le plus effrayant, le délire médico-policier, qui rappelle de très mauvais souvenirs aux européens et donc déclenche immédiatement des réflexes salutaires, ou le délire sucré-commercial dans lequel tout le monde paraît s'engouffrer joyeusement.
le délire "sucré-commercial" ... tu peux préciser ??
Si tu veux dire désigner par là l'industrie des big pharma et celle de la génomique personnelle, je reste, hélas, convaincu, que le danger est réel et ne relève plus du tout de la science fiction ...
Mais si tu as un argumentaire pour m'éviter de m'y engouffrer joyeusement, je prends :-)
Salut Olivier,
Non, par délire sucré-commercial j'entends les phrases bonbons : «don't be evil», «mes amis», «j'aime» qui peignent en rose un monde à la Disney d'un réseau ultra-surveillé, pour mieux endormir la méfiance.
Qt à l'argumentaire pour éviter de s'y engouffrer, je crois qu'un minimum de prudence est déjà important. Rien n'oblige personne à avoir une adresse Gmail, ni à être actif sur FaceBook et pourtant présent. Les blogueurs ont leur part de responsabilité dans le relai de la pression et des fausses obligations pour être branché sur tout ce qui bouge.
Merci pour la précision sur le "délire sucré-commercial". J'y souscris naturellement :-)
Sur l'épisode de l'évolution de la politique de confidentialité de Facebook, voir mes commentaires au billet de l'EFF :
http://affordance.typepad.com/mon_w...
Tout à fait, on aurait pendu Google haut et court pour bien moins que ce que fait Facebook aujourd'hui. On a toujours besoin d'un plus méchant que l'autre :) . Vous allez voir que très bientôt, Apple y passera aussi, comme en témoignent de récents papiers (par exemple, celui-ci, qui circulent déjà bcp sur le web francophone et twitter en particulier : http://tinyurl.com/2vn8l8b , traduit de l'anglais). Le schéma est donc toujours le même : un service / bouquet de services est créé par une compagnie puissante, les aficionados se précipitent, font des émules (le service est toujours d'une déconcertante simplicité d'emploi et flatte l'ego des utilisateurs) puis arrive le temps des critiques qui brandissent les intentions cachées de "la firme" et on brûle ce que l'on a adoré... sans grand risque puisque les pratiques sont déjà bien installées. Le délire autour de l'iPad en fournira le prochain exemple, j'en suis sûre.
Et merci pour vos excellents billets.