L'économie de Facebook
Par Jean-Michel Salaun le vendredi 05 octobre 2007, 01:04 - Web 2.0 - Lien permanent
Voir aussi ce billet qui montre que trois ans plus tard les questions restent les mêmes, malgré le succès public du réseau.
TechCrunch signale (ici) un diaporama qui synthétise remarquablement le phénomène Facebook. À mettre en relation avec ces billets : ici, ici et là.
FaberNovel Consulting, Facebook: the “social media” revolution, A studyand analysis of the phenomenon, Paris, 3 oct 2007, Pdf
J'en ai extrait les deux diapositives ci-dessous :
Quelques remarques rapides qui mériteraient plus amples réflexions :
- Facebook serait évalué à un peu moins de 70 fois son CA.. un chiffre astronomique. Mais les analystes financiers ne sont pas à un délire près comme le montre cet autre billet de TechCrunch.
- Autre élément intéressant, le sponsoring serait la base du financement du réseau. Le problème du sponsoring, c'est qu'il ne s'agit pas d'un marché très stable, ni dans les intentions des acheteurs, ni surtout dans la réalisation des prix.
- Troisième point, bien connu mais qui fragilise les médias classiques, les prix de la publicité sont très bas. Ce sont les micro-paiements qui sont semble-t-il visés.
Ce tableau qui plaide pour une nouvelle métrique pour mesurer la valeur de l'économie de l'attention dans les réseaux sociaux est en même temps l'aveu que le marché actuel de la publicité ne permet pas de les financer. L'avenir dira s'il est réellement possible de le restructurer
Commentaires
Les trackbacks étant fermés. Je me permets de reproduire une partie de mon billet :
Je pense que facebook est un média à part entière et permet une interopérabilité autour d’outils web 2.0 qui ne cesse de s’améliorer.
De plus sa puissance réside effectivement dans l’économie de l’attention et les usagers de Facebook ne le démentiront pas, le réseau peut être chronophage notamment parce qu’il y a de plus en plus d’applications diverses et variées mais aussi car l’information fonctionne par mémétisme.
De ce fait les possibilités publicitaires me semblent inespérées à plus d’un titre :
- Premièrement, Facebook permet d’envisager une personnalisation de la publicité accrue grâce notamment à la somme d’informations mise à disposition par les usagers eux-mêmes.
- La seconde offre des dimensions de diffusion publicitaire virale inespérée grâce notamment au mémétisme.
- Troisièmement, les systèmes de recommandation publicitaires vont pouvoir s’y greffer facilement avec rétribution à la clef pour les usagers les plus influents.
- Quatrièmement, Facebook glisse peu à peu vers l’identifiant universel et permet de centraliser l’ensemble de l’information en un lieu ce qui constitue une mine avec laquelle Google ne peut pas rivaliser.
- Cinquièmement, Facebook est basé sur la communication avant la recherche d’informations. Le modèle n’est pas celui du consommateur mais celui de l’acteur qui diffuse et communique même si cela reste phatique. Cela correspond aussi à la tendance actuelle de l’Internet et des futures générations qui préfèrent bidouiller que d’analyser l’information.
- Sixièmement, Facebook se transforme en OS. Google n’y est pas vraiment parvenu, mais Facebook s’y approche. Dès lors bientôt les services de vidéos à la demande et même la diffusion gratuite d’émissions de télévision, de radio ainsi que la presse en ligne passeront par ce biais et partageront les recettes publicitaires.
- Septièmement, un modèle économique est d’autant plus viable que vous faites travailler les autres gratuitement. La multitude d’applications développées contribue à son succès. Facebook s’inscrit dans la lignée de la stratégie économique du web 2.0.
Finalement, une nouvelle fois, la question n’est sans doute pas là. La modèle économique de Facebook c’est qu’il contient tous les modèles possibles.
Dans notre Arcadie, Facebook c’est le trésor de Rennes-le-Château et tant qu’il y aura des gens pour y croire…
Le problème est probablement autre qu’économique : que fait l’institution ?
En effet, pourquoi ne pas développer de telles applications couplées avec des plateformes en ligne (genre moodle), des plateformes de blogs (Elgg) voire des plateformes de diffusion de l’information pédagogique et scientifique (Dspace) dans nos universités, Ecoles et administrations ?
JM, tu as vu ça?:
radar.oreilly.com/researc...
Merci Michel pour la référence.. il semble que l'économie de Facebook enrichisse au moins les éditeurs.. et les organisateurs de colloque :
graphingsocial.com/
Olivier,
Il manque à votre analyse la réalité de la construction des marchés.
Le marché publicitaire s'appuie sur des chemins bien balisés qui nécessitent notamment un consensus sur les mesures pour construire des prix de marché conformes à des résultats mesurables. Cela ne parait être aujourd'hui le cas.
Pire encore pour votre allusion à un OS, MS a fait sa fortune en vendant son OS lié aux ordinateurs. On ne voit vraiment pas une valorisation économique concrète de l'OS pour Facebook.
Sans doute Facebook est une formidable réussite technosociale. Mais cette réussite sera éphémère si elle ne trouve pas une économie plus convaincante. Cela n'est pas impossible. Google l'a montré sur le marché publicitaire avec adwords, mais cela reste encore, sauf erreur de ma part, à prouver pour les réseaux sociaux.