Presse vs Google, bataille pour la monétisation de l'attention
Par Jean-Michel Salaun le vendredi 11 décembre 2009, 10:38 - Cours - Lien permanent
On sait que les tensions montent actuellement entre la presse et Google, notamment à la suite du changement de position de R. Murdoch, patron de News Corps vis-à-vis de Google et plus généralement de la gratuité en ligne. On en trouvera un bon résumé chez Didier Durand :
Didier Durand, “Presse écrite et Internet: discrépance léthale ?,” Media & Tech, Décembre 7, 2009, ici.
Il est intéressant aussi de lire la position du directeur financier de Google :
Eric Schmidt, “Opinion: How Google Can Help Newspapers,” wsj.com, Décembre 1, 2009, sec. Commentary (U.S.), là.
Mais, l'interview qui me parait la plus révélatrice est celle-ci :
L'entretien du responsable du Monde interactif a été réalisé à la suite d'une rencontre houleuse entre un représentant de Google et des représentants de la presse française. Pour bien comprendre l'enjeu, il est utile de se reporter aux modalités de ventes de adwords et à la position de Google sur ce marché (ici). L'intégralité du débat commenté est consultable sur OWNI ici. Contrairement à ce qu'on lit sur la plupart des blogues, y compris sur celui-là, le problème n'est pas tant la gratuité, qui n'est après tout pour la presse qu'un prix comme un autre dans un marché bi-face, que la valorisation commerciale de l'attention. Ici la valeur peut se créer par l'amont ou par l'aval du processus de communication mais elle ne se vend qu'à un seul marché : les annonceurs.
C'est une très belle illustration de la séance 3 du cours sur l'antagonisme entre la logique économique de diffusion et celle de l'accès (voir ici les diapos 3 à 11 ou alors sur ce blogue ces deux billets là et là).
Commentaires
C'est effectivement la valorisation de l'attention des internautres par le côté annonceurs qui fait problème et pas la gratuité au niveau de l'accès pour les internautes. Le Net est un rouleau compresseur d'efficacité qui lamine le prix unitaire d'une visite par rapport au monde physique: il faut être à mon avis "né dedans" pour avoir une structure de coûts permettant d'y rester prospère.
Encore une fois, c'est pour moi l'exemple canonique des théories de C. Christenssen dans "The Inoovator's Dilemma".
cordialement
[merci pour la citation]
didier