On ne peut me reprocher d'être complaisant avec Google. Néanmoins cela n'exclut pas d'être lucide sur les campagnes de presse et effets de mode. On assiste depuis quelques temps à des attaques ciblées, et vraisemblablement concertées, contre la stratégie de Google. Il est ironique de voir que Microsoft, honnie par les tenants de l'Open Source, en profite pour se refaire une virginité, comme l'avait justement prévu T O'Reilly (ici).

La puissance de Google est son financement exclusivement publicitaire, construit sur la maîtrise des données de navigation, mais c'est aussi son talon d'Achille. C'est évidemment là que l'on enfonce le clou. Un bon exemple est cet article qui vise à présenter Chrome OS en insistant lourdement sur ses dangers pour les libertés. Je ne prétends pas qu'il n'y ait pas danger, mais de là à faire de Microsoft un parangon des libertés..

Hugo Lunardelli, “Chrome OS, le PC killer de Google,” IT Channel.info, Décembre 12, 2009, ici. Repéré par JM Billaut qui l'encense.

Extraits de la conclusion :

Google cherche à bousculer le modèle de développement d'applications en « ringardisant » les applications natives et en faisant d'HTML le graal de tout développeur qui se respecte. Ce faisant, il s'attaque frontalement non seulement à Microsoft mais également à Apple et à Linux.

Le netbook Chrome OS sera un terminal intelligent, financé par la pub, qui consolidera les données de millions, voire si Google arrive à ses fins, de milliards d'utilisateurs sur ses serveurs.

Dans cette hypothèse pessimiste, le PC aura vécu. Le mouvement d'émancipation de l'individu vis-à-vis du site central, à l'origine du PC dans les années 70, aura finalement perdu la bataille après 40 ans de bons et loyaux services. Nous serons tous des utilisateurs de Google Inc., hormis quelques idéalistes accrochés à leurs vieilles lubies.

Entendons-nous bien. Je ne soupçonne évidemment pas Google de visées machiavéliques dissimulées. Je dis simplement qu'à partir du moment où la possibilité existe techniquement d'exercer un contrôle efficace sur une population, la plupart des régimes totalitaires ne manqueront pas de s'en servir.

Sans vouloir verser dans l'emphase, on se trouve avec Chrome OS devant un véritable choix de société. Quoique l'on pense d'une société comme Microsoft, même au sommet de son influence il y a une dizaine d'années, jamais l'éditeur n'avait représenté une menace quant à la confidentialité et au contrôle des données personnelles, comme c'est malheureusement le cas ici avec Chrome OS.

Après tout, Microsoft est la société qui voulait placer un PC dans chaque foyer, un des piliers de la révolution du PC. En poursuivant ses intérêts commerciaux, en cherchant à affaiblir Microsoft, Google propose une plateforme qui me pose problème dans son approche comme dans ses implications potentielles.