Economie du document (Bloc-notes de Jean-Michel Salaün)

Repérage de données sur l'économie des documents dans un environnement numérique

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mercredi 07 novembre 2012

SV:1 / WS:0, financement campagne Obama vs Romney

Tout le monde souligne le rôle de Twitter et de l'internet dans la dernière élection américaine (par ex ici ou )

En observant le financement de la campagne, on constate aussi que l'élection de Barack Obama est une victoire de la Silicon Valley sur Wall Street.

Financement-ObamavsRomney.jpg Source, analysé aussi par le JdN

à méditer.

mardi 06 novembre 2012

La redocumentarisation en 50 diapos

Beaucoup à dire sur ce diaporama de Mary Meeker de mai dernier, mais ce sera pour le cours. Pour ce billet, je retiens déjà une merveilleuse illustration de la redocumentarisation (baptisée de façon imprécise par l'auteur re-Imagination) sur 50 diapositives. La première et la dernière :

Mary-Meeker-1.jpgMary-Meeker-2.jpg

En passant, entre autres, par :

Mary-Meeker-4.jpg Mary-Meeker-5.jpg

L'ensemble est là (diapos 33 à 84) :

KPCB Internet Trends 2012

mercredi 31 octobre 2012

COurs Ouverts Pour Tous (COOPT) et documens

Récemment la question des cours en ligne a rebondi avec la mise en place par de grandes universités américaines de cours ouverts en ligne (MOOC pour Massive open online course, synthèse et analyse critique de H. Guillaud et pour une synthèse des recherches sur l'intégration du numérique dans l'enseignement supérieur voir le dossier de l'Ifé sur le sujet). La différence avec la période précédente est dans l’alliance des mots massive et open. L’idée est de s’adresser à l’ensemble du public connecté et intéressé par le sujet par une mise en ligne de ressources librement accessibles et aussi d'offrir la possibilité de s'inscrire pour avoir un encadrement, une évaluation et une certification, selon le principe du freemium. On peut y voir une politique généreuse, une industrialisation de l'éducation ou une habile stratégie de marketing, quoi qu'il en soit ces initiatives rebattent les cartes de l’offre de cours en ligne.

Avant d’entamer une discussion, suggérons déjà une traduction qui, sans modifier le concept d’origine, reflète mieux la relation francophone à l’éducation : COurs Ouverts Pour Tous, soit un sigle à la consonance évocatrice : COOPT.

Retour aux documens

Laurentius de Voltolina vers 1350 (Yorck Project - Wkm Com) Les lecteurs assidus de ce blog le savent depuis longtemps (pour les autres la séance de rattrapage est ici), le mot "document" vient du vieux français documens, lui-même dérivé du latin doceo (enseigner), qui signifiait, entre autres, les leçons données par le professeur à ses élèves, souvent un livre lu à l'ensemble de la classe, commenté et discuté. Il est remarquable de constater que depuis le Moyen-âge, et sans doute même auparavant, le dispositif de la classe a perduré dans les écoles et les universités. Tout comme le livre, dans sa forme codex, résiste, la classe est toujours là malgré le temps qui passe et les très nombreuses transformations de la société. Pour l'un comme pour l'autre, il ne faut pas y voir un anachronisme, un conservatisme des institutions et de leurs clercs, comme on le lit souvent, mais plutôt un hommage rendu par l'Histoire à la robustesse et l'efficacité des deux dispositifs.

Pour autant, il serait bien stupide de ne pas considérer aussi l'apport des innovations documentaires, dans leurs dimensions sociales et techniques. L'imprimerie a fait progressivement entrer le manuel dans les classes, autorisant la lecture simultanée et le travail scolaire asynchrone, favorisant par là la démocratisation du savoir. Le numérique ouvre la voie à d'autres innovations documentaires, inscrites dans un autre moment de l'Histoire, qui renouvellent en les retrouvant les documens du Moyen-âge, par l'accès immédiat à la lecture audiovisuelle comme textuelle et la possibilité du commentaire, transformant le rapport maître-élèves, dans son espace-temps documentaire, dans sa représentation, son interaction, et facilitant, de plus, la vérification et la consultation immédiate du patrimoine documentaire.

Reste que l'apprentissage suppose une tension entre le maître et l'élève (où le premier joue pour le second le rôle du passeur d'un savoir construit avant lui) et entre les élèves (où l'émulation et la co-construction facilite une appropriation entre pairs complémentaires). La classe est un des lieux privilégiés de l'exercice de cette tension. Tout l'enjeu pour le numérique, qui, plus encore que l'imprimerie, bouscule l'espace-temps documentaire, est de savoir comment ne pas perdre la tension en profitant au maximum des nouvelles performances documentaires. Même si le numérique favorise le partage spontané, l'échange d'expérience, il ne réduit pas pour autant la difficulté de l'apprentissage qui n'est pas une simple affaire de spontanéité.

Vers des COOPTs

Il existe déjà dans l'enseignement supérieur francophone nombre de cours accessibles en totalité ou en partie en ligne. Mais il s'agit la plupart du temps de conférences enregistrées en vidéo, de diaporama et de documents divers mis en ligne sans interaction avec les apprenants. Si le professeur est suffisamment captivant, la tension peut se manifester. Mais on en voit les limites et, de plus, on a perdu la tension entre pairs. De telles mises en ligne sont sans doute moins utiles qu'un bon manuel. Leur avantage est essentiellement économique : il s'agit basiquement d'un produit dérivé de l'université ou du professeur simple à décliner en ligne. Les MOOCs suivent le même raisonnement, avec un souci plus fort mis sur la pédagogie. Ils permettent un accès au plus grand nombre de cours, souvent de grande qualité, présentés, par ailleurs, en présentiel pour les étudiants de l'université. Il est possible aussi de s'inscrire pour pouvoir obtenir un encadrement de base et en cas de réussite des crédits. C'est une sorte d'hybride entre la simple mise en ligne et le elearning traditionnel.

Inversement, l'enseignement à distance dispose d'une longue tradition qui a permis d'en mesurer les apports et aussi les limites. Mais il s'agit souvent de dispositifs lourds, très scénarisés et donc difficilement reproductibles, et verrouillés pour protéger leur économie. Les plateformes installées dans les universités sont issues de cette tradition et peu opérantes dans un environnement ouvert.

Les universités de la francophonie ont un rapport différent à la démocratisation du savoir que les universités anglophones d'Amérique du nord. Il me semble qu'elles devraient proposer une réponse adaptée à leur culture au défi des MOOCs. Les COurs Ouverts Pour Tous (COOPT) pourraient fournir des ressources en ligne et un accompagnement plus fort, reconstruisant la tension du documens sans pour autant exploser les budgets en temps ou en moyens des universités. D'une part, il faut proposer à chacun une interactivité autorisant des échanges plus enrichissants entre apprenants et avec le(s) professeur(s) dans la lignée d'une université populaire. D'autre part, l'encadrement des étudiants inscrits au cours doit pouvoir utiliser au mieux les facilités de la gestion de l'espace-temps numériques documentaires pour se réaliser entièrement à distance en synchrone ou asynchrone.

Aujourd'hui, les outils ne manquent pas, depuis les classiques fermes de blogs, wikis, services bibliographiques, co-écritures en ligne, plateformes d'échanges diverses, jusqu'aux Google hangouts, twitter etc. Ce sont comme autant de briques d'un jeu de lego. L'astuce est de les choisir et les articuler au mieux pour construire une pédagogie cohérente en phase avec le contenu à transmettre. Il faut évidemment éviter de s'enfermer dans un environnement unique et verrouillé qu'il soit commercial ou institutionnel ou même idéologique pour pouvoir facilement évoluer. Enfin, l'objectif est aussi de capitaliser sur les années en profitant des interactions recueillies pour améliorer les cours. Et donc de garder la maîtrise complète de l'archivage du contenu.

Il existe déjà, ici ou là, des expériences. Pour être plus concret, j'en citerai deux sans prétendre qu'elles soient les plus pertinentes (les commentaires sont ouverts pour en présenter d'autres). Je n'ai pas fait d'enquête sur le sujet. Il s'agit de séminaires qui recherchent une cohérence entre un fonctionnement autour d'un noyau de discutants et une interaction ouverte sur l'extérieur en articulant des outils variés :

  • Culture Visuelle d'A. Gunthert qui fonctionne comme un séminaire ouvert, comprenant à la fois un noyau d'habitués, des étudiants de l'EHESS et une large ouverture à tous les intéressés par sa thématique.
  • Le webinaire Pédauque que nous avons mis en place (dont la prochaine séance est le 8 novembre) qui associe un blog, Google hang-out, un pad et twitter.

Un COOPT transatlantique

Le mieux pour avancer sur ces idées est l'expérimentation. Le cours sur l'économie du document, que j'ai donné en ligne depuis plusieurs années et dont ce blog est un élément, a toujours été librement accessible en ligne. Nous avons donc déjà une petite expérience à la fois de l'ouverture et de la pédagogie en ligne. Mais jusqu'à présent l'interaction au-delà des étudiants inscrits au cours était limitée. Début 2013, le cours va reprendre. La formation sera toujours proposée entièrement en ligne, cette fois dans un dispositif transatlantique : conjointement par l’École nationale supérieure de Lyon (master Architecture de l’information) et l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’université de Montréal (maîtrise en sciences de l’information). Le modèle sera toujours celui du freemium.

Nous allons pour ce cours utiliser des outils simples, accessibles pour tous, peu couteux pour l'établissement, sans montage technique lourd, ni temps pédagogique étendu à l'infini, comme ceux signalés plus haut. Voici ci-dessous, pour conclure, un autre petit exemple de ce que chacun peut aujourd'hui réaliser sans moyen particulier avec simplement un peu d'astuce et de bricolage documentaire sur le web aujourd'hui. A gauche, il s'agit de l'enregistrement d'une conférence que j'ai donnée à l'automne de l'année dernière à l'université du Cléo. Son sujet est encore tout à fait pertinent dans le cadre du cours Economie du document du printemps prochain. A droite, on retrouve les diapositives de la conférence que chacun peut annoter. Ainsi les étudiants, inscrits ou non au cours, peuvent réagir, poser des questions, commenter, discuter entre eux en intervenant directement sur les diapositives et le professeur peut leur répondre. L'ensemble permet de constituer une séance de COOPT, à condition, bien entendu, d'être placée dans une démarche pédagogique maîtrisée et intégrée dans un programme. Ce n'est pas non plus la panacée, mais cela me parait plus prometteur que ce que j'ai pu entrevoir des expériences de MOOCs jusqu'à présent.

Tout cela doit être expérimenté, testé en vraie grandeur. C'est ce que nous ferons au trimestre prochain. Mais vous pouvez déjà annoter les diapositives ci-dessous. Cela nous permettra d'avancer et d'améliorer le dispositif.

05-11-2012

Pour qui douterait encore de l'actualité du sujet :

Pappano, Laura. « Massive Open Online Courses Are Multiplying at a Rapid Pace ». The New York Times, novembre 2, 2012, sect. Education / Education Life.

16-11-2012

Qqu'un qui exprime mieux et plus concrètement que moi les enjeux de la classe inversée :

« Classes inversées, Flipped Classrooms … Ca flippe quoi au juste ? » Blog de M@rcel, novembre 7, 2012.

mardi 30 octobre 2012

Introduction aux sciences de l'information gratuit du 31 oct au 4 nov 2012

Introduction aux sciences de l'informationDu 31 octobre au 4 novembre, à l'occasion du congrès des milieux documentaires du Québec et de leur 50ème anniversaire, les Presses universitaires de Montréal proposent le livre Introduction aux sciences de l'information en téléchargement gratuit à partir de leur site.

Et une pensée particulière pour les collègues québécois : attachez vos tuques, ça va souffler !

lundi 29 octobre 2012

Google et la presse : le déplacement de valeur n'est pas où on le croit

Beaucoup de bruit en ce moment en France autour des relations entre Google et la presse et le projet de taxer la firme pour alléger les pertes accumulées du secteur. On trouvera ici un bon résumé de la position ambigüe des journaux français dans cette affaire.

Pour amener ma petite pierre, voici deux points supplémentaires qui, curieusement, n'ont pas été évoqués et pourtant se trouvent au centre de la question.

Combien Google-news rapporte-t-il à Google ?

Dans un billet publié, il y a deux ans, j'avais relayé ce début de réponse : on peut s'interroger sur la motivation réelle de la firme à développer un service qui ne lui procure pas de revenus directs puisqu'il n'y a pas de publicité sur les pages du service. La réponse vient d'être donnée par Marissa Mayer, responsable des recherches sur les produits et les usages de la firme à un déjeuner du journal Fortune qui la résume ainsi (trad JMS) :

Google News est gratuit et n'a pas de publicité. Alors combien rapporte-t-il à Google ? Environ 100 millions de $. (..) Le géant en ligne compte sur Google-News pour orienter les lecteurs vers le principal moteur de recherche de Google, où ils font des recherches qui, elles, génèrent de la publicité.

What’s Google News worth? $100 million, Fortune, 22 juillet 2008 (ici) repéré par Abondance ().

(...) Il n'y a bien évidemment aucun monopole possible de Google sur la capacité de traitement des pages des journaux, mais une rentabilité certaine, si l'on en croit les chiffres indiqués, d'un service qui reprend la classification et le filtrage réalisé par les journaux, y adapte la puissance de traitement sémantique de la firme, et ne demande in fine qu'une maintenance légère.

Depuis les techniques de personnalisation se sont développées. Google-news propose de réaliser par filtrage son propre journal. On peut penser que, par ce biais, Google peut affiner ses techniques de ciblage publicitaire, ce qui est un apport supplémentaire du service, encore peu développé il y a deux ans.

Qu'est-ce que la presse traditionnelle apporte à Google ?

Les journaux français mettent en avant l'apport en contenu de la presse et donc la possibilité pour Google d'enrichir sa base sémantique par leur traitement. La réalité est moins évidente. On s'en convaincra en consultant le webinaire que nous avons réalisé avec Franck Rebillard.

J'en tire les éléments suivants :

  • La seule entreprise de médias à laquelle Google paye pour l’information (en France), c’est l’AFP. Pas seulement en raison du risque de procès. Google a besoin de l’AFP pour connaître en amont ce que vont être les sujets les plus importants de la journée.
  • Il y a une forte redondance de l'information dans les médias traditionnels. Les traitements différents proviennent souvent des pure players (Médiapart, Rue89) ou de blogs.
  • Face au web, le traitement de l'information a tendance à s'accélérer dans les médias traditionnels et les stratégies de référencement ont un impact certain sur la rédaction des articles de presse.

Ainsi, il n'est pas vraiment sûr que la presse apporte grand chose à Google. Le service qui a une vraie valeur ajoutée pour lui est l'AFP et, là, la transaction commerciale a été négociée. Rien de plus logique.

Donc en résumé : 1) Google-news permet à Google de maintenir l'internaute sur ses sites en l'incitant à des recherches sur le moteur et nous savons combien cela est conforme à l'évolution générale du modèle Google (ici pour l'interprétation du CA, pour la logique générale expliquée à partir de l'exemple du KnowledgeGraph) ; 2) La presse traditionnelle n'amène pas grand chose à Google, sinon peut-être sa légitimité, c'est-à-dire le capital de son image de marque. Le principal apport provient des agences de presse.

Même si on peut comprendre la nervosité des journaux face à la santé financière de Google, on peut penser que le combat mené aujourd'hui est décalé par rapport à la réalité des faits.

Voir en complément : B. Raphael, « Google contre les éditeurs de presse: au bal des hypocrites ». La tribune, 29 oct 2012 .

01 nov 2012

Il y a des signes qui ne trompent pas :

«  Crise de la presse : même Superman jette l’éponge !- Etreintes digitales », 29 oct 2012

05-11-2012

Voir aussi :

The press, Google, its algorithm, their scale F Filloux 4 nov 2012

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