J'ai déjà eu l'occasion de signaler deux paradoxes qui fondent à mon sens l'économie du document numérique. Le premier (cité ici) confronte bien public et marchandise, le second conversation et trace.

On peut en repérer un troisième, qui expose le caractère textuel et linéaire d’un document traditionnel, ou même la perception globale d'une image, aux compétences calculatoires de l’informatique. Je le rédigerais ainsi :

Le Web facilite conjointement la lecture linéaire de documents par le plus grand nombre de personnes et leur traitement sous forme de données discrètes par le plus grand nombre de machines.

Les hommes lisent, les machines calculent.

Les moteurs de recherche se sont construits sur ce paradoxe. Aujourd’hui de très importants efforts de recherche et de normalisation sont réalisés dans ce qu’il est convenu d’appeler, à la suite de Tim Berners-Lee, le « Web sémantique », qui exploite cette caractéristique en utilisant les capacités de calcul des machines interconnectées, individuelles ou institutionnelles.

Demain, bases de données, la littérature scientifique, laboratoires seront reliés par des logiciels autorisant toutes sortes de traitement. Aussi nous ne sommes sans doute qu’au tout début de ce que certains appellent déjà l’e-science. Mais aujourd'hui déjà pour le grand public la cartographie numérique, depuis Google-earth jusqu'aux GPS, est une bonne illustration d'une spectaculaire résolution du paradoxe.

Ces trois paradoxes concernent la diffusion (premier), l'enregistrement (deuxième), et le traitement (troisième), de quoi dynamiser un média..