Stupide Gallimardise
Par Jean-Michel Salaun le vendredi 17 février 2012, 09:38 - Édition - Lien permanent
Bien stupide cette querelle faite à F. Bon par Gallimard sur les droits de traduction du Vieil homme et la mer d'Hemingway Voir ici ou là. Difficile de faire pire pour creuser encore le fossé entre éditeurs traditionnels et innovateurs du Web.
Je peux comprendre que l'éditeur s'inquiète du risque de voir ses "classiques" sortir de façon sauvage de son portefeuille. Mais la longueur des droits US transforme aujourd'hui les éditeurs en rentiers sans vision. On attendrait de leur part moins de crispation et plus d'ouverture.
Quoiqu'il en soit de la réalité juridique de cette affaire, la manière est indigne, ridicule, de la part d'un éditeur considéré comme un des fleurons de la culture nationale vis-à-vis d'un des pionniers français de la diffusion de la littérature numérique.
Une suggestion, naïve mais élégante s'il est encore temps : pourquoi ne pas publier chez Gallimard la nouvelle traduction de F. Bon en imprimé, et laisser à Publie.net la version électronique ? Et ensuite discuter plus sereinement de la suite.
18 février 2012
Voir l'analyse d'H. Guillaud sur La Feuille qui pose bien les enjeux en mettant en avant le bien commun. D'accord à une importante nuance près : la dénonciation des "industries du copyright" me parait peu efficiente quand elle ne s'accompagne pas en parallèle d'une critique des "industries du fair use". Sinon on tombe de Charybde en Scylla, là.
Commentaires
En découvrant la nouvelle "ici ou là", je m'étais dit la même chose. Exit l'ancienne traduction foireuse et vive la nouvelle, comme ça tout le monde est contant.
Mais cette maison d'édition préfère peut-être que le titre de cette note devienne un pléonasme.
Salut Jean-Michel,
"industries du copyright", je voie bien de qui on parle, mais j'avoue que les "industries du fair-use" je suis dans le flou ... je voie bien des "idéologues du fair-use", à la rigueur des "lobby du fair-use", voire de quelques petites PME du "fait-use" mais pour les "industries" je veux bien des noms si tu en as, sauf à considérer qu'il s'agit des services développés autour du logiciel libre ou (pêut-être ?) dans une certaine mesure des moteurs de recherche ?
Salut Olivier,
Il te suffit de suivre le dernier lien du billet. L'expression industrie du fair use n'est pas de moi, mais de la ''Computer & Communications Industry Association'' dont le slogan est : Open Markets, Open Systems, Open Networks; Full, Fair and Open Concurrence (que l'on pourrait traduire par : « Des marchés ouverts, des systèmes ouverts, des réseaux ouverts pour une concurrence parfaite»).
Thomas Rogers et Andrew Szamosszegi, Fair Use in the US Economy, Economic Contribution of Industries Relying on Fair Use 2010 (Computer & Communications Industry Association, 2010).
Extrait du rapport :
«L'usage équitable (fair use) de matériels sous droit d'auteur et d'autres limitations ou exception sont une base fondamentales de l'économie de l'internet. Par exemple, une des forces qui permet le développement de l'internet comme outil de commerce et d'éducation est la possibilité pour l'usager de repérer l'information utile grâce à des moteurs de recherche largement accessibles. La cour a considéré que les principaux services fournis par les moteurs de recherche relevaient de l'usage équitable. Sans ces exceptions aux droits d'auteur permises par la doctrine de l'usage équitable, les entreprises de moteur de recherche et d'autres seraient dans l'incertitude face aux infractions, un frein significatif pour proposer ce service bien utile. Le résultat serait l'échec des objectifs d'enseignement et de la croissance du commerce facilités par l'internet.
D'autres activités importantes sont rendues possibles par l'usage équitable, parmi lesquelles le développement de logiciel qui, bien souvent demande des copies temporaires de programmes existants pour faciliter la programmation de l'interopérabilité, et l'hébergement de sites, qui pourrait rendre les usagers coupables d'infraction s'il n'y avait des exceptions ou des limitations. La doctrine de l'usage équitable autorise aussi les usagers de matériels sous droits d'auteur à faire des copies numériques de programmes pour leur usage personnel. Donc, grâce à l'usage équitable les usagers peuvent jouir de programmes sous droits d'auteur de façon différée et transférer le matériel d'un terminal à un autre, et faire des copies-cache temporaires de sites web sur la mémoire vive de leur ordinateur.L'utilité découlant de ces activités a donné naissance à des achats de consommation d'une large gamme de produits comme les enregistreurs vidéo numériques et lecteurs MP3, entrainant une activité économique supplémentaire aux États-Unis et dans tous les pays où les machines utilisées pour ces activités sont fabriqués. »