L'évolution du chiffre d'affaires de Google est pleine de leçons au-delà du sens de la pente globale toujours aussi fascinante.

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(Diaporama du 3ème trimestre 2008 ici)

Tout d'abord, on constate que la timide avancée des ressources hors-publicité (rouge) du trimestre précédent ne s'est pas vraiment confirmée au troisième trimestre de 2008, à surveiller. Ensuite, une tendance lourde se poursuit : la proportion du chiffre d'affaires réalisée par les sites propres de Google gagne régulièrement du terrain, si l'on s'en tient aux troisièmes trimestres de chaque année, cela donne :

  • 2005 : 56%
  • 2006 : 60%
  • 2007 : 65%
  • 2008 : 66%

Croisons cela avec la remarque faite tout récemment chez Bloomberg (informations financières, 20 oct 2008) par E. Schmidt, directeur financier de Google, à propos de la crise financière :

Nous sommes tous vulnérables. C'est une course entre la réduction de la publicité, qui nous affectera tous, et la bascule très positive vers l'internet.

Donc le gâteau publicitaire global se réduit, mais la part de l'internet dans ce gâteau grossit. À l'intérieur de cette part, la place de Google continue à croitre et dans la part de Google la place de la régie (celle qui redistribue une part aux autres joueurs) diminue. Il s'effectue donc non pas un transfert de valeur publicitaire en faveur de Google (de l'extérieur vers l'internet), mais deux (le premier + la place dominante prise par la firme sur l'internet), et même trois (le premier + le deuxième + la proportion des Google.com dans le CA de la firme).

Sur ce troisième transfert, il faut aussi constater que le déplacement se fait vers de nouveaux types de captation d'attention : sur les requêtes des internautes, sur le courrier, sur la géolocalisation et demain sur la bureautique, la lecture de livres, etc. Cette captation de la valeur publicitaire est donc totalement perdue pour les médias traditionnels, y compris dans leur passage sur le Web, qui en bénéficiaient autrefois. On ne saurait mieux montrer, une nouvelle fois, que nous assistons bien à la naissance d'un média d'un nouveau type.

Nous sommes tous vulnérables, mais certains sont plus vulnérables que d'autres, pour paraphraser G. Orwell (Wkp)

Complément 15 mn plus tard

Une autre façon de prendre la même question :

Guillaud Hubert, Le web centripète, InternetActu, 28 oct 2008.

Et quelques heures après

Accord de Google avec les éditeurs US sur les livres épuisés qui accroit encore la capacité de captation de l'attention de la firme. Voir, par exemple, le billet d'Olivier.