Papier : terminal biodégradable ou biodégradant ?
Par Jean-Michel Salaun le lundi 31 juillet 2006, 09:19 - General - Lien permanent
Le Bulletin des bibliothèques de France a eu la très bonne idée de faire un dossier intitulé La permanence du papier, titre ambigu à la réflexion.
En réalité, le numérique a inversé le rôle du papier. C'était le lieu de la permanence, de la mémoire consignée. Aujourd'hui la mémoire est dans nos ordinateurs et la « sortie papier » sur l'imprimante est bien souvent destinée à finir rapidement à la corbeille, juste le temps d'une lecture confortable. Le papier est devenu un terminal biodégradable et sa consommation a explosé avec les ordinateurs.
Un article provocateur, titré Demain le choc ?, de Pierre-Marc de Biasi, grand connaisseur du sujet, montre l'impasse économique de cette tendance. L'argument est simple. La consommation de papier est parallèle à l'enrichissement des nations. Alors :
.. la Chine comptera 1,5 milliard d’individus vers 2015. À raison de 250 kg de papier par habitant, cela donnera une consommation annuelle de combien ? 375 millions de tonnes, soit un peu plus que la consommation totale de la planète aujourd’hui. Comme il est peu vraisemblable que le reste du monde change beaucoup ses habitudes, nous devons donc nous attendre au minimum à un doublement de la production du papier et si c’est le cas, n’en doutons pas, le choc écologique sera considérable.
Ajoutons que le processus de redocumentarisation en cours accroit encore l'explosion. Ainsi, l'encre électronique ou ses substituts ouvrant la voie à une lecture confortable sur support pérenne sont aussi nécessaires que les énergies renouvelables..
Commentaires
Pour la Chine, la logique est enclenchée. De Biasi peut être rassuré :o) Des programmes très ambitieux de livres électroniques sont en cours dans le monde scolaire, ils sont basés sur des écrans dits 'bistables', de type encre électronique.
N'est-il pas un peu périlleux d'aborder indistinctement toutes les filières du papier ? La filière graphique n'est qu'une petite partie. Les emballages, les cartons, l'hygiène, représentent des masses plus importantes que le papier d'imprimerie des livres et journaux, me semble-t-il...
Quant au papier d'imprimante et de photocopieurs, j'ai decouvert un jour qu'il n'était pas comptabilisé dans la filière graphique ce qui semble assez logique finalement puisque les filières désignent les moyens de production et non les finalistés d'usage. Si l'on s'en tient au seul papier d'imprimante, les évolutions sont bien plus vertigineuses que celle qu'indique l'auteur de l'article.
Pour ma part, je classe le papier d'imprimante dans la catégorie 'emballage'... Emballage de textes électroniques : jetable, comme tout emballage !