Amazon vient de se féliciter du succès de son système de prêts de livres numériques. Pour bien le comprendre, il faut d'abord rappeler le fonctionnement du service KDP Select lancé en décembre dernier. Le Kindle Direct Publishing (KDP) est le service d'autopublication d'Amazon. Extrait du communiqué à destination des auteurs francophones :

Si vous publiez vos livres en exclusivité sur la Boutique Kindle pendant au moins 90 jours, ceux dont vous contrôlez les droits de distribution aux États-Unis sont inclus automatiquement dans le programme de prêt « Kindle Owners’ Lending Library » et peuvent prétendre à une part d’un fond mensuel. Le montant de ce fond pour le mois de décembre 2011 est de 500 000 dollars américains, et le fond total pour l’année 2012 sera d’au moins 6 millions de dollars. Le « Kindle Owners’ Lending Library » est une collection de livres qui s’étend aux membres du programme Prime sur Amazon.com. Ces clients peuvent emprunter gratuitement un livre par mois, sans échéance. (..)

Votre part sera calculée sur la base d’une part du nombre d’emprunts pour tous les livres KDP inscrits au programme. Par exemple, si le fond pour le mois de décembre est de 500 000 Dollars, si votre livre a été emprunté 1 500 fois et si tous les livres participants ont cumulé 100 000 emprunts, vous recevrez pour votre livre 1,5 % (1 500/100 000 = 1,5 %), soit 7 500 Dollars, pour le mois de décembre.

Et maintenant, voilà des extraits du dernier communiqué triomphant d'Amazon sur l'expérience (trad JMS) :

Les clients ont empruntés 295.000 titres de KDP Select dans le simple mois de décembre, et KDP Select a fait monter la collection de la bibliothêque de prêt au-delà de 75.000 titres. Avec le fond de 500.000$, les auteurs de KDP ont reçus 1,70$ par prêt. (..)

KDP Select fait gagner plus d'argent aux auteurs de deux façons. Nous savions que les clients adoraient avoir les titres de KDP Select dans la bibliothèque de prêt du Kindle. Mais, nous avons été surpris de l'accroissement des ventes de ces mêmes titres, comparées à celles du reste du KDP.

Amazon lui-même gagne de l'argent de trois façons : par le pourçentage sur les Kindles vendus, par celui sur les exemplaires supplémentaires de livres vendus, par les inscriptions au programme Prime. Mais nous l'avons vu l'objectif premier d'Amazon est moins le profit immédiat que la construction d'une clientèle captive.

Bertrand Calenge, dans un commentaire récent s'exclamait : C'est sans doute la (prochaine mais déjà actuelle ?) stratégie la plus redoutable d'empiétement sur l'usage du bien commun : on verra peut-être bientôt une société commerciale offrir à une bibliothèque publique la libre disposition de son catalogue... en échange de la collecte par cette société de toutes informations sur le public et ses habitudes de lecture !

En réalité, il n'est même pas sûr qu'Amazon ait encore besoin des bibliothèques publiques pour tirer profit du bien commun. Celui-ci lui sert directement à construire sa clientèle.

Actu du 26 janvier 2012

Voir aussi : La bibliothèque d'Amazon augmenterait les ventes d'ebooks, ActuaLitté 26 janv 2012

10 sept 2012

Sur Actualitté : [ Amazon et l'auto-édition sur Kindle : un vrai succès ?| http://www.actualitte.com/acteurs-numeriques/amazon-et-l-auto-edition-sur-kindle-un-vrai-succes-36614.htm]