Le Bulletin des bibliothèques de France a eu la très bonne idée de faire un dossier intitulé La permanence du papier, titre ambigu à la réflexion.

En réalité, le numérique a inversé le rôle du papier. C'était le lieu de la permanence, de la mémoire consignée. Aujourd'hui la mémoire est dans nos ordinateurs et la « sortie papier » sur l'imprimante est bien souvent destinée à finir rapidement à la corbeille, juste le temps d'une lecture confortable. Le papier est devenu un terminal biodégradable et sa consommation a explosé avec les ordinateurs.

Un article provocateur, titré Demain le choc ?, de Pierre-Marc de Biasi, grand connaisseur du sujet, montre l'impasse économique de cette tendance. L'argument est simple. La consommation de papier est parallèle à l'enrichissement des nations. Alors :

.. la Chine comptera 1,5 milliard d’individus vers 2015. À raison de 250 kg de papier par habitant, cela donnera une consommation annuelle de combien ? 375 millions de tonnes, soit un peu plus que la consommation totale de la planète aujourd’hui. Comme il est peu vraisemblable que le reste du monde change beaucoup ses habitudes, nous devons donc nous attendre au minimum à un doublement de la production du papier et si c’est le cas, n’en doutons pas, le choc écologique sera considérable.

Ajoutons que le processus de redocumentarisation en cours accroit encore l'explosion. Ainsi, l'encre électronique ou ses substituts ouvrant la voie à une lecture confortable sur support pérenne sont aussi nécessaires que les énergies renouvelables..