Quand j'ai traversé l'Atlantique pour m'installer au Québec, il y a maintenant deux ans, je n'avais qu'une connaissance lointaine de l'archivistique. J'en ai découvert la richesse à Montréal où elle est très vivante, tout particulièrement dans la prise en compte des documents actifs et semi-actifs, avec, par exemple, des outils comme le calendrier de conservation. On trouvera ici un document de l'EBSI sur la terminologie de base en archivistique avec une bibliographie. Ceci m'avait amené à constater les relations avec le développement des bibliothèques numériques et à proposer (ici) un néologisme, plus ou moins heureux pour les puristes de la langue, mais que je crois très parlant : archithèque.

Aussi, j'ai applaudi des deux mains, quand j'ai pris connaissance de cette communication :

Ross Seamus, Digital Preservation, Archival Science and Methodological Foundations for Digital Libraries, ECDL 2007. Pdf

Extraits (trad JMS) :

En réfléchissant aux bibliothèques numériques, on s'aperçoit rapidement qu'elles sont peut-être bibliothèques de nom, mais archives de nature. Le contenu qu'elles accueillent est, pour l'essentiel, unique et n'a pas vraiment besoin d'être détenu ailleurs car les services en réseau font qu'il peut être offert n'importe où et n'importe quand à partir d'une source unique. Quand les usagers accèdent à ce contenu, ils s'attendent à pouvoir lui faire confiance, vérifier son authenticité (mais pas nécessairement sa fiabilité), ils demandent la connaissance de son contexte de création et des preuves de sa provenance. Il s'agit des procédures connues de l'archivistique dont le cadre théorique a été développé et a été mis en pratique dans la conception, la gestion et l'utilisation des fonds. (..) (p. 4-5)

Je suggèrerais, avec modestie, que les bibliothèques numériques adoptent une position théorique. Comme je l'ai suggéré plus haut la science des bibliothèques est dépourvue de fondements théoriques et des connaissances de base pertinentes pour le monde touffu du numérique. L'archivistique, avec ses principes d'unicité, de provenance, de classification et de description, d'authenticité, d'évaluation et ses outils comme la diplomatique pourrait nous donner un cadre pour une fondation théorique des bibliothèques numériques. (..) (p. 10)

Mais je regrette de n'y trouver cité aucun auteur québécois. Au moment où la ville de Québec s'apprête à recevoir, les 11-17 novembre, la Conférence internationale de la Table ronde des archives (CITRA), il serait peut-être temps que l'archivistique québécoise se rende plus visible et plus ambitieuse. Sinon, elle risque de passer à côté d'enjeux dont on vient de voir l'importance, alors même qu'elle dispose, me semble-t-il, des atouts pour jouer en première ligne.

Actu du 9 juin 2008

Seamus Ross sera à partir de janvier 2009 le nouveau doyen de la Faculté des sciences de l'information de l'Université de Toronto (ou plutôt de la Faculté d'Information, puisque tel est son nouveau nom : Faculty of Information), un apport de qualité pour les Canadiens.