TechCrunch relate deux polémiques qui ont éclaté récemment aux US à propos de services Web 2.0 et me semblent très illustratrices de questions socio-techniques posées aujourd'hui dans le Web2.0 :

- La première concerne le service Facebook qui permet de se présenter, donner ses goûts, faire des liens avec la présentation de ses amis etc. Son objectif est de faciliter, de trouver ou retrouver des relations.. Il semble très utilisé par les étudiants. La polémique s'est développée suite à une nouvelle fonctionnalité qui actualisait automatiquement les mises à jour sur le profil des amis. Cette fonctionnalité a été perçue comme une atteinte à la vie privée. Notons que rien n'était changé dans la politique sur les données privées, simplement la visibilité et la rapidité d'accès à des données déjà accessibles avaient été améliorées. Mais le changement semble avoir trop bousculé la "viscosité" des relations sociales qui s'étaient installées dans le service.

- La seconde concerne Digg, sorte de revue de presse dont les informations sont classées par le vote des utilisateurs, et rappelle les débats incessants qui entourent Wikipédia etde bien plus vieux débats sur les "gatekeepers". La question est de savoir si des groupes organisés peuvent manipuler le classement ;

De plus en plus clairement, les problématiques touchent la coïncidence ou non de l'organisation algoritmique et l'organisation sociale, ou, pour l'analyse, des relations entre les Sciences et techniques de l'information et de la communication (STIC en France) et les Sciences humaines et sociales (SHS), ou plus généralement du monde de la technique et de celui des humanités. Une des questions posées est la temporalité différente du technique et du social qui rend délicate l'adaptation. Dans certains cas, le technique (il faut comprendre ce terme comme la fonctionnalisation par les ingénieurs du social qu'ils imaginent) est plus rapide que le social qu'il "viole" en quelque sorte (première polémique), dans d'autres les différences de vitesse sont inversées (seconde polémique).

Les exemples ici concernent le temps court. Mais les difficultés sont aussi sérieuses dans les temps longs. Les investissements lourds dans les technologies se programment sur plusieurs années, voir une décennie. Les changements sociaux ont aussi de fortes inerties. De ce point de vue, la courbe du cycle de vie des innovations est toujours très parlante.