Google confisque-t-il la valeur créée par les journaux ?
Par Jean-Michel Salaun le lundi 21 janvier 2013, 04:32 - Cours - Lien permanent
Ce billet a été rédigé par FRANC Sarah, MALERBA Lison & NOTTET Aurore dans le cadre du cours Ecosystème du document de l'Enssib.
La valeur créée, ou valeur ajoutée, est l'apport donné à une matière première pour en faciliter l'utilisation, et incidemment en augmenter le prix de vente. Dans le cas de la presse écrite, la valeur créée réside dans le traitement de l'information brute par des journalistes professionnels, afin d'en faciliter la lecture par le public, par le biais d'une contextualisation, d'éclaircissements ou d'interprétation des événements.
Google, grand méchant loup ?
La « taxe Google », que certains éditeurs de presse française veulent imposer au géant de l'internet est symptomatique de l'état de crise dans lequel tente de survivre l'industrie journalistique. En réclamant cette taxe, les éditeurs soutiennent en effet que Google confisque la valeur de leurs journaux, notamment lorsque des articles (titres et chapôs uniquement) sont cités sur Google News. La taxe Google, selon leur point de vue, sauvegarderait la valeur des contenus dont ils sont les propriétaires. Google serait-il devenu responsable de la crise économique que connaît actuellement le secteur de la presse ? Il est d'abord légitime de s'interroger sur cette notion de « valeur » : quelle est-elle ?
Google VS éditeurs : un combat de géants
Ne nous leurrons pas : c'est avant tout une affaire de gros sous. Il est clairement question de valeur économique et commerciale : c'est sur le marché publicitaire que le combat fait rage. Et pourtant, les arguments des éditeurs semblent tomber à l'eau étant donné que Google News ne propose aucune publicité. Le problème se situe plutôt dans la stratégie d'enfermement de Google. On le sait, l'internaute, une fois ferré, a tendance à naviguer exclusivement sur les services Google qui eux, proposent de la publicité. Lorsque l'on sait que cette dernière est devenue l'une des principales sources de revenus – voire de survie – de la presse, il n'est pas étonnant de voir les éditeurs monter au créneau.
Certes, Google pose une série de problèmes éthiques : le fonctionnement de Google News est opaque et la firme n'est ni propriétaire des sources qu'elle cite, ni de celles vers lesquelles elle renvoie. Comme à son habitude, Google se repose sur son hégémonie pour lancer des services sans consulter les autres parties concernées : en 2003, lors du lancement de Google News, les éditeurs de presse n'ont pas eu leur mot à dire.
« Don't be evil »
Et pourtant, on peut se demander si Google ne devient pas trop vite la cible privilégiée d'éditeurs de presse désemparés. Désemparés, Dassaut, Lagardère... Désemparée, la presse qui peine à s'adapter aux nouvelles stratégies numériques. Google, grand méchant loup ? Facile pour les patrons des grandes multinationales de se poser en victime plutôt que de s'interroger sur leur propre marge de manœuvre...
Il est indéniable que Google News permet aux éditeurs d'acquérir une visibilité plus grande sur le Net. Les chiffres le prouvent : 20 à 30 % des lecteurs du Monde.fr sont passés en amont par Google News. En tant que détenteur de la 7e place de site d'information d'actualité, Google News est un levier puissant de visibilité pour les éditeurs, du moins pour les contenus qu'ils proposent. L'information référencée par Google empêche-t-elle donc vraiment les internautes de se rendre sur les sites des éditeurs, ou développe-t-elle au contraire l'audience de ces sites ? Autrement dit : Google confisque-t-il la valeur créée par les journaux ou la redistribue-t-il ?
Soulignons en outre l'apparente injustice d'un tel projet : si l'on taxe Google parce qu'il renvoie vers du contenu d'éditeurs de presse, pourquoi ne pas taxer alors chaque personne qui serait amenée à faire de même ? Les particuliers, via les blogs, Facebook ou Twitter, devraient-ils payer une taxe lorsqu'ils proposent des liens hypertexte vers du contenu qui ne leur appartient pas ? Quid des questions de droit d'auteur ? En Irlande, ce genre de mesure est déjà une réalité...
Si la loi est votée en France, Google menace de déréférencer les sites des éditeurs de presse de son moteur de recherche. Les journaux retrouveraient-ils alors leur valeur d’antan ? Les éditeurs de presse oseront-ils réellement tenter l'expérience ? Google, ce maître chanteur, reste un indéniable tremplin, une passerelle entre les lecteurs et les éditeurs de presse.
Je t'aime, moi non plus
Finalement le problème n'est pas tant que Google confisque la valeur des journaux (donc du contenu produit par les éditeurs de presse), qu'il impose un renouvellement complet du travail des éditeurs. Ces derniers sont en effet obligés de s'adapter au fonctionnement de Google, et plus généralement de la nouvelle économie numérique.
Johan Hufnagel, l'un des créateurs du site Slate.fr, fermement opposé à une taxe Google, exhorte ainsi la presse à « utiliser ses talents de lobbying pour réclamer une véritable réforme de la fiscalité sur les multinationales » et à « investir réellement et massivement dans une vraie modernisation et la naissance de nouveaux modèles ». Plutôt que demander une taxe qui ne résoudrait rien, la presse doit miser davantage sur une stratégie d'adaptation grâce à une production d'information plus régulière, la création de comités de rédaction numérique dédiés ou encore des formations spécifiques portant sur l'information en ligne. Mais tout cela a un coût...
Le travail des éditeurs est certainement bouleversé par le numérique en général et la nouvelle économie qui le sous-tend, plutôt que par les services que proposent Google en particulier. Avant de combattre, autant s'assurer que l'on se trouve sur le même terrain : celui du partage de l'information...
Commentaires
Je suis d’accord avec votre article et la réponse apportée, juste deux prolongements sur cette question :
Si je suis bien le raisonnement qui sous-tend la demande de la mise en place de cette taxe Google, la réponse des éditeurs de presse à la question posée dans le titre est affirmative.
Selon eux, Google confisque la valeur créée par leur travail – d’où cet appel au gouvernement. Cependant –et c’est la question que vous posez à la fin de la partie "Don’t be evil", si cette « captation » de valeur est nette, pourquoi est ce que les éditeurs de presse n’envisagent pas le retrait pur et simple ? La question rappelle la situation étudiée par Hirshmann – même si le contexte n’est pas le même. Lorsqu’un bien ou un service perd de sa valeur, il y a, au moins, deux outils possibles pour y remédier : exit (le retrait) ou voice (la plainte). Il semble qu’ici seule la plainte soit envisagée. Or, l’autre alternative - l’exit, soit le retrait de Google News- a apparemment été tentée au Brésil avec un certain succès (cf. le lien que vous avez mis en bas de l’article). De fait, le retrait du moteur de recherche a incité les internautes à aller chercher les informations directement sur les sites des journaux en ligne. Pourquoi -si l'on suit toujours la logique de la réclamation de droits voisins- ne pas prendre le risque ?
Si cette alternative n’est pas conçue pour les éditeurs de presse français, c’est bien, en un sens, implicitement reconnaître qu’ils tiennent à la visibilité que leur accorde Google News.
NB : Il faudrait en réalité distinguer deux cas différents : celui des petits éditeurs de presse (qui sans doute ne survivraient pas à ce retrait) et celui des journaux qui pourraient s’appuyer sur leur notoriété (Le Monde, Libération…)
Un autre point qui n’a rien à voir : sur la conception de la valeur dont il est question ici. La question, posée ainsi, part du présupposé qu’il y a création de valeur -et donc, possibilité de la capter. Mais est ce vraiment le cas ? Comme vous l’avez dit au début de l’article, si une telle création de valeur existe, celle-ci viendrait du traitement de l'information, autrement dit de la propriété de "singularité" propre au document (cf. 7 piliers du document).
Or, comme souligné ici http://bit.ly/SoiW98, les informations des journaux en ligne se recoupent souvent les unes les autres (hormis quelques cas comme Mediapart ou Rue 89).
S’il n’y a pas réellement de création de singularité, cela rejoint votre conclusion, à savoir que le problème ne porte pas sur la confiscation de cette potentielle valeur mais sur le renouvellement du travail des éditeurs.
De même je suis d'accord pour dire que Google ne confisque pas cette valeur ajoutée.
En fait, je pense même que sans Google, la presse en ligne serait moins visible donc moins lue et donc rapporterait moins ( prix de la publicité) à l'entreprise de presse.
Et d'ailleurs poursuivre le raisonnement des éditeurs envers Google, reviendrait à faire payer les sites d'agrégateurs de flux qui eux aussi permettent aux usagers d'avoir l'information sans toujours passer par le site. Ou ce raisonnement s’arrêtera t'il ?
Autre aspect du débat:
Google News n'est pas le seul "moteur de recherche d'actualités". Il y en a d'autres quoique moins importants:
24/24 Actu ( http://www.lemondeinformatique.fr/a... )
Yahoo News ( http://www.courrierinternational.co... - qui fait aussi une analyse de la relation presse-Google).
Très récemment, on a lancé "un moteur de recherche d'actualités" français ( source: http://quoi.info/actualite-economie... ).
Bien sur, ce modèle est loin d'égaler la part de marché de GoogleNews.
Mais cela reste une initiative pour contrer Google News.
Il semble pourtant que ce moteur de recherche est lancé par "Huit des principaux titres de presse français".
Si l'on suit leur logique, ils devraient payer eux mêmes une taxe ?
Il y a quelques années, j'ai travaillé pour une petite agence de presse en ligne, spécialisée dans les nouvelles macroéconomiques. Pour nous, être repris par Google News, ou Google Finance a été toujours une bénédiction. Pour les quelques minutes que notre article se retrouvé sur ces pages, l'achalandage sur notre site Internet explosé, ce qui donné plus des abonnés au fil RSS, partage sur les réseaux sociaux, etc., en bref, plus de revenus pour nous.
Je partage votre solide raisonnement.
Pour répondre à Clémence sur le cas presse.lemoteur.fr, comme se sont des éditeurs qui se sont alliés à Orange pour concurrencer Google on imagine qu'ils ont négociés les droits pour le référencement de leurs propres articles ! C'est une initiative audacieuse d'ailleurs mais je crains que son ampleur reste limitée face à la suprématie de Google News.
Sans diaboliser Google il est intéressant de trouver des solutions sans le géant américain.
Julie l'a dit, il est possible pour les éditeurs de presse de vivre sans être référencés. La majorité des journaux brésiliens l'a fait et n'a eu à subir qu'une diminution de 5% de la fréquentation issue de Google Search. Les internautes se sont en revanche plus souvent rendus sur les sites mêmes des journaux, au lieu de se contenter des titres et des premières lignes des articles. Google semble y avoir perdu une grande part de titres lusophone et donc une partie de sa visibilité en langue portugaise. (http://www.ecrans.fr/La-presse-bres...)
Une telle contre-offensive pourrait être possible dans le cadre de la francophonie mais les éditeurs doivent y trouver leur compte (Cf d'ailleurs le commentaire précédent) puisque rien n'est fait. Pire, certains abandonnent les poursuites judiciaires engagées contre Google en signant des accords avec lui. C'est le cas des éditeurs belges en décembre dernier (http://www.lesechos.fr/entreprises-...). Mais cet accord n'est pas inintéressant puisque Google est disposé à aider les éditeurs à trouver un nouveau modèle économique viable. Les pistes évoquées sont ainsi de référencer les articles payants et d'acheter des espaces publicitaires. Google va-t-il finalement sauver la presse qui se bat avec acharnement contre lui ??!!
Par ailleurs je trouve que Google News est tout à fait adapté à la pratique très actuelle du zapping. Dans la course permanente à la captation de l'attention, l'agrégateur de presse semble adapté aux attentes d'une majorité d'internautes qui n'ont pas envie de décortiquer des sites de presse pas toujours très ergonomiques et pratiques. Dans ce contexte c'est aux journaux de s'adapter à leur public plutôt que de se plaindre de Google. Et comme vous le soulignez, les gros éditeurs de presse sont loin d'être démunis et peuvent ainsi se lancer dans de nouvelles expérimentations afin de trouver un nouveau modèle économique alliant qualité, expertise, adaptation aux nouveaux usages, etc.
Bref Google n'est pas, selon moi, responsable de tous les maux. Mais si on ne le diabolise pas il ne faut pas non plus trop se reposer sur lui, car malgré son hégémonie actuelle qui sait ce que le géant américain sera demain.
Je ne suis pas tout à fait d'accord sur la question de la singularité. La singularité ne porte pas seulement sur le contenu, sur l'information et la manière dont elle est traitée, mais aussi sur la façon dont l'information est présentée (en somme c'est le rapport "Vu, lu, su"). En ce sens, il y a un réel changement entre Google News et le site web d'un journal, vu que Google News propose à l'internaute de personnaliser ses actualités.
Google News est peut-être un plus pour l'internaute. Mais, pour autant, je ne pense pas qu'il confisque la valeur créée par les journaux, mais plutôt qu'elle est mise en valeur sur Google News.
D'autant plus que l'utilisateur de Google News atterrit au final sur le site du journal s'il veut lire l'article, mais du coup, sur une page avec moins d'annonces publicitaires(mais est-ce sûr?), ce qui, et vous le montrez bien, semble être la réelle inquiétude des éditeurs de presse français qui voient le marché de l'attention devenir moins attractif pour les publicitaires, et du même coup font face à une baisse de leurs revenus: c'est une "affaire de gros sous." Mais les éditeurs de presse se trompent peut-être aussi en partie sur ce sujet: je me rappelle avoir fui pendant des mois le site d'un journal français bien connu car un énorme bandeau de pub s'affichait sur la page dès qu'on l'ouvrait et ralentissait très lourdement le navigateur. Ce n'est plus le cas maintenant, mais il me semble que l'abus d'annonces peut aussi être contre-productif pour la presse.
La question de la redistribution est aussi intéressante. Je pense qu'Adam Sofineti dans le commentaire précédent, la révèle en partie: Google News menace peut-être aussi une certaine hégémonie des grands éditeurs en offrant plus de visibilité à de plus petits sites. Il y a deux cas différents, comme l'écrit Julie, et dans cette situation, l'idée d'une taxe paraît quelque peu absurde et laisse à penser qu'il n'y aura pas de discussion équitable possible entre les éditeurs de presse, mais plutôt une domination des gros éditeurs. Le problème est lié à l'hégémonie de Google, qui effraie les éditeurs français, et qui publie les titres sans accord préalable: dans ce cas une solution ne réside-t-elle pas dans des accords individuels entre éditeurs et Google?
Quoiqu'il en soit, votre conclusion me paraît tout à fait juste: la priorité des éditeurs doit être de s'adapter au numérique.
Après la lecture de votre article, et de quelques autres sur ce sujet, il semble en effet qu'un des aspect cette question repose davantage sur la façon d'être de Google (et son hégémonie), et non si il confisque ou pas la valeur créée par les journaux. Je suis d'accord avec vous pour dire qu'il y a une situation de bouc émissaire (j'aime beaucoup votre expression 'grand méchant loup') : faire payer Google pour sauver les éditeurs, plus largement la presse française. L'ambiguïté est présente au sens ou cette "taxe google" traine les pieds (ceci dit, on saura d'ici la fin du mois ce qui sera mis en place) ; il semble aussi qu'il y ait une certaine popularité de se battre avec Google en Europe, http://www.guardian.co.uk/technolog... ; http://www.telegraph.co.uk/technolo... ...
La presse française a sans doute été un peu lente à lancer son service numérique, il y a eu un manque d'innovation et les conséquences se produisent de nos jours. Vous l'écrivez, et je suis d'accord avec Marine : certains éditeurs de presse ont les moyens de monter une meilleure politique numérique...
Je suis également d'accord avec ton point de vue Julie, les éditeurs pourraient pratiquer la politique "exit", mais, comme vous l'avez souligné dans cet article, tout cela est une "affaire de gros sous" et les éditeurs ne tourneraient pas forcément le dos à leur visibilité donnée par Google, en effet.
Merci pour vos commentaires.
Pour étayer votre réflexion, j'aimerais partager un autre point qui me pose question. Je ne crois pas me tromper en disant que si une taxe Google devait être mise en place, elle irait au volet des recettes du budget de l'Etat. Or, un des piliers de la LOLF de 2001 est l'universalité du budget. En d'autres termes il y a interdiction formelle d'attribuer une recette à une dépense. Le revenu de la taxe Google ne pourra donc pas être attribué aux journaux comme une aide, une subvention ou une rétribution quelconque. Qu'y gagnerait les journaux ? Leur volonté est-elle de taxer Google pour taxer Google ? Sachant que Google ne serait pas franchement handicapé par une telle taxe... Si Google confisque la valeur, la taxe n'est pas une solution !
Comme nous l'avons dit dans l'article et comme Adam Sofineti le souligne, je pense que si Google confisque une valeur, il la redistribue entièrement (et au delà) par la visibilité qu'il donne. Si les journaux veulent conserver l'entière prise sur leur contenu, s'affranchir de Google est la seule option (et non la taxe). Après est-ce possible ? Au Brésil cela semble fonctionner ; il n'est pas dit que le contexte français soit favorable. Cela dépend peut-être de l'importance du journal comme le soulignait Julie. En outre, Google est un géant d'où sa position au coeur du débat mais comme le dit Clémence, quid des autres sites ?
Autant d'interrogations qui me font revenir à l'idée que les éditeurs ont meilleur temps de s'adapter ! Qu'en pensez-vous ?
Pour répondre à Aurore sur le premier point :
La « taxe Google » dont il est question n’est pas une ponction directe de l’Etat sur la firme, c’est la mise en place d’un droit voisin au droit d’auteur – comme ce qui existe dans le domaine de la musique et de l’audiovisuel. Donc a priori, on ne se place pas dans le cadre de la LOLF ici : la taxe prélevée alimenterait une société de perception et de répartition chargée de la répartir ensuite entre les éditeurs de presse. Même si comme tu dis, je doute que Google soit réellement handicapé par le poids d’une telle taxe, les journaux eux, percevraient un gain réel.
Donc pas une revendication uniquement motivée par la "punition" gratuite du grand méchant Google...
Merci Julie et au temps pour moi !
Il faut dire que le débat est assez confus puisqu'il s'inscrit au milieu d'un autre contexte : celui de l'éventuelle fiscalisation de l'économie numérique. Outre la "taxe Google" dans le sens d'un élargissement des droits voisins, une imposition plus lourde et plus stricte des géants de l'Internet, dont Google, est envisagée par le gouvernement (qui déplore que Google et ses pairs s'accaparent le contenu produit par d'autres sources, notamment par les internautes eux-mêmes) :
http://www.lesechos.fr/entreprises-...
Par ailleurs, en l'absence d'un arrangement entre les éditeurs et Google au terme des négociations, le Président Hollande a annoncé que la loi pourrait prendre le relais pour mettre en place la taxe.
D'où ma confusion, désolée !
Il me semble que le plus frappant dans tout ce qui a été dit est que Google a vraiment la place d'un bouc émissaire dans ce débat. Comme cela a déjà été souligné plus haut, les éditeurs rencontrent des difficultés et concentrent tous leurs maux sur une société. Or, on ne voit pas très bien pourquoi Google serait plus taxé qu'un individu lambda qui tweet un article intéressant. C'est pour cela qu'on voit apparaître des systèmes de taxe grotesques comme celui mis en place en Irlande (qui remet totalement en question les fondements même de l'Internet!).
Personnellement, j'ai toujours envisagé Google News comme un tremplin pour les journaux, et le commentaire d'Adam Sofineti ci-dessus ainsi que les chiffres de fréquentation le démontrent. Au vu de ces résultats, je pense que le retrait serait un gros risque à courir pour les éditeurs (et c'est d'ailleurs pour cela qu'ils sont aussi frileux). Il est vrai que les personnes connectées ont le réflexe de chercher de l'information presque uniquement via Google : "Google News génère 1 milliard de visites par mois vers les sites repris dans le moteur d'actualités ainsi que 3 milliards supplémentaires via la recherche web classique" (source http://www.webrankinfo.com/dossiers...). Les journaux seraient donc, à mon avis, perdants.
Ma conclusion sera la même que mes camarades : au lieu d'attaquer le géant Google sans réel fondement, les éditeurs devraient plutôt plancher sur les moyens de développer au mieux leur offre en ligne.
Nous avons vu qu’un des modèles du web est la mise en commun des ressources. Si, lorsque l’on cite quelqu’un, la provenance des informations est bien spécifiée, il n’y a pas d’atteinte au droit d’auteur. Pourquoi donc mettre en place une taxe Google alors que le lien renvoie vers le site de l’éditeur de presse ?
Envisageons tout de même la mise en place de cette taxe, qui pourrait paraître légitime pour certains car Google gagne de l’argent à partir de contenus qui ne lui sont pas propres. Cependant, cette taxe semble signer la dépendance des éditeurs à Google, comme l'évoque le Spill. En effet, pour que cela leur rapporte le plus possible, les éditeurs devront fournir toujours plus de contenus à Google. Finalement, leur visibilité et leur audience dépendront uniquement de celui qu’il considère comme leur rival ou ennemi. Ceci contribuera paradoxalement à renforcer le "géant" et empêchera les éditeurs de développer leur solution pour capter l’attention sans passer par un tiers.
La taxe Google ne me paraît pas idéale si les éditeurs souhaitent voler de leurs propres ailes ; au contraire elle semble les enchaîner au "loup-garou". Mais après tout, c'est peut-être ce qu'ils cherchent...
tout comme Aude, je pense que Google News met en valeur la presse.
Et pour répondre à Marine Vdm, je trouve que c'est une bonne idée que les éditeurs s'entendent pour collaborer à la création de presse.lemoteur.fr. Bien sur ce service n'est pas à la hauteur de Google et n'est pas un concurrent. Mais l'idée des éditeurs, prouve qu'ils ont pris le "virage numérique" et que conscients du quasi monopole (je rappelle que Google News n'est pas tout à fait le seul service d'actualité même si c'est le plus important), ils ont décidé d'élaborer une stratégie non pour freiner Google News mais pour se grouper dans une structure qui offre le même service. C'est un peu plus élaboré que de taper sur le "grand méchant loup" sans rien faire contre !
Pour ma part, je pense que ce moteur est une bonne idée, à condition qu'il arrive à se démarquer de Google News, pourquoi pas en proposant certains contenus plus élargis (liens), ou un système de personnalisation ou d'ordre de présentation des résultats. D'ailleurs, ils se démarquent au moins sur la présentation des résultats en distinguant les articles très récents des autres.
d'après cet article du Figaro (http://www.lefigaro.fr/hightech/201... ) , les éditeurs belges ont été déférencés quelques jours, et cela a bien eu pour effet de faire chuter la fréquentation des sites de presse.
cet article de 01.net (http://www.01net.com/editorial/5809...), dit clairement qu'en Allemagne une loi menace Google.
il y'a donc bien déja des ripostes contre le géant Google.
enfin cet article que je trouve très intéressant montre que Google News s'il reste largement dominant pour le moment, ses concurrents ne sont pas à négliger (même si l'article date un peu) : http://www.courrierinternational.co...
Donc vu la situation internationale, je pense que vouloir faire payer Google News serait très risqué tandis que créer un moteur de recherche d'actu me parait être une solution plus sure.
et je continue à me poser la question agrégateurs sur lesquels il est possible d'avoir des informations sans toujours passer par le site de presse (puisque l'info s'affiche sans que l'on aille sur la page de l'éditeur).
Je suis tout à fait d’accord pour dire qu’il est nécessaire à l’édition de s’adapter et que Google, malgré sa position dominante, sert sans doute de bouc émissaire et de cible idéale pour contourner le problème de l’offre de contenu en ligne que propose la presse. En effet, comme l’ont montré le billet et les commentaires précédents, si Google tire partie du marché des annonceurs de ces publications, il en valorise aussi largement les services et de nombreux lecteurs accèdent aux sites propres des journaux après être passés par GoogleNews.
Je m’interroge surtout sur la forme que pourrait la législation à cet endroit, puisque, comme l’a indiqué Julie, il s’agirait à l’heure actuelle de créer une nouvelle forme de droit voisin au profit des éditeurs. Quels sont les enjeux d’une telle modification ? Quelles serait l’étendue de leurs droits et qu’adviendrait –il de la question de la rémunération des journalistes ? Certains dénoncent le faible impact potentiel de ce changement législatif pour Google, qui, après tout pourrait très bien déréférencer les journaux, au regard d’une modification profonde de la conception française de droit d’auteur. Un billet du blog Silex (http://scinfolex.wordpress.com/2013...) s’inquiète en effet des impacts possible de ce projet de loi sur le marché de l’édition de livres : Pourquoi les mêmes droits n’y seraient-ils pas réclamés ?
D’autres modèles de fonctionnement (http://scinfolex.wordpress.com/2012...) existent pourtant pour les journaux en ligne…