17792
Par Jean-Michel Salaun le lundi 08 juin 2009, 13:15 - Bibliothèques - Lien permanent
Depuis l'annonce de sa fermeture, la liste Biblio-fr a 33 nouveaux abonnés (voir ici). Difficile de croire à un média moribond ou dépassé. Les professionnels votent en s'inscrivant.
En alignant les lecteurs réguliers de tous les bibliologues (euh.. biblioblogues, voir ci-dessous commentaire d'Olivier ;-), pages Facebooks, univers Netvibes, abonnés Twitter du petit monde des bibliothèques, on arriverait à combien ? Peut-être en comptant très large 3000 ?
Mais il est bien difficile de l'évaluer, et rien que pour cela, fermer la liste serait absurde.
Commentaires
Si, le média est moribond. Moribond, parce que les outils d'administration des mailing-lists n'ont pas évolué. Moribond parce que la politique éditoriale de biblio-fr n'a pas évoluée (au contraire, elle s'est ouverte avec erreur à la communication territoriale et c'est certainement elle qui a tué les échanges). Moribond parce que le public de la liste (les 17 792 abonnés) ne constituent pas une communauté très homogène contrairement à ce que tout le monde espère. Moribond parce que certainement de très nombreux abonnés ne lisent pas les informations. Moribond parce que le média mail lui-même est devenu pathogène pour beaucoup de ses utilisateurs.
Mais il n'est pas dépassé : il permet oui d'adresser plus de monde que d'autres médias comme ceux que vous citez Jean-Michel, mais avec des implications et des modes de participation bien différents et qui eux ne sont certainement plus adaptés aux besoins.
Pour continuer de faire vivre la liste Biblio-fr, à mon avis, il faut doter la liste d'autres outils pour déporter une partie du contenus ailleurs - mais ce ne devrait peut-être pas être l'objet premier des repreneurs - et faire monter son niveau de modération. A mon avis il faudrait par exemple refuser tout mail d'emploi ou d'annonce d'évènement... et reléguer cela sur des outils mutualisés et dédiés (à l'image de Calendoc), si certains veulent essayer de s'en charger. Mais surtout, continuer à faire vivre Biblio-fr nécessite de faire une modération plus forte sur la liste pour la concentrer uniquement sur des questions mises en débats. Avec un public aussi massif (ce qui est une aberration à mon avis, du à l'ancienneté et à la multiplicité des objectifs que chacun place dans la liste), le seul avenir de la liste est de chercher à le restreindre et à mieux le qualifier.
Mais cela demande de trouver des gens capables de faire cette modération (avec des outils qui sont mal fichus pour faire cela de manière collaborative, le plus souvent), type étudiants en Info-doc ou bibliothèque (pour favoriser le renouvellement annuel par exemple, et éviter un peu l'épuisement que ce travail réclame...) - même s'il semble difficile de faire monter la qualité de la modération avec des étudiants qui peuvent justement manquer d'expérience sur le choix des sujets. La concentration sur les débats et le rejets de nombreux messages devraient également faire chuter le nombre de messages échangés assez rapidement.
Reste à savoir si les bibliothécaires sont capables de faire quelque chose en commun pour sauver le soldat biblio-fr - sans chercher à le sauver pour le sauver ? Une discussion doit avoir lieu ces prochains jours au congrès de l'ADBS je crois. Pour l'instant, force est de constater que la notion de faire des choses en commun a bien du mal à mobiliser les bibliothécaires (pas qu'eux d'ailleurs). ;-) Le web coopératif, il faut le vouloir ;-). Et je ne suis pas certain que ceux qui proposent d'autres outils aujourd'hui aient forcément envie de coopération - voir les commentaires par ici : http://bibliotheques.wordpress.com/... - à tous les moins pas n'importe lesquelles.
Mais vouloir conserver la liste juste pour l'effet d'aubaine du nombre de personne qui y sont inscrites (17 792, c'est bien cela Jean-Michel) me semble justement participer de confondre le but et les moyens... Et surtout ne pas vouloir voir que le nombre d'abonné ne fait qu'agréger des diversités qui auront du mal à trouver des modalités de partage communes.
Pour ma part, j'ai tendance à penser que la mort de Biblio-fr est une bonne chose qui devrait permettre de passer à d'autres choses. La seule chose qui m'inquiète toujours, c'est de ne pas voir (ou trop peu) d'initiatives communes émerger, alors qu'on sait depuis longtemps que les initiatives individuelles finissent pas s'épuiser. Mais c'est là aussi des questions d'absence de structures porteuses...
Hubert, (trop rapide)
Bonjour Hubert,
Le moins que l'on puisse dire est que ne suis pas très convaincu par les arguments. Ils se retournent très facilement :
Les outils d'administration des listes sont d'une grande robustesse et simplicité. L'ouverture au territorial rend compte à la fois de la diversité et de l'implantation des bibliothèques. L'hétérogénéité de la communauté est au contraire sa richesse (cela me fait frémir que l'on ne puisse imaginer la communication que dans des groupes homogènes !). Qui lit tous les articles d'un journal, tous les billets d'un blogue, tous les liens d'une page Netvibes ou d'un fil Twitter ? Le mail est encore un média très utilisé, surtout dans la communauté des bibliothécaires (question pathogène, il y aurait beaucoup à dire sur bien des utilisations des outils Web 2.0 !).
Aucun de ces arguments ne dessine un média moribond sinon pour ceux qui courent derrière l'innovation. Attention à l'effet de loupe : il y a non pas une fracture, mais une béance entre les quelques geeks et l'ensemble des professionnels de l'information.
Le nombre d'abonnés n'est pas un effet d'aubaine, mais bien le signe d'un très réel besoin à la fois pour la diffusion d'informations, pour des débats qui dépassent les initiés, même s'ils perdent parfois de leurs pertinences.
Pour ma part, je pense que le discours très différent que l'on lit sur la liste et sur les blogues depuis le message de Sara et Hervé, marque surtout le décalage entre les promoteurs du Web 2.0 et le monde réel et quotidien des bibliothèques. L'intérêt de Biblio-fr est de maintenir le lien en n'oubliant personne sur le coté. Il y a dans ces protestations comme un dépit de n'avoir pas ou plus le contrôle du discours que l'on peut maintenir dans les médias individuels.
Jean-Michel > lapsus calami amusant : tu as écrit "En alignant les lecteurs réguliers de tous les bibliologues" au lieu de "biblioblogues". Les biblio-blogueurs seraient-ils des sciento-logues de biblio-fr ? Le discours-logos (comme espace critique) se serait-il effectivement déplacé depuis biblio-fr vers la biblio-logie des bibliologues blogueurs ?
Allez, hop une tisane, une assonance et au lit ;-)