J'ai rendu compte à l'automne en 2010 d'une série d'articles du WSJ sur l'économie de surveillance qui se mettait en place. Deux ans plus tard, un nouvel article du même journal montre que les efforts dans ce domaine n'ont pas molli. Si l'on a toujours du mal à percevoir la réalité du retour sur investissement de ces efforts, par contre le quadrillage systématique mis en place pour la surveillance à l'aide des réseaux numériques témoigne d'une tentative de changement profond de la régulation de nos sociétés. Pas mal flippant...

The Economics of Surveillance, Wall Street Journal, 28 sept 2012

Extraits (trad JMS) :

Du fait de la baisse des coûts de stockage des données et de l'augmentation de la volonté de dépenser dans le domaine, les entreprises et les forces de l'ordre sont souvent capables d'engranger un très grand nombre de données, juste au cas où elles pourraient être utiles un jour.

"Aujourd'hui les téléphones portables sont des capteurs, indique le colonel Lisa Shay, professeur à l'académie militaire de West Point, vous portez maintenant un capteur personnel avec vous tout le temps."

"L'information, qui était autrefois éphémère, dure maintenant beaucoup plus longtemps, affirme Shay, si je suis photographié, ces données resteront potentiellement dans une bases disponibles plusieurs années" (...)

L'espoir pour les entreprises, comme pour les gouvernements est que l'augmentation des données améliorera et facilitera leur travail. Plus ils auront de données plus ils pourront repérer de modèles de comportement : l'application de la loi pourra pointer les criminels potentiels, et les annonceurs pourront envoyer le bon message à la bonne personne exactement au moment opportun.

On ne sait pas vraiment si cet objectif est à portée de main ou si plus de données ne créent simplement pas plus de bruit. Les forces de l'ordre disent que l'énorme quantité d'information ne leur facilite pas toujours le travail pour attraper les criminels. (...)

Une industrie près de 30 milliards a été créée dans la Silicon Valley autour des entreprises construisant des modèles opérationnels de collecte de données personnelles et d'utilisation de ces données pour attirer les annonceurs. Et le WSJ a constaté que le ministère américain de la Sécurité intérieure a dépensé plus de 50 millions de dollars en subventions fédérales aux locaux forces de l'ordre pour la technologie sur les lecteurs de plaques d'immatriculation au cours des cinq dernières années.

Le journal passe ensuite en revue les technologies de collecte de données personnelles, juste dans les situations de la vie quotidienne :

  • En voiture : lecteur de plaque d'immatriculation, GPS, ordinateur de bord, GPS externe.
  • Sur les ordinateurs personnels : réseaux sociaux, messagerie, recherche, connexion et wifi
  • Chez soi : TV cablée, téléphone, tablette, compteur électrique
  • En faisant ses courses : ordonnances, cartes de fidélité, cartes de crédit, distributeurs de billets
  • En déplacement : caméra et reconnaissance faciale, téléphone portable, relais téléphoniques
  • Comme citadin : enregistrements pour le vote, adresses postales, courrier