Comme indiqué dans un précédent billet, un petit groupe franco-canadien de chercheurs propose de reprendre le processus d'écriture collective initié au sein du Rtp-doc sous la signature collective de Roger T. Pédauque. La première version du texte, Le web sous tensions, est maintenant en ligne et vous pouvez l'annoter. Et n'hésitez pas à le faire savoir auprès d'éventuels contributeurs. Plus le texte sera annoté, plus il pourra être amélioré. L'interface permet les annotations directes sur le texte.

Le web sous tensions, Roger II Pédauque Version du 18 février 2011

Résumé du texte :

Il faut prendre au sérieux l’interpellation de Tim Berners-Lee sur une science du web. Les humanités numériques, à condition de dialoguer étroitement avec les disciplines informatiques, pourraient être le creuset d’une réflexion véritablement transversale et interdisciplinaire sur le web.

Dans cette perspective, le web peut être analysé comme un média en émergence en tension entre deux pôles : information et communication. Tension qui se décline sur les dialectiques publication/conversation et signe/signal et qui donne lieu à des résolutions ou pose encore des défis que l’on peut lire au travers de la distinction pédauquienne forme-texte-médium.

Cette tension se concrétise notamment par, l’intégration dans le document d’une dimension temporelle affirmée. Celle-ci remet en cause les pratiques professionnelles de l’archivistique. Elle touche toutes les étapes de la vie du document et bouleverse sa notion même. Dès lors, on peut s’interroger pour savoir si un critère de sa définition ne serait pas une stabilité, même relative, que l’on peut repérer dans les réponses à une requête.

Même récent, le web a une histoire. Pour ses concepteurs, nous sommes aujourd’hui, après le web des documents, à l’étape du web de données qui est à la fois la réalisation pratique et une évolution de l’idée d’un web sémantique, lancée par T. Berners-Lee en 2001. Il est difficile de raisonner globalement sur le web comme un système à base de connaissance à cause de problèmes de cohérence ou encore de confiance, il est plus facile d’articuler des unités d’information élémentaires comme des données, moins dépendantes du contexte interprétatif. Dès lors, un effort est proposé pour rendre les données accessibles et les lier grâce à un langage commun. Deux pistes se poursuivent en parallèle : celle du web sémantique originel, mais réservé à des domaines limités et structurés, celle du web de données sur un web ouvert. Et malgré la difficulté d’échapper aux visions partielles, la couche de données apparaît de plus en plus comme une couche faisant la relation entre le web traditionnel et le web logique.

L’ensemble de ces éléments sont portés par un récit, une ou des utopies, qu’il faudrait mieux analyser et dont il faudrait mieux percevoir les effets et se concrétise par l’émergence d’une nouvelle profession, les architectes de l’information.

Pourquoi cette initiative alors qu'il existe déjà trois textes de Roger et que l'aventure accompagnait une organisation aujourd'hui oubliée du Cnrs-Stic en réseaux de chercheurs ?

  • Tout d'abord le contexte du web a changé. Sans être obsolètes, les précédents textes de Roger s'appuyaient sur la situation du numérique du début du millénaire en essayant de pointer les défis à venir. Les thèmes éclairent la situation actuelle. Mais le web bouge et il faut réajuster le projecteur pour les années à venir.
  • Ensuite, il existe toujours un besoin pour des réflexions réellement interdisciplinaires sur le web. De ce côté, il semble l'on n'a pas beaucoup avancé. Et pourtant, seul un dialogue approfondi et interdisciplinaire sera vraiment productif pour comprendre le web.
  • Enfin à côté de la publication qui régule aujourd'hui l'économie scientifique, la concurrence des carrières et des egos, il est utile de produire des textes collectifs, transversaux, indépendants, mettant en perspective les différentes dimensions disciplinaires sur ce média envahissant qui se construit sous nos yeux, non pas pour bâtir un consensus mais bien pour repérer où sont les accords, les différences ou les divergences et par là avancer chacun notre réflexion par une réelle confrontation interdisciplinaire.
  • Et puis, il existe aujourd'hui des outils et une pratique bien plus développée du dialogue sur le web que du temps de Roger 1er. Il faut poursuivre et élargir les expériences alternatives de production scientifique.

Les responsables de la première version et de la synthèse : Bruno Bachimont (UTC-INA), Valérie Beaudouin (Télécom ParisTech), Jean Charlet (Inserm), Dominic Forest (Université de Montréal), Benoit Habert (ENS-Lyon), Jean-Philippe Magué (ENS-Lyon), Yves Marcoux (Université de Montréal), Alain Mille (Université Claude Bernard - Lyon 1), Vincent Quint (Inria), Jean-Michel Salaün (Université de Montréal - Collegium de Lyon).

Souhaitons que, comme dans les rédactions précédentes, les scientifiques, académiques, professionnels et experts soient nombreux à lire et annoter ce texte. Le succès de la formule dépend du succès de cet appel. Les expériences précédentes ont montré que l'intégration des commentaires de la première version conduisait à un texte bien plus riche et sur certaines parties fort différent de l'original. Cette version sera disponible pendant un gros mois. Plus vous annoterez tôt, plus vous aurez la chance d'initier des réactions.