Voici donc une seconde initiative (après celle-là) qui me rend optimiste. On commence enfin à penser une économie du document renouvelée transformant radicalement les anciennes pratiques, sans vouloir faire du web une nouvelle économie.

François Bon a une âme de pionnier et il a mis en place une belle coopérative d'édition numérique, Publie.net. Jusqu'ici il s'agissait d'une expérimentation pleine d'enseignements pour la littérature et la diffusion sur support numérique, soutenue par l'énergie de son promoteur et le tissu de sympathie qu'il avait su bâtir. Sa portée restait limitée du fait d'une économie structurellement précaire.

Aujourd'hui, FB, retrouvant le papier en ouvrant son activité à l'impression à la demande, referme paradoxalement à son tour la parenthèse Gutenberg, mais cette fois pour le métier d'éditeur. Comme à son habitude, il ne fait pas les choses à moitié. L'articulation économique, juridique et technique, entre le fichier numérique, considéré comme la matrice, et l'exemplaire imprimé, considéré lui comme un produit dérivé, est cohérente. Le rôle des libraires et celui des bibliothèques sont intégrés au modèle. Tous les détails sont à lire ici. C'est encore un chantier et bien des points doivent être précisés, mais la direction est clairement exposée.

Je ne sais si son intiative rencontrera le succès et améliorera son bilan financier, je lui souhaite évidemment. Mais c'est pour moi une des toutes premières initiatives sérieuses, y compris dans sa dimension économique, ouvrant la voie à un vrai modèle éditorial renouvelé, celui du 21e siècle. Et je suis persuadé qu'elle sera observée de près par bien du monde.