Voici ce que l'on peut lire dans la dernière présentation des résultats financiers de Google (trad JMS) :

"Google a eu vraiment un solide trimestre cloturant une grande année. Le chiffre d'affaires de l'année a augmenté de 29%, et celui du trimestre a dépassé les 10 milliards pour la première fois" a déclaré Larry Page, président de Google, "Je suis très content de la croissance d'Android, de Gmail et de Google+, qui aujourd'hui a dépassé globalement les 90 millions d'usagers, bien au delà du double de ce que j'avais annoncé il y a juste trois mois. En construisant une relation significative avec nos usagers via Google+ nous allons inventer de surprenantes expériences croisant nos services. Je suis très excité par nos perspectives pour 2012, il y a d'énormes possibilités pour aider nos usagers et augmenter nos affaires".

Remarquons l'absence d'allusion à la recherche et l'insistance sur Google+, présenté comme le service fédérateur, celui qui relie les autres pour ouvrir des opportunités nouvelles.

C'est aussi l'occasion d'actualiser mon schéma.

Revenus-Google-2011Q4.png


On y constate encore une fois que l'écart entre les revenus publicitaires des sites propres à Google et ceux du réseau Adsense continue de se creuser. Sur une année, entre 2010 et 2011, la part des revenus issus de la publicité sur les sites de Google est passée de 66% à 69%, pour un chiffre d'affaires global de 37,9 Mds de $ et un bénéfice de 9,7 Mds soit une rentabilité commerciale intéressante de presque 26%. En 2004, la rentabilité n'était "que" de 12,5%, tandis que les revenus des deux réseaux faisaient pratiquement jeu égal. Autrement dit le recentrage de Google sur ses activités, ou - ce qui revient au même - l'enfermement de l'internaute dans ses services, n'est pas vraiment désintéressé.






Il est une autre façon de le repérer. J'ai déjà eu l'occasion de montrer combien l'évolution de la page d'accueil de Google reflétait les choix stratégiques de la firme (ici et ).

Page-Google-22-01-2012.jpg




La nouvelle page d'accueil de Google, telle qu'elle apparait en Amérique du nord est révélatrice de l'évolution de la stratégie, par son changement d'esthétique, comme par l'occupation nouvelle de l'espace de la page : moins de recherche (search) même si elle reste au centre, plus de services personnalisés... sans oublier Chrome dont on connait la place essentielle dans l'enfermement de l'internaute (v. Framasoft).

Et quand on passe la souris sur more, on obtient :

Page-Google-22-01-2012-_2_.jpg




C'est une façon très parlante de visualiser la dérive du coeur du métier de Google, autrefois moteur ouvert sur l'ensemble du Web, aujourd'hui de plus en plus un ensemble de services cernant l'espace documentaire de l'individu. On constate néanmoins que la culture première de la firme reste le texte, la deuxième dimension du document. On ne trouve sur cette page aucune image, sinon les icônes des services rangées en liste dans un tableau comme du texte et toujours documentées par leur nom.

Actu 26-01-2012

Sur la concurrence Google / FaceBook, voir :

Mathew Ingram, « Facebook picks fight with Google over who is more evil », GigaOM, janvier 23, 2012.