Bibliothèques et impression à la demande
Par Jean-Michel Salaun le vendredi 12 janvier 2007, 07:15 - Bibliothèques - Lien permanent
Intéressantes réflexions d'un bibliothécaire de l'université de Californie, Peter Brantley, sur l'engagement des bibliothèques dans l'impression à la demande de livres. En voici un résumé très schématique :
Il fait remarquer que les bibliothèques ayant de plus en plus à gérer des entrepôts importants de documents numériques et particulièrement de livres du domaine public, il est logique d'envisager des systèmes d'impression à la demande.
Pour un tel service, une qualité de numérisation est indispensable, qualité non-atteinte par le Google Book Search Program auquel collabore son université, qui oriente plutôt ses efforts sur la recherche d'information et la navigabilité.
Il est nécessaire alors de s'orienter vers d'autres collaborations ou partenaires, commerciaux ou non.
Ces réflexions sont une nouvelle illustration de l'entrecroisement des initiatives et de l'évolution du positionnement des bibliothèques.
Repéré par P. Suber
Commentaires
Jean-Michel,
Il me semble que dans la bonne ville de Lyon, un partenariat de ce type avait été monté, il y a quelques années déjà, entre la bibliothèque municipale et Librissimo. Sauf erreur de ma part, la bibliothèque confiait à Librissimo le service de numérisation sur des volumes choisis par elle, Librissimo était autorisé à les réimprimer pour en faire son affaire, et la bibliothèque obtenait en retour une copie numérique de l'ouvrage.
Il y a une ambiguité importante sur le terme 'impression à la demande'. S'il s'agit réellement de réaliser des *livres* dignes de ce nom (choix suffisamment varié sur la qualité de papier et du format, de la reliure, du carton de couverture et de son impression couleur), alors le terme 'Print on demand' est abusif à mon avis : il s'agit dans ce cas de petites ou de très petites séries. Les machines d'Océ, Xérox & Co restent des mécaniques lourdes et complexes. Le changement de papier, de format, etc. nécessitent des réglages qui rendent une impression unique hors de prix. Mais les petites séries y sont envisageables.
Il serait plus correct de parler de photocopies reliées et emballées : papier standard, reliure à dos collé, format massicoté à partir du A4, couverture relativement standardisée (sachant qu'il faudrait dans ce cas, numériser la couverture en qualité couleur et on y trouvera immanquablement les code-barres et les cotes installées par la bibliothèque...) ou alors couverture standard également. Dans ce cas et dans ce cas seulement, oui, un exemplaire unique est possible, pour le prix des photocopies et de la reliure. J'en réalise assez souvent. Ça marche bien, c'est abordable, c'est de la véritable 'impression à la demande' mais... ce n'est pas un *livre* !
Un mot pour souligner ce propos de Peter Brantley : "(...) the quality of the images delivered to libraries is uneven, and certainly not archival. Without belaboring the details, it is fair to say that Google's effort is focussed on the indexing of the texts to power discovery, and a marred display image is an acceptable compromise to make in order to reach the magnitudes of digitization necessary to make the operation - an industrial one in scale - sustainable."
On ne peut dire plus clairement que le service fourni Google est bien la *recherche* de livres... La chaine de numérisation a été qualibrée pour obtenir une qualité juste suffisante pour une indexation acceptable. Et si par accident, la numérisation est défaillante sur quelques pages du livre, une réimpression en serait parfaitement invendable. En revanche, l'indexation probabiliste et la fouille sur les mots clés du livre ne devraient en être trop affectés par un tel défaut. Le service *Book Search* resterait dans des limites de qualité acceptables.