Ce billet m'a été inspiré par une communication d'Alan Marshall, directeur du musée de l'imprimerie de Lyon, à une journée de l'Association québécoise pour l'étude de l'imprimé.

On a l'habitude d'évoquer les trois révolutions du livre (Gutenberg, l'ère industrielle, la dématérialisation) en hésitant parfois sur le terme (livre ou imprimerie), mais si on raisonne en terme d'imprimé et non de livre, ce découpage est trompeur.

À partir de l'imprimé, A. Marshall propose une autre périodisation, j'adapte ici le vocabulaire à ma compréhension : l'âge du livre (Gutenberg au 19è), l'âge de la presse (19è), l'âge de la paperasse (20è) et j'ajouterais volontiers l'âge des fichiers (21è). Ce découpage me paraît très fertile et en phase avec l'évolution des techniques de l'écrit, et celle de l'organisation documentaire en relation avec le social.

Nous démarrons par l'ordre des livres où l'imprimé dominant est bien le codex ; puis la presse grand public s'installe avec l'imprimerie industrielle, la rotative, et l'organisation des États modernes ; avec le développement explosif du commerce et de l'État-providence, contrats, factures, formulaires, circulaires, bordereaux, réclames (la paperasse) envahissent le monde du travail et de l'administration tandis que les machines à imprimer se font plus légères et permettent les petits tirages ; enfin le numérique explose avec la redocumentarisation, une nouvelle modernité et la composition et l'impression mise à la disposition de tous par l'intermédiaire du réseau et des ordinateurs personnels.

Il y aurait aussi beaucoup à explorer sur l'évolution de la typographie et du graphisme concomittante et A. Marshall nous a invité à aller plus loin avec quelques exemples pris dans la collection du musée.

Reste qu'il y a sans doute une limite physique à la dernière, à moins de se passer de la sortie d'imprimante.