JM Jolion me signale par courriel une pétition qui circule en France contre une tendance inquiétante de l'agence d'évaluation nationale à ne pas considérer au même niveau les publications scientifiques en anglais ou en français des chercheurs.

Trois raisons principales y sont données pour la défense des publications en français : 1) Les financements publics et donc l'accessibilité des résultats au contribuable ; 2) L'enseignement et les manuels ; 3) L'apprentissage d'une langue seconde.

Des Québécois en cette période de discussions sur le bilinguisme ajouteraient sans doute simplement la vitalité de la langue qui pour sa survie doit embrasser l'ensemble des activités humaines.

Pour ma part, je crois que l'essentiel est ailleurs : la diversité des langues participe aussi à la diversité des points de vue scientifiques. Il y a bien une informatique, une sociologie, une philosophie.. françaises qui n'ont pu se déployer que dans un environnement en français. Ce point est encore plus sensible dans les discussions et les échanges interdisciplinaires, pour y avoir participé je peux en témoigner.

Et la publication en français confère, s'ils en prennent la mesure, un avantage concurrentiel certains aux chercheurs qui maîtrisent un tant soit peu les deux langues : ils ont accès à la recherche internationale comme tous, mais ont par ailleurs les résultats et la sensibilité de leur communauté propre. Sur cette dimension d'ailleurs les Québécois devraient être particulièrement bien placés, mais, du moins dans les limites du domaine que je connais, ils ne l'exploitent que très peu.

Le même raisonnement est évidemment valable pour toute langue se déployant dans une civilisation suffisamment riche. Et les pays asiatiques ne se privent pas d'en jouer. Pour le dire plus pompeusement, une société qui maîtrise son ordre documentaire, et au premier chef les documents qui l'éclairent sur son avenir, s’appelle tout simplement une civilisation.

La pétition est ici.